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Liban - Décryptage

Hollande à Beyrouth : une visite sans surprise, mais avec un point d’interrogation

« M. le président, il y a un poste vacant au Liban ! »... « Est-ce qu'on peut cumuler ? » Cet échange sur le mode de la plaisanterie entre le Dr Kamel Mehanna, président de l'association Amel, et le président François Hollande au sujet de la vacance de la présidence de la République libanaise montre à quel point les entretiens de ce dernier au Liban étaient détendus. L'association avait été conviée à la réunion des ONG internationales avec le chef de l'État français.

Tous les interlocuteurs libanais de M. Hollande – et ils étaient nombreux, que ce soit lors des rendez-vous officiels ou bien de brefs apartés – racontent que le président français a beaucoup écouté, dans un désir réel de mieux connaître le dossier libanais. Ils déplorent toutefois le fait que le président ne leur a pas fait de propositions concrètes et n'était pas porteur d'un message précis, si ce n'est le souci de la communauté internationale de la stabilité du Liban et sa volonté de pousser les différentes parties libanaises à élire un nouveau chef de l'État. Tous ceux qui ont tenté d'évoquer avec lui le dossier présidentiel et surtout de l'entendre prononcer un nom en particulier en ont été pour leurs frais, François Hollande s'étant contenté de dire publiquement que le candidat de la France, c'est le Liban.
Certains ont même vu dans ces mots une critique indirecte de la classe politique libanaise qui ferait passer ses intérêts propres avant les intérêts nationaux, mais il s'agit d'une interprétation, car à aucun moment le président français n'a voulu orienter les choix dans un sens ou dans un autre, se contentant d'affirmer qu'il est nécessaire et urgent pour le Liban et les Libanais d'avoir un président de la République qui marquerait la relance des institutions publiques.
L'idée que la France organise une conférence internationale sur le Moyen-Orient aurait été évoquée, mais sans entrer dans les détails ni dans les faits concrets. Au final, la visite de deux jours du président français au Liban s'est donc déroulée conformément au programme préétabli. Elle a donc été sans surprise, aussi bien pour les Français que pour les Libanais. Ce qui n'aurait pas empêché le président français, selon certains de ses interlocuteurs libanais, de s'informer de la crise des déchets et des affaires de corruption qui font actuellement la une de l'actualité libanaise. Mais il n'a rien dit publiquement qui puisse froisser ses interlocuteurs libanais et ils lui ont eux aussi rendu la pareille. Plus même, lorsqu'au Grand Sérail, après la réunion avec le Premier ministre Tammam Salam, il a parlé d'un programme de réinstallation des déplacés syriens, certains médias ont commencé à faire des spéculations sur une volonté supposée de la France de favoriser l'implantation des réfugiés syriens au Liban. Le lendemain, tout au long de sa tournée dans la Békaa, il n'a cessé de répéter que les déplacés syriens souhaitent rentrer chez eux. Même son de cloche chez les ONG internationales qui ont participé à la rencontre avec lui, comme s'il y avait un véritable mot d'ordre de rassurer les Libanais et d'éviter toute polémique sur cette question particulièrement sensible pour eux.
Le président français a donc insisté sur le retour des déplacés syriens chez eux et sur la volonté de la France d'aider le Liban pour qu'il puisse continuer à s'occuper des déplacés sur son territoire. En même temps, François Hollande a parlé de l'importance de trouver une solution politique au conflit syrien, une position qui est en harmonie avec celle du Liban officiel. Sur le plan de l'aide à l'armée pour qu'elle puisse « faire face au terrorisme et aux autres menaces », la position de la France est aussi claire et concrète, puisque d'ores et déjà 15 millions d'euros ont été débloqués dans ce but. Les responsables libanais ont même demandé au président français d'user de son influence auprès des dirigeants du Golfe, et en particulier de l'Arabie saoudite, pour qu'ils reviennent sur la décision de geler le don de trois milliards de dollars à l'armée libanaise.
Rien de nouveau donc, ni dans les positions françaises ni dans les demandes libanaises. Le seul point d'interrogation de cette visite tourne autour du rendez-vous manqué avec le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad. Les deux parties sont très discrètes sur cette question et le Hezbollah a été jusqu'à publier un communiqué pour affirmer qu'il n'a jamais été question d'une telle rencontre. Pourtant, des sources politiques libanaises bien informées sont catégoriques, le projet était sérieux et il a été abandonné à la dernière minute.
Selon ces sources, des contacts avaient été établis entre l'ambassade à Beyrouth et le bloc parlementaire du Hezbollah en vue de la préparation d'une telle rencontre. Le principe en avait été évoqué, mais il fallait trouver le cadre adéquat pour le concrétiser. Il a été question d'une rencontre à la Résidence des Pins, dans le cadre du défilé de personnalités politiques et religieuses pour s'entretenir avec le président français, puis d'une rencontre au Parlement avec tous les chefs des blocs parlementaires, dont celui du Hezbollah. Mais vendredi dernier, toutes ces idées ont été abandonnées et, toujours selon les mêmes sources politiques, c'est la France qui aurait changé d'avis. Les sources politiques internes estiment que les autorités françaises auraient finalement estimé qu'il serait délicat pour le président français de recevoir une délégation du Hezbollah au moment où ce parti est placé sur la liste des organisations terroristes dans le monde arabe et où ses « activités terroristes » sont condamnées par l'Organisation de la coopération islamique. Une telle rencontre aurait pu être exploitée par le Hezbollah au moment où il est la cible d'une campagne destinée à l'isoler politiquement, médiatiquement et financièrement. La distinction entre « bras armé » et « bloc parlementaire » ne suffit donc plus à rendre le Hezbollah fréquentable... au moins au niveau des chefs d'État, car l'ambassade, elle, a des contacts avec toutes les parties libanaises.

