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Culture - Rencontre

Julien Libeer, loin de toute virtuosité creuse...

Une crinière châtain clair de fauve. De l'allure, du peps, de la grâce, de la jeunesse. Et un talent qui relève du sensationnel, sans être tapageur. Julien Libeer est un pianiste qui scotche le spectateur sur son siège. Rencontre...

Photo Michel Dubus

Chemisette blanche à col Mao, jeans beige clair, silhouette filiforme, un regard porcelaine pervenche. À peine débarqué de l'aéroport, interview dans le hall de son hôtel. Impression de Beyrouth pour un premier voyage au pays du Cèdre ? « Le chauffeur filait à vive allure, répond-il, mais à travers la nuit et l'autoroute dans la vitre, on sent que ça vit.... Je suis très heureux d'être ici. J'espère avoir l'occasion de parler aux gens... »
Une aura de supervedette le précède. Un parfum capiteux diffusé par Maria Joâo Pires et Alexandre Tharaud qui lui a remis, à ses vingt ans, le prix Juventus. Plus éloquent que silencieux, un regard à la fois tendre et d'acier, et ces longues mains blanches omniprésentes, libellules qui se posent calmement sur la tasse de thé vert...
Invité en concertiste absolu dans les salles les plus prestigieuses d'Europe (Paris, Barcelone, Madrid, Londres, Amsterdam), ce garçon de 28 ans qui en paraît beaucoup moins n'en est pas moins un excellent chambriste qui a fait ses armes avec, entre autres, le quatuor Artemis et Alban Berg.

Et le voilà, pour un concert unique ce soir dans le maillon des évènements du festival Beirut Chants, qui débarque dans l'effervescence de la capitale aux portes de Noël. En cadeau, il apporte dans sa hotte des partitions superbes, riches de sonorités étincelantes. Il a fait sienne la formule de Maria Joâo Pires : la technique n'existe pas, et on veut bien la (et le) croire, mais comment comprendre alors ces joyaux du répertoire pianistique exécutés avec tant d'aisance, de brio, d'ardente intériorité et de maestria ?

(Lire aussi : Hakim-Lanzillotta-Foison : première mondiale à Beyrouth)

 

« Bien jouer ce soir... »
Il y a certainement un truc, un miracle, un point caché quelque part... Plus l'artiste s'approche de la base, plus le musicien doit s'en éloigner. Et laisser à l'imaginaire et aux sentiments une place prépondérante.
Belge, originaire de Courtrai mais vivant actuellement à Bruxelles, formé aujourd'hui sous la houlette de Daniel Blumenthal, Bashkirov et Abdel Rahman el-Bacha, son approche des œuvres est celle d'un musicien qui se fie à ses instincts et sa voix intérieure, et, quoi qu'on en dise, à son extraordinaire et imparable maîtrise des touches d'ivoire. Touches qu'il pétrit, malaxe, triture, effleure et caresse avec cette fougue et cette énergie inépuisables que seuls possèdent les jeunes passionnés. Tout en offrant à l'auditeur une singulière maturité.

Fervent admirateur de Dinu Lipatti, pianiste roumain au jeu d'une extraordinaire pureté, il est contre « toute virtuosité creuse », dit-il. « Inclure par exemple la Rhapsodie hongroise de Liszt n'est pas mon truc... »
Avez-vous un rêve ? « Oui. Bien jouer ce soir... » Jolie pirouette agrémentée d'un triolet inattendu pour conclure. Comment en serait-il autrement ?
Pour les « pianophiles » chevronnés et avertis, il interprétera dans le cadre de l'église Saint-Maron (à Gemmayzé) des pages de Haydn, Beethoven, J.S. Bach et Ravel. Architecture fine et dentelée de notes entre métaphysique, lumière et poésie, et un joyau ciselé comme une scintillante et rare pièce d'orfèvrerie. On parle en dernière référence surtout de cette merveilleuse suite pour six pièces appelée Tombeau de Couperin...

 

Pour mémoire
Violoncelle et piano en un duo complice

Le céleste hymne des anges de Puccini

Les fêtes à Beyrouth, sur une note de musique sacrée

Chemisette blanche à col Mao, jeans beige clair, silhouette filiforme, un regard porcelaine pervenche. À peine débarqué de l'aéroport, interview dans le hall de son hôtel. Impression de Beyrouth pour un premier voyage au pays du Cèdre ? « Le chauffeur filait à vive allure, répond-il, mais à travers la nuit et l'autoroute dans la vitre, on sent que ça vit.... Je suis très heureux...

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