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Liban - Décryptage

Washington appuie la stabilité au Liban, mais...

Après une visite de travail aux États-Unis, où il a rencontré les principaux responsables sécuritaires, le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim est rentré à Beyrouth avec le net sentiment que Washington appuie fermement la stabilité du Liban. Le fameux parapluie international qui protégerait le Liban est donc toujours en place.
Mais cela ne signifie pas pour autant que les Libanais ne doivent rien faire pour éviter les tensions. Cela ne signifie pas non plus que la guerre économique et financière menée par Washington contre le Hezbollah, considéré comme une organisation terroriste, va être suspendue ou mise en veilleuse. L'administration américaine dissocie en effet les deux dossiers. La stabilité du Liban n'est pas, à ses yeux, dépendante de la décision d'assécher les sources de financement des organisations terroristes, dont le Hezbollah. Elle reste toutefois une nécessité non seulement pour la région, mais aussi pour l'Europe.

Le Liban est ainsi considéré comme le dernier bastion contre l'extension de Daech vers la mer, sachant que cette organisation terroriste a clairement exprimé son intention, à un moment ou à un autre, de conquérir un accès sur la mer, le Liban étant à ses yeux le plus facile à atteindre. Si les combattants de Daech parviennent à avancer au Liban en direction de la Méditerranée, notamment au Nord, comme cela avait été évoqué à plusieurs reprises, notamment par le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, le Liban serait alors comme la Libye : une zone incontrôlable et une source inépuisable de réfugiés fuyant par mer l'instabilité, l'horreur et la guerre vers les côtes européennes toutes proches. Les tragédies successives des embarcations remplies de réfugiés qui coulent dans la mer est un traumatisme pour les populations européennes et un cauchemar pour les gouvernements européens qui sont tenus au devoir de secours, mais qui, en même temps, ne veulent pas accueillir les réfugiés dans leurs pays respectifs. Pour cette raison, et peut-être pour d'autres moins claires, les États-Unis, et avec eux la communauté internationale, sont catégoriques sur la volonté de maintenir la stabilité au Liban, qui passe, à leurs yeux, par l'appui concret – en équipements et en échange d'informations – à l'armée et aux services de sécurité et par l'encouragement à dynamiser les institutions étatiques.

C'est dans ce contexte que la communauté internationale a salué l'organisation des élections municipales, alors que le Conseil de sécurité vient de rappeler l'importance pour le Liban de se doter d'un président, dans le but de relancer le fonctionnement de l'État. Selon une source diplomatique occidentale, l'idée serait de profiter de l'élan suscité par l'organisation de ces municipales pour tenter d'aboutir à un accord au sujet de la présidentielle. Mais, en dépit de l'optimisme affiché par certains milieux politiques libanais, la source diplomatique précitée reste plus réservée. Selon elle, il est clair que la tendance régionale est à l'escalade et à l'exacerbation des tensions. La trêve en Syrie est plus que fragilisée et les négociations sur le processus politique piétinent. Ceux qui sont en contact avec les dirigeants saoudiens rapportent la détermination de ces derniers à poursuivre la confrontation avec l'Iran sur tous les fronts et avec tous les moyens disponibles. Ils n'ont toujours pas accepté, assure cette source, la signature de l'accord sur le nucléaire iranien et ils veulent à tout prix stopper ce qu'ils considèrent comme « l'hégémonie iranienne » sur le monde arabo-musulman. Même « la vision 2030 » élaborée par l'émir Mohammad ben Selmane, qui est censée être un programme pour la modernisation des institutions du royaume, serait destinée à affronter l'Iran. De son côté, ce pays ne compte pas se laisser faire, et se prépare lui aussi, à sa manière et avec ses moyens, à la confrontation. Les deux scènes militaires de cette confrontation entre l'Iran et l'Arabie sont le Yémen et la Syrie, et le Liban, lui, reste une scène de confrontation politique.