« M. le président, il y a un poste vacant au Liban ! »... « Est-ce qu'on peut cumuler ? » Cet échange sur le mode de la plaisanterie entre le Dr Kamel Mehanna, président de l'association Amel, et le président François Hollande au sujet de la vacance de la présidence de la République libanaise montre à quel point les entretiens de ce dernier au Liban étaient détendus....

commentaires (4)

Alors que ses agissement sur le plan intérieur tardent a porter leur fruits, et confirmer son engagement initial , la politique étrangère de François Hollande demeure audacieuse , pertinente et contraste avec la prudence attentiste de ses alter ego européens. Cette aide pour l'armée et les réfugiés est providentielle car désintéressée et non conditionnée par des enjeux partisans qui pourraient accentuer le clivage entre communautés. Bien qu'il cherche à rassembler il ne peux s'empêcher toutefois de dénoncer le drame des chrétiens d'orient gravement menacés, cible de tous les obscurantismes, contraints à l'exil faute d'avenir dans leur monde originel... berceau de la chrétienté. Sa relation particulière avec les deux grand antagonismes chiite et sunnites : récente et dans l'expectative avec le premier, stratégique et loyale avec le second lui permet une intermédiation précieuse pour le Liban. Mais les différent belligérants ont franchit plusieurs fois leur Rubicon pour réclamer à ce stade la paix des braves . Les Chrétiens d 'orient , eux ont tant souffert que leur regard s'est tourné vers l'occident, ils souhaitent se défaire cette nouvelle Dhimitude qu' il n'avaient pas connu depuis l'empire Ottoman .

ANDRE HALLAK

23 h 50, le 20 avril 2016

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Commentaires (4)

  • Alors que ses agissement sur le plan intérieur tardent a porter leur fruits, et confirmer son engagement initial , la politique étrangère de François Hollande demeure audacieuse , pertinente et contraste avec la prudence attentiste de ses alter ego européens. Cette aide pour l'armée et les réfugiés est providentielle car désintéressée et non conditionnée par des enjeux partisans qui pourraient accentuer le clivage entre communautés. Bien qu'il cherche à rassembler il ne peux s'empêcher toutefois de dénoncer le drame des chrétiens d'orient gravement menacés, cible de tous les obscurantismes, contraints à l'exil faute d'avenir dans leur monde originel... berceau de la chrétienté. Sa relation particulière avec les deux grand antagonismes chiite et sunnites : récente et dans l'expectative avec le premier, stratégique et loyale avec le second lui permet une intermédiation précieuse pour le Liban. Mais les différent belligérants ont franchit plusieurs fois leur Rubicon pour réclamer à ce stade la paix des braves . Les Chrétiens d 'orient , eux ont tant souffert que leur regard s'est tourné vers l'occident, ils souhaitent se défaire cette nouvelle Dhimitude qu' il n'avaient pas connu depuis l'empire Ottoman .

    ANDRE HALLAK

    23 h 50, le 20 avril 2016

  • Dommage que hollandouille n'est pas eu ce courage d'aller vers une partie importante du corps social libanais. Ça aurait peut être débloqué une situation , mais c'est pas homme à prendre des risques , mais que des ordres.

    FRIK-A-FRAK

    17 h 31, le 20 avril 2016

  • Le saoudien à reçu la médaille de la légion d'honneur pourquoi...? les libanais n'ont rien demandé ,à part de quémander les financements que les saoudiens ont stoppé ...Voilà...la popularité et le poids de Normal 1er , dans le dossier régional , se mesure à la hauteur de l'efficacité de ses tribulations hasardeuses .....

    M.V.

    08 h 39, le 20 avril 2016

  • LES PARRICIDES LIBANAIS... TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD... N,ATTENDENT PAS DES CONSEILS DE HOLLANDE OU AUTRE OCCIDENTAL OU RUSSE POUR SUSPENDRE LEUR CRIME. ILS ONT DES ORDRES REGIONAUX QU,ILS EXECUTENT EN DEVOUES DES DEUX FACES DE LA MEME MONNAIE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 13, le 20 avril 2016

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