Amnesty dénonce le placement forcé d'un opposant russe en hôpital psychiatrique

L'ONG Amnesty International a dénoncé mardi le placement forcé en hôpital psychiatrique d'un militant de l'opposition russe à Voronej, dans le sud-ouest de la Russie, une "violation de la loi russe et des normes internationales".

Dmitri Vorobiovski, 52 ans, journaliste et militant pour les droits des prisonniers politiques en Russie, "a été emmené de force de son domicile à l'hôpital psychiatrique régional de Voronej le 6 mai au soir", selon un communiqué d'Amnesty.
M. Vorobiovski "a raconté à son avocat que des hommes avaient frappé à sa porte en prétendant être des employés du gaz, et que quand il a ouvert, ces gens se sont avérés être des infirmiers de l'hôpital psychiatrique", précise le communiqué.

Une fois à l'hôpital, le militant "a été attaché à un lit pendant trois heures, a subi des injections d'une substance inconnue et a été contraint d'ingurgiter des médicaments contre son gré", poursuit Amnesty.
"Les médecins de l'hôpital affirment ne pas savoir" qui a appelé une ambulance au domicile de M. Vorobiovski et "aucun incident" qui pourrait expliquer son traitement psychiatrique forcé n'est connu à ce jour, selon le communiqué.

Participant fréquemment à des manifestations de l'opposition à Voronej, "Dmitri Vorobiovski peut avoir été détenu à cause de sa critique ouverte de la politique du gouvernement, en violation de son droit à la liberté d'expression", estime Amnesty.
Selon la page facebook de ses amis, Dmitri Vorobiovski était toujours retenu dans cet hôpital mardi après-midi. Amnesty a appelé les autorités russes à présenter "immédiatement Dmitri Vorobiovski devant un juge" ou à le relâcher.

L'avocate de M. Vorobiovski, Olga Gnezdilova, a affirmé sur sa page sur Facebook qu'un tribunal de Voronej devait examiner l'affaire de son client mardi, sans plus de détails. Contactée par l'AFP, une porte-parole du tribunal a déclaré "ne pas commenter ce genre d'affaires". Le parquet local et l'hôpital n'étaient pas joignables.

Les défenseurs des droits de l'Homme dénoncent un climat de plus en plus difficile en Russie, alors que le pouvoir intensifie sa mainmise sur la société civile sur fond de cote de popularité record du président Vladimir Poutine, qui dépasse 80%.