Présidentielle : Geagea soutient Aoun et appelle le 14 Mars à en faire de même

Dans une atmosphère empreinte de solennité, le chef des Forces Libanaises (FL), Samir Geagea, a annoncé lundi son soutien à la candidature du chef du bloc parlementaire du Changement et de la réforme, le général Michel Aoun, à la présidence de la République. Il a également appelé ses alliés du 14 Mars à soutenir à leur tour la candidature de M. Aoun.

Faite à l'occasion de la première rencontre à Maarab entre les deux hommes, en présence des principaux cadres des FL et du Courant patriotique libre (CPL), cette annonce redistribue les cartes de l'élection présidentielle après la dernière initiative portant sur l'élection à la présidence du chef des Marada, Sleimane Frangié, lancée par le leader du Courant du Futur, l'ancien Premier ministre Saad Hariri.

"Après de nombreuses discussions au sein du parti, les FL annoncent leur soutien à la candidature de Michel Aoun à la présidence de la République, dans l'espoir de sortir de la situation dans laquelle se trouve le Liban", a déclaré M. Geagea lors d'une conférence de presse, évoquant une "opération de sauvetage" pour parer au vide présidentiel. Vantant "l'histoire commune entre le CPL et les FL du temps de la tutelle syrienne" et "l'esprit de la Révolution du Cèdre", M. Geagea a appelé ses alliés du 14 Mars et l'ensemble des Libanais à soutenir la candidature de M. Aoun.
Il a ensuite repris les principaux points de la déclaration d'intention signée entre les deux partis chrétiens.

De son côté, M. Aoun s'est exprimé avec gravité. Remerciant les FL pour leur soutien à sa candidature, le général a appelé les Libanais à "sortir du passé pour bâtir l'avenir" et à "tourner les pages sombres de notre histoire", espérant que l'élection présidentielle ait lieu.

La dernière rencontre entre M. Geagea et M. Aoun avait eu lieu le 2 juin dernier à Rabieh. Il s'agissait alors de la première réunion depuis dix ans entre les deux chefs maronites, soit depuis que l'un est rentré au Liban après un long exil et que l'autre est sorti de prison, consécutivement au départ des troupes syriennes du Liban.

La députée de Bécharré, Sethrida Geagea, a de son côté affirmé que le soutien des FL à la candidature de M. Aoun n'était "dirigé contre personne".
"Hier, les chrétiens et les druzes se sont réconciliés. Aujourd'hui, les FL et le CPL tournent la page du passé", a-t-elle déclaré à l'issue de la conférence de presse de M. Geagea et de M. Aoun. "Je m'adresse aujourd'hui à tous les Libanais : le soutien à la candidature de M. Aoun n'est dirigée contre personne".

Mme Geagea s'est ensuite adressée au chef du bloc parlementaire du Courant du Futur, Fouad Siniora. "Les Forces libanaises, dirigées par Samir Geagea, ont été les premiers à le défendre et à s'élever contre ce qui s'est passé le 7 mai 2008".

Plus tôt dans la journée, M. Siniora s'était rendu à Bkerké. "L'élection d'un président de la République n'est pas uniquement une affaire chrétienne, mais libanaise par excellence", avait-il déclaré. "Tous les Libanais sont concernés par l'élection d'un président. Ce dernier est le symbole de la patrie, il doit rassembler les Libanais", a ajouté M. Siniora, estimant que le dossier de la présidentielle nécessitait "davantage de discussions".

Le responsable de la communication au sein des FL, Melhem Riachi, a estimé que "le 18 janvier 2016 était un jour historique pour tous les Libanais, sans exception". Il a souligné en outre, en réponse à une question, qu'il va de soi que M. Saad Hariri doit être le prochain Premier ministre après l'élection présidentielle. De son côté, le député aouniste Ibrahim Kanaan a déclaré que "l'importance de la présidence de la République réside dans l'unité des chrétiens et des Libanais". Interrogé sur Sleimane Frangié, M. Kanaan a expliqué que le leader des Marada était "un allié et un partenaire avec lequel nous partageons les mêmes positions".

Par ailleurs, en réaction à l'annonce de M. Geagea, le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), le député Walid Joumblatt, a annoncé qu'il réunira mardi les cadres de son parti et les membres de son bloc parlementaire. De son côté, l'ancien ministre Wi'am Wahhab a déclaré que "Samir Geagea a adopté une position courageuse", assurant que "le temps des divisions et de la marginalisation des chrétiens était terminé".