Manifestations en série en faveur du PDG d’Ogero, cible du PSP

Les employés d'Ogero ont organisé mardi plusieurs sit-in dans différentes régions du pays en signe de solidarité avec le directeur de la société, Abdel Menhem Youssef, cible depuis plusieurs semaines d'une campagne lancée par le Parti socialiste progressiste (PSP), qui l'accuse de corruption et de détournement de fonds publics.
Le personnel de l'entreprise à Tripoli au Liban-Nord, à Saïda au Liban-Sud, à Chehim dans l'Iqlim el-Kharroub ainsi qu'à Tyr a organisé des rassemblements et suspendu le travail pendant quelques heures pour dénoncer les « calomnies » ciblant M. Youssef et en guise de soutien au ministre des Télécommunications, Boutros Harb. Les employés ont brandi des bannières dénonçant la campagne menée à l'encontre du PDG d'Ogero et souligné par leurs slogans que ces « accusations sont fausses ».
« Ceux qui accusent le directeur d'Ogero et le ministre des Télécommunications devraient plutôt pointer leurs doigts en direction des secteurs qui témoignent d'un gaspillage flagrant et laisser tranquille le seul secteur qui travaille avec efficacité tout en alimentant le Trésor public. C'est le seul secteur productif, occupez-vous des institutions qui creusent le déficit de l'État », a lancé Mazen Hachicho, directeur du centre d'Ogero au Sud, à l'adresse des manifestants.
Pour sa part, le député Khaled Daher a conseillé au chef du PSP, Walid Joumblatt, d'arrêter cette campagne qu'il a qualifiée de « mascarade » en lui assurant « qu'elle n'est pas dans son intérêt ».
L'ancien député Misbah Ahdab a de son côté critiqué les rassemblements organisés par les employés d'Ogero dans le nord du pays. « Nous sommes surpris par ces mouvements de protestation soutenant M. Youssef, que nous avons défendu auparavant, et que nous avons regretté par la suite », a-t-il dit. « Vous demandez aux habitants de Tripoli de manifester lorsque vos intérêts sont menacés, mais personne ne pense à ces malheureux qui sont délaissés lorsqu'ils sont poursuivis par la justice, torturés et même affamés face à un État qui les ignore », a-t-il ajouté à l'encontre des responsables qui auraient été à l'origine de ces mouvements de protestation.

« La Fassad »
D'autres manifestants ont accroché par ailleurs des bannières à Batroun sur l'autoroute principale, exprimant leur plein appui au ministre Boutros Harb qui s'est empressé de remercier ses partisans en leur assurant que la justice dans laquelle il a pleinement confiance allait prendre son cours dans cette affaire. Après avoir demandé aux manifestants de retirer les affiches, le ministre a exprimé son intention de poursuivre sa mission au sein du ministère afin de « maintenir le Liban en tête dans le domaine des télécommunications ».
L'association de lutte contre la corruption, La Fassad, a dénoncé pour sa part, dans un communiqué publié hier, l'impunité générale au Liban concernant les dossiers de corruption lorsqu'il s'agit d'une figure publique influente. « Celle-ci court se protéger derrière sa communauté ou sa région, ce qui est le cas avec le directeur d'Ogero », ajoute le texte.
« Pour quelles raisons M. Youssef ne s'est pas rappelé de Tripoli dans les différents projets du ministère des Télécommunications, notamment lorsqu'il s'agissait de recruter des employés à Ogero, lui qui était conscient des besoins urgents de cette région qui souffre d'un taux élevé de chômage ? » peut-on aussi lire dans le communiqué. « Les services de téléphonie mobile et d'Internet sont dans un piteux état au Nord, surtout au Akkar, sans aucune raison valable, sans mentionner les travaux de maintenance sur le réseau qui sont sciemment négligés dans ces régions. Pour M. Youssef, les habitants du Akkar appartiendraient-ils à une catégorie inférieure qui ne mérite pas de bénéficier d'un service de téléphonie sans failles ? » reprend le communiqué.
Abdel Menhem Youssef a témoigné la semaine dernière devant le procureur général financier, Ali Ibrahim, au sujet des plaintes de corruption déposées à son encontre par les jeunes du PSP.
La commission de la jeunesse du PSP accuse M. Youssef de corruption et de détournement de fonds publics réservés à la gestion d'une institution de l'État. L'Inspection centrale a engagé des poursuites contre le PDG d'Ogero pour des violations présumées qu'il aurait commises dans l'exercice de ses fonctions. Toutefois, ce dernier fait valoir que les fonctionnaires de l'Inspection centrale sont de mauvaise foi et que leurs intentions sont malhonnêtes.