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À La Une - justice

"Biens mal acquis" : Rifaat el-Assad inculpé à Paris

Entendu une première fois en 2015, l'oncle du président syrien avait répondu que les fonds venaient du prince héritier et futur roi Abdallah d'Arabie saoudite dans les années 80.

Photo d'archives de Rifaat el-Assad datant de mai 2005. Photo AFP

Un château, un haras, des hôtels particuliers... La fortune immobilière de Rifaat el-Assad, oncle du président syrien Bachar el-Assad, lui vaut d'être inculpé en France, où la justice le soupçonne d'avoir utilisé des fonds détournés pour acquérir ces biens.

Ancien vice-président de Syrie, Rifaat el-Assad, aujourd'hui âgé de 78 ans, est le frère de l'ancien président Hafez el-Assad, qui l'avait écarté du pouvoir dans les années 80. Il vit depuis en exil, partageant sa vie entre la Grande-Bretagne, la France et l'Espagne.

Le 9 juin, il a été inculpé à Paris pour recel de détournement de fonds publics, blanchiment, ainsi que travail dissimulé pour des salaires d'employés non déclarés et payés en liquide, selon une source proche de l'enquête. Il fait, depuis, l'objet d'un mandat d'amener.

L'enquête avait débuté après les plaintes déposées en 2013 et 2014 par l'ONG Sherpa, spécialisée dans la défense des victimes de crimes économiques et à l'origine de plusieurs enquêtes sur des "biens mal acquis" en France par des responsables étrangers. Dans un communiqué, l'association s'est félicitée mardi "de l'avancée des investigations judiciaires s'agissant de l'un des principaux anciens dignitaires du régime syrien".

Rifaat el-Assad est soupçonné de s'être bâti une fortune considérable grâce à l'argent issu de la corruption et de détournements de fonds en Syrie. Dans un rapport de 2014 dont l'AFP a eu connaissance, les enquêteurs des douanes estimaient à environ 90 millions d'euros la valeur globale du patrimoine immobilier détenu en France par Rifaat el-Assad et sa famille, au travers notamment de sociétés luxembourgeoises. Ils avaient identifié quatre épouses officielles et une dizaine d'enfants.

L'inventaire comprenait un château et un haras dans la banlieue parisienne et plusieurs biens immobiliers dans les quartiers les plus riches de Paris, dont deux immeubles et un hôtel particulier dans la célèbre avenue Foch, ou encore des bureaux à Lyon (centre-est). Des biens acquis entre 1984, année de son arrivée en France avec sa suite, et 1988, selon les enquêteurs.

"Important train de vie"
Entendu une première fois en 2015, Rifaat el-Assad avait répondu que les fonds venaient du prince héritier et futur roi Abdallah d'Arabie saoudite dans les années 80, tout en assurant n'avoir pas géré lui-même ces acquisitions. Il avait assuré ne rien connaître aux affaires financières. "On m'apporte des papiers pour signer et je signe". "Je ne sais pas payer, même le restaurant", avait-il dit selon des propos rapportés à l'époque à l'AFP par une source proche du dossier.

Mais aux yeux du juge, Rifaat el-Assad ne fournit qu'un justificatif pour un don de dix millions de dollars en 1984, "sans rapport avec sa fortune actuelle et son important train de vie", qui ne peuvent "s'expliquer que par des ressources occultes très importantes", a affirmé à l'AFP une source proche de l'enquête.

Rifaat el-Assad a longtemps été le bras droit de son frère aîné Hafez (père du dirigeant actuel Bachar). Accusé d'avoir mené la sanglante répression contre les Frères musulmans et notamment l'assaut sur la ville syrienne de Hama en 1982, il était tombé en disgrâce et avait été contraint à l'exil deux ans plus tard.

L'instruction, qui est menée par le juge financier Renaud van Ruymbeke, fait écho à d'autres affaires dites de "biens mal acquis", visant trois chefs d'Etat africains.
Des magistrats enquêtent depuis décembre 2010 sur les conditions dans lesquelles le président du Congo, Denis Sassou Nguesso, son homologue de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema, et le défunt président gabonais Omar Bongo ont acquis un important patrimoine immobilier et mobilier en France.
Le parquet financier a requis le 26 mai le renvoi en procès du fils du chef de l'Etat équato-guinéen, Teodorin Nguema Obiang récemment promu "vice-président chargé de la défense et de la sécurité".
Par ailleurs, une enquête préliminaire pour "crimes contre l'humanité" a été ouverte en France à l'automne pour des exactions commises par le régime du président syrien Bachar el-Assad entre 2011 et 2013.

 

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