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Liban - Polémique

L’affaire Samaha suscite des réactions aussi acerbes que contradictoires

Le choc provoqué par la remise en liberté sous caution de l'ancien ministre jeudi est loin d'être résorbé, comme en témoignent les nombreux sit-in et commentaires politiques du week-end.

Les personnalités du 14 Mars et du bloc Joumblatt devant la tombe de Rafic Hariri.

Pour le 14 Mars, la décision, très contestée, de la Cour de cassation militaire qui avait estimé que l'ancien ministre avait purgé sa peine de 4 ans et demi de prison à laquelle il avait été condamné pour le transport d'explosifs – qui lui avait été livrés en Syrie, en vue de perpétrer des attentats au Liban en 2012 – est suffisante pour justifier un transfert du dossier à la Cour de justice dont les verdicts sont, comme on le sait, sans appel.
Le procès Samaha doit reprendre le 21 janvier, soit la semaine prochaine et porter sur les nouveaux chefs d'accusation soulevés par le procureur militaire, en rapport notamment avec l'activité terroriste liée au transfert d'explosifs. Pour les leaders du 14 Mars, il est important que le Conseil des ministres décide au plus vite – si jamais il réussit à se tenir – de confier l'affaire à la Cour de justice. Le ministre de la Justice, Achraf Rifi, en fait son cheval de bataille, soutenu en cela par les ténors de l'alliance antisyrienne à laquelle il appartient.
Sur son compte Twitter, hier, le chef des Forces libanaises Samir Geagea a insisté sur ce point, en affirmant que « si ceux qui défendent la relaxe de Samaha se disent en faveur de la justice, pourquoi ne votent-ils pas en Conseil des ministre le transfert du dossier à la Cour de justice, sachant que cette instance est la plus haute au niveau du système judiciaire libanais ? ». Il a demandé au ministre de la Justice de préparer un projet de décret en ce sens et prié le Premier ministre, Tammam Salam, de le soumettre au vote du gouvernement lors du prochain Conseil des ministres.

« Du daechisme politique »
Mais la question n'est pas aussi simple du moment que l'affaire Samaha a fini par alimenter une nouvelle polémique politique. Le 8 Mars stigmatise ainsi une « politisation à outrance d'une affaire strictement judiciaire », pour reprendre les termes employés hier par le ministre d'État pour les affaires du Parlement, Mohammad Fneich, qui a dénoncé un « daechisme politique ». Le ministre qui s'exprimait dans le village de Zawtar, dans le caza de Nabatiyé, a vu « un véritable problème dans la réaction de certains à la relaxe de Michel Samaha ». « Nous sommes confrontés à un cas de daechisme politique qui ne tolère pas l'autre et qui essaie de le défigurer sans preuves », a-t-il déploré, en rappelant que son parti, le Hezbollah, « n'a jamais commenté cette affaire et ne s'en est pas mêlé. Mais maintenant que le jugement a été rendu, respectez-le et cessez de pratiquer cette intimidation », a-t-il dit, en s'adressant au 14 Mars. Pour lui, le comportement de cette alliance « menace ce qui reste du prestige des institutions de l'État et de la réputation de la magistrature ». « Nous avons eu à traiter avec des affaires encore plus délicates lorsque la justice a libéré des agents d'Israël ou leur a permis de bénéficier de circonstances atténuantes, mais nous n'avons jamais réagi en attaquant la justice ou en provoquant l'opinion publique », a soutenu Mohammad Fneich, estimant que « si un problème se pose au niveau de l'affaire Samaha, c'est en modifiant ou en développant les lois qu'il peut être réglé et non pas en détruisant les institutions ».
Au cours du week-end, plusieurs sit-in de protestation ont eu lieu, à Beyrouth, à Tripoli et à Halba, dans le Akkar. Un autre est également prévu aujourd'hui à Tripoli par les jeunes du 14 Mars. Le plus important reste cependant celui qui a été organisé samedi, devant la tombe de l'ancien ministre assassiné, Rafic Hariri, au centre-ville, en présence des députés du 14 Mars et du Rassemblement démocratique de Walid Joumblatt.

