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Culture - Théâtre

Et voici les truculentes « Chinoiseries » de Nabil el-Azan...

Le metteur en scène libanais revient sur les planches parisiennes avec une pièce d'Évelyne de la Chenelière.

Cette chronique de la névrose ordinaire met en scène deux personnages sublimes dans leur banalité. Photo iFou pour le Pôle Média

Après Les Pâtissières et L'analphabète, voici que Nabil el-Azan revient sur la scène parisienne avec Chinoiseries, une pièce d'Évelyne de la Chenelière.
Cette chronique de la névrose ordinaire met en scène deux personnages sublimes dans leur banalité. M. Chiton et Mme Potée sont voisins de palier. Lui est un vieux garçon obsédé par sa mère (même après que celle-ci soit décédée) et par sa propre vacuité (personne ne le remarque jamais). Elle est obsédée de chinoiseries: elle se bride les yeux, se drape de peignoirs (chinois) et boit un thé (chinois) qu'elle déteste. M. Chiton et Mme Potée s'épient, s'observent, meurent d'envie de se parler, mais sans jamais oser s'aborder. Jusqu'au moment où une épouvantable tragédie les jette brutalement l'un vers l'autre. Et c'est seulement à ce moment-là que leurs véritables sentiments peuvent s'exprimer. Pièce de la solitude, du non-dit, du ratage, de la vieillesse, de la frustration, Chinoiseries est aussi la pièce du culot, de l'audace et du burlesque. On y rit, on y pleure et on en sort absolument bouleversé.

Les deux personnages sont incarnés avec un brio par Christine Murillo, fine et truculente en même temps, que l'on avait déjà vue dans Les Pâtissières, et par Jean-Claude Leguay, vieux routier de la scène française, irrésistible en névrosé apeuré qui petit à petit se libère. Leur dialogue tour à tour pétillant, grinçant, décalé, poétique, tendre ou violent emmène les spectateurs encore plus loin sur le chemin d'une humanité toujours plus tourmentée, incapable de se remettre en question et de regarder ailleurs qu'en elle-même.
Et la musique, alors ? Car la musique est essentielle dans les mises en scène de Nabil el-Azan et elle est d'habitude de facture plutôt classique (Schubert, Bach ou Rameau dans ses derniers spectacles). Mais pour Chinoiseries, il a choisi d'immerger le spectacle dans un univers cinématographique. Le spectateur est invité à décoder ses clins d'œil à quelques films célèbres dont les thématiques sont proches de celles de la pièce. Il est d'ailleurs dommage que le théâtre n'ait pas distribué le programme au début de la représentation : le spectateur n'a pas pu avoir les titres des morceaux de musique et des films dont ils provenaient, beaucoup de clins d'œil judicieux et autres « citations » lui ont échappé.

Nabil el-Azan aimerait beaucoup montrer Chinoiseries au public libanais, car depuis une quinzaine d'années, il a pris l'habitude de tenir avec lui un rendez-vous régulier. Ce sont des moments «très importants» pour le metteur en scène, une façon de «rendre à César ce qui appartient à César». Probablement sa façon de payer un dû à son pays. Comme une «validation de son appartenance encore à la communauté libanaise».
En attendant, à ceux qui sont (de passage) à Paris, voilà des Chinoiseries que l'on ne regrette pas.

 

* Jusqu'au 8 mai au Vingtième Théâtre, 7 rue des Platrières, 75020 Paris.

Après Les Pâtissières et L'analphabète, voici que Nabil el-Azan revient sur la scène parisienne avec Chinoiseries, une pièce d'Évelyne de la Chenelière.Cette chronique de la névrose ordinaire met en scène deux personnages sublimes dans leur banalité. M. Chiton et Mme Potée sont voisins de palier. Lui est un vieux garçon obsédé par sa mère (même après que celle-ci soit...

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