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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

L’angoisse et le refoulement

L'angoisse est l'état d'âme le plus difficile à supporter pour l'être humain. Elle se présente en crise, s'impose au sujet par des signes cliniques qui ne trompent pas, signes cliniques d'allure cardiaque qui amène le sujet à vouloir consulter tout de suite un cardiologue. Palpitations, sueur, oppression thoracique, impression de mort imminente, signes cliniques que le sujet vit sans savoir ce qui lui arrive. Elle se distingue de la peur par le fait qu'elle n'a pas d'objet. Si on peut s'enfuir devant l'objet qui provoque la peur, devant l'angoisse on est paralysé car on ne peut pas s'enfuir devant soi-même. D'où le caractère impossible de l'angoisse. Avant d'être un objet d'étude pour la psychologie, puis pour la psychanalyse, l'angoisse fut un objet d'étude pour la philosophie, particulièrement la philosophe existentialiste.
Pour l'existentialisme, l'angoisse est angoisse du néant, angoisse de la Liberté. Elle est au cœur de l'existence humaine dont elle révèle le fond. Rappeler le point de vue philosophique sur l'angoisse, c'est dégager l'angoisse de sa seule dimension pathologique. Cela est nécessaire aujourd'hui, car l'angoisse n'est plus que l'objet d'une psychiatrie qui la range parmi les troubles mentaux. Non pas qu'on doive oublier sa dimension clinique, mais rappeler qu'il n'y a pas que ça. Et même si on l'aborde d'un point de vue psychanalytique, comme on va le faire, il est important de ne pas oublier sa dimension existentielle.
Freud fut très vite confronté à la clinique de l'angoisse. Au début, il pensait que c'était le refoulement qui provoquait l'angoisse. L'angoisse était considérée comme le résultat d'un refoulement des pulsions sexuelles, le produit d'une insatisfaction. Freud considérait que les pulsions sexuelles, notions essentielles pour sa pratique et sa théorie, étaient au centre de l'édifice psychanalytique. Si elles sont refoulées, combattues et réprimées, cela provoquait l'angoisse. Avec l'expérience et la nouvelle topique (ça, moi, surmoi), Freud changea de perspective. Ainsi, en 1926, dans Inhibition, symptôme et angoisse, ouvrage majeur, Freud renversa sa première hypothèse : c'est l'angoisse qui est le moteur du refoulement, le refoulement ayant pour fonction de soulager le sujet de son angoisse. Ce remaniement mettait en évidence le fait que le refoulement était un mécanisme de défense, et précisément un mécanisme de défense contre l'angoisse.
Le second pas fait par Freud était de considérer l'angoisse comme ancrée dans l'enfance, l'angoisse chez l'adulte n'étant qu'un réveil de celle de l'enfant. L'angoisse chez l'adulte est un signal d'angoisse, qui va indiquer au sujet qu'elle est analogue à une situation ancienne ayant déjà constitué un danger interne, une angoisse. Signal d'angoisse, angoisse a minima en quelque sorte, rappelle au sujet qu'il a vécu une angoisse analogue dans son enfance. Cette situation ancienne refoulée, oubliée, mettait en conflit les pulsions du sujet et un interdit émanant de la part des parents. Dans l'enfance donc, les interdits parentaux s'opposaient aux pulsions sexuelles, et l'angoisse qui découlait de ce conflit obligeait l'enfant à refouler ses pulsions en intériorisant les interdits parentaux. Cette intériorisation des interdits parentaux va constituer une instance intrapsychique qui reproduira ces mêmes interdits : le Surmoi.
Les pulsions sexuelles de l'enfance sont réparties, grosso modo, en quatre stades : le stade oral, anal, phallique et génital.
À chaque stade, l'enfant est confronté à des poussées pulsionnelles qu'il lui est difficile de faire taire. Il refoulera, autant que faire se peut, ces poussées pulsionnelles. Il préfère y renoncer grâce à l'amour que lui donnent les parents. Et ce sera ainsi jusqu'à l'âge de 6/7 ans, où le refoulement sera total chez le garçon : inceste et parricide seront ainsi définitivement oubliés. Chez la fille, comme on l'a déjà vu, le désir de faire un enfant au père maintiendra une brèche dans la muraille du refoulement.
Ainsi, lorsque chez l'adulte, un signal d'angoisse apparaît, qui rappelle l'angoisse vécue dans l'enfance, un mécanisme de défense se met en place. Propre à chaque structure, structures qu'on verra plus loin, un mécanisme spécifique jugulera l'angoisse. Et si le mécanisme de défense ne suffit pas, les symptômes apparaissent.

L'angoisse est l'état d'âme le plus difficile à supporter pour l'être humain. Elle se présente en crise, s'impose au sujet par des signes cliniques qui ne trompent pas, signes cliniques d'allure cardiaque qui amène le sujet à vouloir consulter tout de suite un cardiologue. Palpitations, sueur, oppression thoracique, impression de mort imminente, signes cliniques que le sujet vit sans...

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