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Économie - Compte rendu

Le spectre terroriste ne hante pas encore le tourisme

Si les attentats de lundi dernier ravivent les craintes de tout le pays, les professionnels du secteur touristique refusent de céder à une panique potentiellement lourde de conséquences pour leurs affaires.

La part conséquente d’expatriés libanais parmi les clients encore attendus expliquerait en partie le relatif optimisme des professionnels. Archives AFP

Quatre jours après une série d'attentats-suicide menée dans le village de Qaa, le 27 juin, qui ont fait cinq morts (sans compter les huit kamikazes tués) et 28 blessés, le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, a tenu à saluer, vendredi, sur les ondes de la radio la Voix du Liban (100.5) « l'efficacité des services de sécurité qui ont permis de contenir la situation ». Il a surtout assuré que « le Liban reste une destination attractive ». Une intervention attendue par les professionnels du secteur qui réalisent, selon le ministère du Tourisme, environ 50 % de leur chiffre d'affaires annuel entre juillet et septembre.

Cette nouvelle dégradation de la situation politico-sécuritaire en période estivale – renforcée par l'annonce, jeudi dernier, de l'échec de projets d'attaques du groupe État islamique (EI) contre « un grand site touristique ainsi qu'une zone résidentielle densément peuplée » déjoués par l'armée – a de fait interrompu une période de relative accalmie en la matière depuis le double attentat-suicide mené par l'EI à Bourj el-Barajneh, le 12 novembre 2015. Celui – non revendiqué – perpétré le 12 juin contre le siège de la Blom Bank à Verdun relevant, selon toute vraisemblance, d'un autre contexte. Une situation d'autant plus inquiétante pour le secteur que ces attaques ont été précédées ou suivies par des rumeurs, véhiculées depuis plusieurs semaines par des messages sur les réseaux sociaux, d'autres attentats imminents sur des sites touristiques. « Ces rumeurs infondées nuisent à la stabilité du Liban », déclare à ce propos le secrétaire général de la Fédération des syndicats touristiques Jean Beyrouthi.

(Lire aussi : Pharaon : La route de l'aéroport est sûre, grâce aux efforts de l'armée)

Optimisme relatif

Si tous les acteurs du secteur interrogés par L'Orient-Le Jour partagent cet avis et refusent de céder à la panique, leurs anticipations sur les conséquences immédiates de cette situation divergent. Pour M. Pharaon, « ces événements n'ont que peu d'impact sur les vols à destination du Liban, mais il est encore difficile d'en mesurer les conséquences sur le secteur hôtelier ». S'agissant des vols vers Beyrouth, le président de l'Association des agences de voyages et de tourisme au Liban (Attal), Jean Abboud, table pourtant – en attendant les chiffres définitifs – sur « 10 à 15 % » d'annulation pour la semaine du 27 juin, principalement de la part de touristes européens. Or « les compagnies aériennes avaient prévu d'assurer jusqu'à 25 % de vols supplémentaires pour répondre à la demande pendant l'été », se désole-t-il. Une situation d'autant plus dommageable selon lui que les agences libanaises continuent de subir une baisse des revenus issus des ventes de billets – de 14 % en glissement annuel à fin mai – malgré une hausse (+ 7,2 % sur la même période) du nombre de voyageurs transitant par l'Aéroport international de Beyrouth. Et qu'elles doivent également s'attendre à des annulations de billets à destination d'Istanbul, suite à l'attentat-suicide perpétré à l'aéroport international Atatürk le 28 juin.

Du côté des hôteliers, on espère un maintien du taux de réservation qui a « atteint 80 % pour la fête du Fitr et 70 % pour les semaines suivantes », selon M. Beyrouthi. « Les choses se tasseront assez vite s'il n'y a pas d'autre incident », souligne ainsi le président du syndicat des hôteliers du Liban, Pierre Achkar. Deux facteurs expliqueraient cet optimisme relatif des professionnels. D'abord, la part conséquente d'expatriés parmi les clients encore attendus. « Ces derniers ont effectué 60 % des réservations dans les hôtels et sont conscients des aléas lorsqu'ils retournent au pays », note M. Beyrouthi. Ensuite, le court délai qui sépare la résurgence de la menace terroriste de la haute saison. « Les places sont plus chères et plus rares en été, qu'il s'agisse de réserver dans un hôtel ou d'acheter un billet d'avion, et la plupart des voyageurs préfèrent prendre le risque de venir quand même plutôt que de tirer un trait sur leur séjour », indique M. Achkar.
En attendant de voir l'évolution de la situation sécuritaire et son impact sur les réservations, tous les professionnels insistent enfin sur la nécessité d'aider les pouvoirs publics à renforcer la sécurité dans les lieux publics. « Nous avons validé vendredi avec le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk les mesures que les restaurateurs peuvent prendre – fouille des sacs à l'entrée des établissements, contrôle des véhicules dans les aires de stationnement – pour pallier tout imprévu », précise par exemple le président du syndicat des propriétaires de restaurants, Tony Rami.



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LA LIBRE EXPRESSION

18 h 40, le 04 juillet 2016

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  • C,EST COMME ATTIRER LEUR ATTENTION...

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    18 h 40, le 04 juillet 2016

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