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Culture - Exposition

Le désert et ses femmes pour Danièle, et les quatre saisons pour Malgorzata

L'épurement, d'une part, la végétation luxuriante, de l'autre... Deux paysages totalement aux antipodes se côtoient sur les cimaises de la galerie Alice Mogabgab*, à travers les œuvres de la peintre Malgorzata Paszko et de la photographe Danièle Chikhani.

Danièle Chikhani, « Hail, Eyes I », 2008, photographie, 30x45 cm.

La liberté, la lumière, le foisonnement des feuillages, l'exubérance des herbes folles, des chardons et autres fleurs des champs, d'une part... La liberté, la lumière, l'épurement et l'énergie du désert, d'autre part... Faire un tour à la galerie Alice Mogabgab*, c'est plonger au sein d'une nature aux paysages totalement opposés, mais dégageant une commune vitalité radieuse.

Passer de la salle des peintures de l'artiste polonaise Malgorzata Paszko à la Black Box, chambre noire où sont accrochées les photographies de la Libanaise Danièle Chikhani, c'est un peu basculer de l'opulence picturale à la sobriété photographique. Mais aussi, au niveau des couleurs, du froid au chaud. Avec, dans l'une, des camaïeux de verts et de blancs représentant les foisonnements printaniers et, dans l'autre, les chaudes tonalités ocrées du désert ponctuées de touches noires.

Sauf que dans cette double exposition, il n'est pas juste question de nature dans tous ses états. Si Malgorzata Paszko explore picturalement et poétiquement le renouveau des saisons, Danièle Chikhani célèbre, elle, le renouveau du regard... Celui, en particulier, des jeunes femmes saoudiennes dont les silhouettes en burkas noires se profilent dans ses images du désert. Car derrière les 13 photos numériques de format moyen (30x45 cm) présentées dans cette exposition, il y a une histoire de femmes, d'émotion, de rencontre et de (re)découverte de soi comme des autres.

Images (de l'Arabie) heureuses

En 2008, l'association Aja pour les femmes de Hail (une bourgade au nord de l'Arabie saoudite), qui offre des formations ponctuelles à de jeunes femmes célibataires pour les encourager à travailler, invite Danièle Chikhani, à diriger un stage d'initiation à la photographie.

Vingt jours durant, la photographe (qui est par ailleurs architecte de formation) va donc inculquer à un groupe de jeunes filles portant le niqab l'art « d'observer à travers la lentille d'un appareil photographique et à sentir, malgré leur voile, la nature et la lumière environnantes ». En l'occurrence, celles du désert, où ont lieux les travaux pratiques chaque après-midi. En donnant à chacune de ces femmes l'opportunité d'explorer ce qui les entoure à travers un appareil photo individuel, c'est une initiation à l'expression personnelle qu'elle leur offre. « Il y a une sensibilité de la chose regardée, qui est pour le photographe un moment de bonheur », explique-t-elle. En les incitant à scruter la moindre trace de vie dans ce paysage « vide », c'est à une révélation de leurs émotions, de leurs ressentis, qu'elle va les initier. À commencer par le bonheur d'évoluer librement dans un espace ouvert...

C'est cette joie, cette liberté de mouvement, l'esprit facétieux dont font preuve ces jeunes femmes qui, sous leurs voiles noirs, sont amoureuses de la vie, que Danièle Chikhani va découvrir de son côté. Et qu'elle va traduire dans les photos rapportées de ces séances. Des clichés qu'elle a elle-même pris de ses élèves en action dans le désert et qui, à travers leurs compositions, cadrages et couleurs, sont traversés d'un souffle de pur enchantement.

Une expérience qui se révélera riche à plus d'un niveau, puisque l'une des élèves de cet atelier, Hind al-Fahhad, est devenue photographe et réalisatrice. Son film, Peddlers (Colporteurs), un documentaire de 15min, également présenté à la galerie Mogabgab, a obtenu le prix Muhr-Golf Shorts au Dubai International Film Festival et vient d'être primé au Festival de Djeddah.

À découvrir, jusqu'au 29 avril, parallèlement aux Pluies de printemps de Malgorzata Paszko et Révélations du Néfoud de Danièle Chikhani.

*Rue Achrafieh, imm. Karam, 1er étage. Horaires d'ouverture : du lundi au samedi, de 10h à 19h. Tél. 03/210 424.

La liberté, la lumière, le foisonnement des feuillages, l'exubérance des herbes folles, des chardons et autres fleurs des champs, d'une part... La liberté, la lumière, l'épurement et l'énergie du désert, d'autre part... Faire un tour à la galerie Alice Mogabgab*, c'est plonger au sein d'une nature aux paysages totalement opposés, mais dégageant une commune vitalité radieuse.Passer de...

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