Daraya a reçu son premier convoi alimentaire depuis 2012, mais...

Pour la première fois depuis le début du siège de Daraya, en 2012, cette ville a reçu, hier, son premier convoi alimentaire. Une aide que les habitants, affamés, attendaient avec impatience, mais qui n'a pu être distribuée à cause des bombardements incessants du régime contre cette ville proche de Damas.

Plus de 8 000 personnes vivent à Daraya. Le 1er juin, une première livraison d'aides avait été effectuée, mais elle ne contenait pas de denrées alimentaires, au grand dam de la population condamnée à se nourrir de quelques légumes et de feuilles d'arbres. L'arrivée des camions du Croissant-Rouge contenant des vivres est tombée à point nommé, quatre jours après le début du ramadan.

« La plupart des gens ici, qui ont l'habitude de jeûner pour le ramadan, le font. Mais c'est très dur, à cause de la chaleur et du manque de nourriture en général », confie l'un des responsables du conseil local de la ville, contacté via Facebook par L'Orient-Le Jour. « Avec les aides, je pense que cela va aller mieux. Même si nous n'avons reçu que 180 colis de nourriture, suffisants pour 2 400 personnes, alors qu'il y en a presque le triple à Daraya. Les gens devront compter sur l'agriculture », poursuit-il.

Pour les habitants, le compte n'y est en effet pas, car si l'Onu considère qu'il y a 4 000 habitants à Daraya, le conseil local assure que c'est le double qui y réside. Selon l'AFP, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a fait état « d'un mécontentement » à Daraya. « Ils nous ont promis que d'autres convois suivront », confie le responsable local à L'Orient-Le Jour.

(Repère : Largages humanitaires: une opération complexe et risquée)

Neuf camions
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha) s'est réjoui de son côté du fait que de l'aide alimentaire ait pu entrer à Daraya pour la première fois depuis 2012 et a assuré que « l'Onu continuait à réclamer l'accès inconditionnel et sans entrave (aux zones assiégées) partout en Syrie ». Jeudi, l'Onu avait annoncé avoir obtenu une autorisation du régime pour envoyer de l'aide humanitaire dans trois localités assiégées, près de Damas. Mais Douma et Moaddamiya, elles, attendent encore leur tour.

Les habitants de Daraya ont été avertis du convoi humanitaire la veille de son entrée dans la ville. Jusqu'au dernier moment, rien n'était sûr à 100 %, puisque l'Onu devait attendre l'accord final de Damas. Alors que leur arrivée était normalement prévue pour hier après-midi, les neuf camions sont finalement entrés dans la ville assiégée vers 22h. Outre les produits alimentaires, dont des aliments secs et des sacs de farine, de l'aide non alimentaire comme des produits d'hygiène et du matériel médical a été livrée. « Nous n'avons pas pu procéder à la distribution auprès de la population car il y a eu des largages de barils d'explosifs (44 au total) toute la journée », précise le responsable local, qui espère pouvoir les distribuer aujourd'hui, dans la journée.

Depuis plusieurs jours déjà, Daraya est soumise à une intensification des frappes de l'aviation du régime. Du 27 février jusqu'au 8 juin, aucun baril d'explosifs n'avait pourtant été largué. Plusieurs zones agricoles ont été délibérément et totalement rasées ces trois derniers jours par les forces de Bachar el-Assad. En fin de soirée, hier, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a exprimé son « indignation » devant le bombardement de Daraya en pleine distribution d'aide humanitaire. « C'est bien à une duplicité extraordinaire du régime (syrien) à laquelle nous assistons », a-t-il commenté lors d'une conférence de presse à New York.

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