Mais cela n'exclut pas la possibilité de dérapages sécuritaires, et c'est cela que voudrait éviter la communauté internationale, en demandant aux autorités libanaises d'assumer leurs responsabilités, en leur rappelant surtout que la stabilité restera fragile et précaire si les institutions publiques ne fonctionnent pas pleinement. C'est le sens du communiqué publié le 25 mai par le Conseil de sécurité à l'occasion du deuxième anniversaire de la vacance présidentielle.
Les derniers règlements de comptes entre Baalbeck et Ersal sont en tout cas l'indice que le feu couve sous la cendre. Ce n'est pas tant le fait que Hussein Hojeiry ait été tué par le père du soldat liquidé par le Front al-Nosra, avec la complicité supposée de certains Hojeiry, qui constitue un indice de tension confessionnelle. Des vendettas de ce genre peuvent se produire dans ces régions encore tribales. Mais c'est surtout la réaction des tribus chiites de la région, dont les membres sont venus féliciter les Hamiyé pour leur acte et célébrer ainsi « la justice rendue », qui montre à quel point la division est désormais profonde entre les sunnites et les chiites du Liban. Même si la situation reste contrôlée par l'armée et les services de sécurité et même si le secrétaire général du Hezbollah a multiplié les appels au calme, la situation est explosive, à la merci d'une étincelle qui mettrait le feu aux poudres.

 

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commentaires (4)

En nous disant que " Washington appuie fermement la stabilité du Liban. Le fameux parapluie international qui protégerait le Liban est donc toujours en place" c'est déjà un aveu que washington retient ses chiens enragés des bactéries salafistes de bensaoudie et pourraient décider de les lâcher sur le pays !!!. Evident , non ? Donc washington est ( serait) complice d'un lâchage du Liban le jour où..... Il faut savoir vous lire Scarlett , il n'est pas donné à des cerveaux atteints de myopie juste bon à applaudir les succés terroristes des bactéries pour prétendre comprendre les enjeux géopolitiques . Et puis Scarlett , qu'ils les lâchent leurs chiens enragés , ils vont fondre sur qui ? sur les régions qui les acceuilleront à bras ouvert , comme en Lybie , en Syrie , en Egypte etc... partout où bizarrement il n'y a pas de hezb résistant .

FRIK-A-FRAK

19 h 36, le 27 mai 2016

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Commentaires (4)

  • En nous disant que " Washington appuie fermement la stabilité du Liban. Le fameux parapluie international qui protégerait le Liban est donc toujours en place" c'est déjà un aveu que washington retient ses chiens enragés des bactéries salafistes de bensaoudie et pourraient décider de les lâcher sur le pays !!!. Evident , non ? Donc washington est ( serait) complice d'un lâchage du Liban le jour où..... Il faut savoir vous lire Scarlett , il n'est pas donné à des cerveaux atteints de myopie juste bon à applaudir les succés terroristes des bactéries pour prétendre comprendre les enjeux géopolitiques . Et puis Scarlett , qu'ils les lâchent leurs chiens enragés , ils vont fondre sur qui ? sur les régions qui les acceuilleront à bras ouvert , comme en Lybie , en Syrie , en Egypte etc... partout où bizarrement il n'y a pas de hezb résistant .

    FRIK-A-FRAK

    19 h 36, le 27 mai 2016

  • Washington appuie la stabilité au Liban, mais.... le Diable est dans les détails !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 37, le 27 mai 2016

  • ARTICLE CLAIR ET PRECIS ET TRES OBJECTIF... BRAVO TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD... SURTOUT VOTRE CONFIRMATION QUE LA DIVISION EST PROFONDE ENTRE SUNNITES ET CHIITES AU LIBAN... QUE DES HURLUBERLUS MOUMANA3ISTES OBTUS REFUSENT D,ADMETTRE ET DE COMPRENDRE MEME COMME DE COMPRENDRE LES ENJEUX ECONOMICO-POLITIQUES ET LEURS RETOMBEES QUI SERONT NEGATIVES A LEURS ASPIRATIONS MOUMANA3ISTES... MOUMANA3ISTES A QUOI, UN DIEU SEUL LE SAIT... TOUS CEUX QUI ANALYSENT ET PARLENT VERITE SONT POUR EUX DES PARTISANS DES TERRORISTES ET/OU DES SIONISTES... QUAND LE REVEIL VIENDRA LES DESILLUSIONS SERONT ENORMES... BONNE JOURNEE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 29, le 27 mai 2016

  • Elle n’imagine que ce qu'elle chérit ou ce qu'elle a envie d’ouïr.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 20, le 27 mai 2016

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