« Un crime contre la dignité des Libanais »
Dans le discours qu'il a prononcé pour l'occasion, le chef du bloc parlementaire du Futur, Fouad Siniora, a estimé que la libération de Michel Samaha constituait « un crime contre la dignité des Libanais ». « Le peuple libanais n'acceptera pas cette humiliation. Il n'acceptera pas non plus cette nouvelle tutelle que tente d'exercer le tribunal militaire, en épargnant les traîtres à la nation. Nous n'accepterons pas que les chemises noires gouvernent le pays », a-t-il prévenu, en référence aux membres du Hezbollah ayant agi le 7 mai 2008.
M. Siniora a également appelé les juristes membres des ordres des avocats de Beyrouth et de Tripoli à observer dix minutes de silence aujourd'hui à midi, pour protester contre la libération de M. Samaha, également dénoncée par plusieurs personnalités du 14 Mars et du bloc Joumblatt, qui ont réclamé l'abolition de cette juridiction d'exception qu'est le tribunal militaire.

« Le problème est dans les lois »
La ministre des Déplacés, Alice Chaptini, ancienne juge, a tenté de replacer cette affaire dans un contexte strictement juridique, en expliquant, dans une interview à l'agence al-Markaziya, que le tribunal militaire « n'a rien fait d'illégal puisqu'il s'est contenté d'appliquer la loi ». « La remise en liberté de Michel Samaha ne signifie pas qu'il a été acquitté, sachant que ce dernier n'est pas innocent du moment qu'il a été condamné à quatre ans et demi pour le transport d'armes. Il a été innocenté dans le cadre des autres charges (terrorisme), mais ce jugement a fait l'objet d'un pourvoi en cassation », a-t-elle dit, avant d'exposer toute la procédure judiciaire liée à son cas. La ministre a quand même reconnu qu'il est « rare qu'une personne accusée d'un aussi grand crime soit remise en liberté avant la fin du procès ».
Mme Chaptini s'est exprimée contre l'abolition du tribunal militaire « notamment en cette période durant laquelle nous sommes exposés aux menaces terroristes ». « Ce qu'il nous faut, c'est modifier les textes qui régissent ce tribunal », a-t-elle observé, avant de rappeler que plusieurs textes de loi dans ce sens ont été soumis au Parlement. Elle est également hostile au transfert du dossier à la Cour de justice. « Quelle est l'erreur que les juges ont commise ? » s'est-elle interrogée.

Pour le 14 Mars, la décision, très contestée, de la Cour de cassation militaire qui avait estimé que l'ancien ministre avait purgé sa peine de 4 ans et demi de prison à laquelle il avait été condamné pour le transport d'explosifs – qui lui avait été livrés en Syrie, en vue de perpétrer des attentats au Liban en 2012 – est suffisante pour justifier un transfert du dossier à la...

commentaires (2)

"Mme Chaptini, (group(i)e ment de l'ex-Slaïméne) s'est interrogée : Quelle est l'erreur que les juges ont commise ?" ! Mais, vous venez de l'avouer ! Et même reconnu qu'il est "rare qu'une personne accusée d'un aussi grand crime soit remise en liberté avant la fin d'un procès." ! Wâlâoû yâ Madaaame woû yâ aussi ex-juge !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

05 h 35, le 18 janvier 2016

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Commentaires (2)

  • "Mme Chaptini, (group(i)e ment de l'ex-Slaïméne) s'est interrogée : Quelle est l'erreur que les juges ont commise ?" ! Mais, vous venez de l'avouer ! Et même reconnu qu'il est "rare qu'une personne accusée d'un aussi grand crime soit remise en liberté avant la fin d'un procès." ! Wâlâoû yâ Madaaame woû yâ aussi ex-juge !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 35, le 18 janvier 2016

  • "Mohammad Fneich a rappelé que son héZébbb a eu à traiter avec des affaires encore plus délicates lorsque la justice a libéré des agents d'Israël ou leur a permis de bénéficier de circonstances atténuantes." ! Évidemment ! Féééïyiz Karam ayant été son proche allié....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 28, le 18 janvier 2016

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