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À La Une - Etats-Unis

La jeunesse du Vietnam communiste expérimente le dialogue politique... avec Obama

"Vous êtes si beau", lui lance un jeune Vietnamien. "Vous pouvez vous arrêter là", lui rétorque Obama.

 

Devant un panel de plusieurs centaines de jeunes Vietnamiens réunis mercredi à Ho Chi Minh-Ville, Barack Obama, en bras de chemise, s'est prêté au jeu du questions-réponses. AFP / JIM WATSON

Pouvoir poser des questions au président, sur ses ambitions de jeunesse, sa conception du rap ou le fait qu'il ait fumé de l'herbe: un dialogue impensable au Vietnam communiste, que des jeunes Vietnamiens ont pu avoir avec... Barack Obama. Devant un panel de plusieurs centaines de jeunes Vietnamiens réunis mercredi à Ho Chi Minh-Ville, Barack Obama, en bras de chemise, s'est prêté au jeu du questions-réponses.

A une jeune rappeuse assez connue, Suboi, lui disant sa difficulté à exister dans son pays, il a proposé d'entonner un air de rap en vietnamien. Le président Obama lui a alors rappelé l'histoire du rap, "qui a commencé comme un moyen d'expression pour les Afro-Américains pauvres", sans que personne ne prédise alors que cela allait devenir "un phénomène global".
"Imaginez si à l'époque où le rap est né, notre gouvernement avait dit +non+, au prétexte que certains paroles sont offensantes?", a-t-il ajouté, dans une allusion à la restriction de la liberté d'expression au Vietnam, où l'espace publique est sous contrôle étroit du parti unique. "Si vous tentez de supprimer les arts, vous supprimez les rêves les plus profonds" de la population, a lancé Barack Obama.

"Vous êtes si beau", lui a également lancé un jeune Vietnamien, suscitant les rires de l'assemblée. "Vous pouvez vous arrêter là", lui a rétorqué Obama, tranchant avec le style guindé des officiels du parti communiste vietnamien, qui monopolisent habituellement la parole publique, via des médias entièrement contrôlés par l'Etat. Un autre jeune est allé jusqu'à lui demander s'il avait bien fumé de la marijuana dans sa jeunesse, comme il l'a vu écrit sur internet. "Je ne sais pas si c'est vrai", a répliqué Obama sans s'appesantir. "Ne croyez pas tout ce qui est écrit sur internet", a-t-il coupé court.

Tous les jeunes réunis étaient membres de la YSEALI (Young Southeast Asian Leaders Initiative), un programme américain de formation des "leaders de demain", que Barack Obama a dit espérer être reconduit par son successeur à la Maison Blanche.

Plusieurs fois, la question de son parcours et de ses rêves de jeunesse sont revenus sur le tapis, à mesure que l'atmosphère se détendait, après des premières questions guindées.

 

(Lire aussi : Obama lève l'embargo sur les ventes d'armes au Vietnam)

 

Rêve de père
Le président américain est notamment revenu sur le fait qu'il avait grandi sans son père, avait été élevé par sa mère et ses grands-parents.

Après une période de colère, "en grandissant, j'ai réalisé qu'au lieu de m'inquiéter de l'absence de mon père, je devrais plutôt me soucier de ce que je pouvais faire pour prendre plus de responsabilités dans ma propre vie", a-t-il expliqué, face à un auditoire tout ouïe.

Dans les rues d'Ho Chi Minh-Ville, que nombre de ses habitants continuent d'appeler Saïgon, des milliers de personnes se sont massées sur le passage de son cortège, avec des bannières comme "Bienvenue à Saïgon, monsieur le président, nous vous aimons". Une atmosphère de liesse populaire rare, dans ce pays où les manifestations sont interdites et les voix discordantes tues, les dissidents emprisonnés ou assignés à résidence.

Dans la foule, Tran Huu Duy, 22 ans, jeune diplômé en arts, regrette de ne pas avoir fait parti des heureux élus ayant pu participer au débat. Barack Obama "est l'homme le plus puissant du monde, mais il reste très proche des gens, pas comme nos leaders. Ils ne font que porter des costumes et débiter des clichés", résume-t-il. "Les leaders au Vietnam ne sont pas une source d'inspiration pour les jeunes. Si vous voulez devenir leader ici, il faut avoir de l'argent et des parents bien placés" au sein des instances communistes, ajoute-t-il.

 

 

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