Voilà, c'est fait... La Ligue arabe a donc décidé au cours de la dernière réunion des ministres arabes des Affaires étrangères de considérer le Hezbollah comme une organisation terroriste, en dépit de l'abstention du Liban, du refus de l'Irak et des réserves de l'Algérie. Il faut toutefois préciser que cette décision n'est pas contraignante pour les pays membres de la Ligue. Cette fois en tout cas, la position du ministre libanais des Affaires étrangères n'a pas soulevé de tollé, comme cela avait été le cas il y a près de trois semaines dans une réunion similaire. Elle est pourtant exactement la même. Ce qui conforte l'idée que la campagne menée contre Gebran Bassil accusé de « briser l'unanimité arabe » n'était pas vraiment innocente.
Selon des sources diplomatiques arabes, l'explication serait peut-être dans l'existence d'une grande rivalité interne en Arabie saoudite entre l'héritier du trône l'émir Mohammad ben Nayef et son propre héritier l'émir Mohammad ben Salmane. Selon ces mêmes sources, l'émir Mohammad ben Nayef était présent à la réunion de Tunis, en tant que ministre de l'Intérieur de son pays. Il avait ainsi pris la parole avant le ministre Nouhad Machnouk, en déclarant qu'il faut s'attendre à ce que le Liban émette des réserves au fait de considérer le Hezbollah comme une organisation terroriste, en raison de la participation de cette formation au gouvernement libanais. Le ministre Machnouk s'était ensuite exprimé dans une déclaration allant dans le même sens et il avait été salué au Liban par le courant du Futur comme étant l'homme qui place les intérêts du Liban au-dessus de ses propres opinions. S'il faut en croire les sources diplomatiques précitées, Nouhad Machnouk aurait donc obtenu auparavant l'aval du ministre saoudien de l'Intérieur. Ce n'est peut-être qu'un détail, mais il en dit long à la fois sur les divisions à l'intérieur du royaume et sur les allégeances au sein du courant du Futur.
Les sources diplomatiques arabes affirment ainsi que l'émir Mohammad ben Salmane est le plus hostile au Hezbollah et à l'Iran en raison de la guerre au Yémen qui constitue sa priorité et dans laquelle il s'est totalement investi. Aujourd'hui, cet émir qui est aussi ministre de la Défense de son pays souhaiterait trouver un règlement à ce conflit qui dure depuis bientôt un an et qui a été très coûteux pour l'Arabie sur les plans militaire et financier, mais aussi au niveau de l'image internationale du royaume, sans apporter le moindre acquis concret. Le groupe Ansarallah (houthis) n'a pas été éradiqué du Yémen, bien au contraire. Avec l'armée régulière, il occupe une partie du territoire saoudien dans les provinces de Gizan, Najran et Assir et il détiendrait même en otages des militaires saoudiens. D'ailleurs, dans les négociations de paix en cours à Riyad (où une délégation d'Ansarallah se trouve actuellement), les autorités saoudiennes réclament des informations sur plus de 400 de leurs soldats qui seraient entre les mains de cette formation, alors qu'auparavant elles niaient une telle possibilité. De plus, depuis l'intervention saoudienne au Yémen, quatre provinces de ce pays sont passées sous le contrôle d'el-Qaëda et de Daech. Ce qui serait loin de plaire aux États-Unis qui avaient mené dans le passé de nombreux raids contre el-Qaëda au Yémen. Au point que l'administration américaine aurait vivement conseillé aux Saoudiens de trouver un règlement à cette guerre. Mais, toujours selon les sources diplomatiques arabes, le prince Mohammad ben Nayef préférerait voir le conflit se prolonger pour mettre en difficulté le prince Mohammad ben Salmane. Cette rivalité aurait donc aussi des échos au Liban, où Mohammad ben Nayef conseillerait la sagesse et la prudence, pour éviter une réaction musclée du Hezbollah qui affaiblirait les alliés du royaume, alors que Mohammad ben Salmane serait plus radical, souhaitant mettre en difficulté le Hezbollah coûte que coûte. Ce serait cette même rivalité qui donnerait une certaine marge de manœuvre au chef du courant du Futur qui, tout en attaquant le Hezbollah, continue à prôner le dialogue avec lui et à miser sur un compromis final qui aboutirait à l'élection d'un président de la République...
Les sources diplomatiques arabes précitées estiment aussi que la position en flèche du ministre irakien des Affaires étrangères Ibrahim al-Jaafari, au cours de la réunion ministérielle arabe au Caire, à travers laquelle il a défendu la milice chiite irakienne et le Hezbollah, n'aurait pas été possible sans un feu vert américain au moins tacite. Les Américains et les Iraniens seraient ainsi les pays les plus influents en Irak et au cours de la première réunion ministérielle arabe, Jaafari avait voté en faveur du communiqué qui considérait le Hezbollah comme une organisation terroriste. Or il a changé d'attitude au cours de la réunion de vendredi, ce qui pousse les sources diplomatiques précitées à dire qu'il aurait obtenu pour cela l'aval des Américains... Certes, les Américains ne seraient nullement soucieux de défendre le Hezbollah, mais pour de nombreuses raisons, ils seraient favorables au maintien de la stabilité dans la région et en particulier au Liban et en même temps, ils souhaiteraient mettre un frein à la colère saoudienne vis-à-vis de l'Iran. Une attitude qui aurait été comprise par l'émir Mohammad ben Nayef...
commentaires (12)
la verite et qui n'est pas dit ici c'est que de tout temps, et nous le savons bien (par l'histoire, et des faits historique) que dans une royautee il y a tjrs place a la traitrise, aux désordres et aux envieux du pouvoir et entre rivalite des plus viriles, et l'arabie saoudite n'echappe pas a l'ordre des choses DE TOUT TEMPS IL Y A EU DES RIVALITES ENTRE PRINCES EMIRS ET ROI !! ce n'est que ces dernieres décennies que cela est publique mais ce qu'on ne savait pas par contre et qui est tout nouveau c'est la RIVALITE ENTRE MODERER ET CONCERVATEUR EN IRAN CA C'EST MAGNIFIQUE !!!
Bery tus
16 h 15, le 14 mars 2016