Rechercher
Rechercher

Culture - Expositions

« L’art construit » de Michel Deverne est à Beyrouth

L'adresse beyrouthine de l'objet design, Over the Counter, s'élargit d'un espace consacré aux expositions temporaires. Inauguré par une sélection d'œuvres d'un plasticien français, référence en matière d'art urbain.

Maquette de la sculpture en acier de la grand-place de la Poste centrale d’Avignon.

C'est par une vingtaine de pièces signées Michel Deverne, un plasticien français qui a passé sa vie à « renouer les liens entre l'art et l'architecture urbaine », que Rania Abillama Karam, propriétaire de Over the Counter*, inaugure la série d'expositions temporaires qu'elle programme dans son espace nouvellement agrandi. « Il s'agira de 3 à 4 expositions annuelles dont le choix se fera toujours sur la base d'un certain rapprochement entre l'art, l'architecture, le design ou encore l'artisanat », précise la jeune femme, elle-même designer, issue du milieu industriel.

Parfaite illustration de ce croisement de disciplines, les œuvres de Michel Deverne, présentées pour la toute première fois à Beyrouth, en collaboration avec Piasa Auction et la curatrice Joanna Abousleiman Chevalier, jusqu'au 23 juin*. Une vingtaine de pièces allant des collages aux sculptures d'allure constructiviste, en passant par des panneaux en métal découpé et coloré d'esprit cinétique, qui s'animent en fonction de l'ombre et de la lumière... Mais encore des maquettes en carton, vinyle et résine ou inox de certains des grands projets urbains de la période des années 70 et 80 de cet artiste né en 1927 et décédé dans l'incendie de sa maison de Montmorency en 2012.
Car l'essentiel du travail de Michel Deverne était orienté vers un grand objectif : intervenir dans l'espace public, inscrire son art dans la cité et jusque dans le moindre de ses éléments urbains.

De sa double formation aux Arts décoratifs et aux Beaux-Arts de Paris, Deverne avait puisé son désir d'embellir l'espace de vie de ses compatriotes. Une bouche d'aération ou une plaque de métro prenaient, grâce à ses créations, des allures sculpturales, picturales, ludiques ou colorées.
Avec cette sensibilité sociale particulière aux artistes des années soixante, il répétait qu' « il n'y a pas de raisons pour que l'art ne soit pas partout », indique la curatrice.


L'art cinétique est comme un champ de blé

« Amoureux de l'architecture, sa production se situe entre les arts appliqués et l'art », poursuit-elle. Signalant que lui-même parlait de son travail en terme « d'art construit », ce qui renvoie à une dimension architecturale.
Bien que très discret, Michel Deverne était très connu et très respecté dans le milieu de l'architecture en France et même au-delà des frontières hexagonales, au Brésil, en Inde, en Afrique où il a réalisé des œuvres monumentales, certaines offertes par la France à ces pays.

Parmi ses réalisations les plus connues, on peut citer ses fameuses mosaïques recouvrant (sur une superficie de 3 000 m2) les cheminées d'aération d'un quartier de La Défense à Paris. Réalisée en 1982, cette immense fresque colorée sur volumes cylindriques prolonge l'esthétisme des façades Miroirs des immeubles conçus par l'architecte Henri La Fonta.
Souvent conçues de manière à induire une illusion d'optique, un mouvement virtuel dans l'œil du spectateur, ses œuvres aux motifs répétitifs et patiemment agencées semblent, de prime abord, purement formelles et géométriques. Et pourtant « la nature était très importante dans son travail », assure l'une de ses filles, qui a aussi collaboré avec lui. « Il avait toujours peur que les gens pensent que ses créations étaient distantes et froides, alors qu'à ses yeux elles étaient toujours proches de la nature et organique » confiait-elle à L'Orient-Le Jour, à la veille du vernissage beyrouthin. « Pour lui, le convexe était comme un coquillage, l'art cinétique était comme un champ de blé...Tout restait dans l'ordre de l'émotion et du sensible. »
Émotion des membres de sa famille aujourd'hui de voir l'art de Michel Deverne, un moment tombé dans l'oubli, à nouveau apprécié à sa juste valeur !

*Rue Abdel Wahab al-Inglizi. Tél. : 01/322786.

 


---

Un parcours en quelques dates

1947 : double formation en arts décoratifs et beaux-arts à Paris.
Années 50 : début de carrière en tant que graphiste au côté du célèbre affichiste Jean Carlu.
Années 70 : parallèlement à ses réalisations artistiques, il enseigne à l'École supérieure
nationale des beaux-arts.
1978 : exposition au Centre Pompidou.
1983 : Médaille d'argent des arts plastiques, décernée par l'académie d'architecture.
1989 : exposition au Grand Palais.
2007 : importante rétrospective (de son vivant) au musée Carnavalet.

C'est par une vingtaine de pièces signées Michel Deverne, un plasticien français qui a passé sa vie à « renouer les liens entre l'art et l'architecture urbaine », que Rania Abillama Karam, propriétaire de Over the Counter*, inaugure la série d'expositions temporaires qu'elle programme dans son espace nouvellement agrandi. « Il s'agira de 3 à 4 expositions annuelles dont le choix se...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut