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Culture - Musique

Hakim-Lanzillotta-Foison : première mondiale à Beyrouth

Ils sont enthousiastes et ravis d'être au pays du Cèdre. Deux musiciens pour une soirée phare du festival Beirut Chants. Entre sapins scintillants et vitrines en fête, rencontre avec le chef d'orchestre et la pianiste, à l'œuvre ce soir pour, entre autres, le « Concerto pour piano et orchestre » du compositeur libanais.

Claire Foison et Francesco Lanzillotta ravis de jouer à Beyrouth. Photo Michel Sayegh

Les cheveux noirs de geai en bataille, la silhouette fine, l'allure jeune même si tous ses vêtements sont assortis en tons gris, le regard pétillant, Francesco Lanzillotta (il y a certainement du sire Lancelot dans ces sonorités ensoleillées...), romain de souche, n'en est pas à son premier séjour beyrouthin. Sous sa baguette, on croise tout aussi bien Wagner que Brahms, Prokofiev ou Chostachovitch. Ainsi que les compositeurs du siècle de la Lumière...


Troisième séjour en terre libanaise pour ce violoncelliste, pianiste, compositeur et chef d'orchestre de 38 ans qui trouve l'énergie des gens et des lieux communicative (cela va de Lugano à Florence, en passant par Venise, Milan, Naples, le Canada et la Bulgarie). Il s'entretient volontiers et en toute simplicité de cet aspect «positif» de vivre la musique au cœur de Beyrouth. Aussi bien du côté des musiciens de l'orchestre que de l'auditoire.


Dans un mélange de genres, d'époques et d'horizons, les partitions de Beethoven (Symphonie n° 1), Rossini (ouverture de L'italienne à Alger) et la première mondiale du Concerto pour piano et orchestre de Naji Hakim se mêlent entre clochers et minarets, entre vieilles pierres de style florentino-vénitiennes et arrogants monolithes en aciers, entre rives méditerranéennes et ciel immuablement bleu.


Quelques lumières sur le concerto (une trentaine de minutes) de notre organiste national et international, célèbre successeur d'Olivier Messiaen à l'église de la Trinité. Et Lanzillotta de préciser : « Il y a dans cette œuvre un style singulier. Pas une seule ligne mélodique, mais plusieurs qui en font une véritable polyphonie. Avec une part virtuose pour clavier et cordes. Les deux jouent ensemble. C'est un peu comme le Concerto n°2 de Brahms. Bien sûr, il y a aussi une certaine "orientalité" notamment à travers des modalités qui changent et traversent les phrases... Avec des difficultés techniques et autant de palettes d'expressivités et d'affectivités. Et cela aussi bien pour les musiciens exécutants que l'auditoire. »
Comment aurait-il pu appeler cette œuvre ? Grand éclat de rire, un instant de réflexion et la réponse fuse, mi-sérieuse, mi-ludique : « La rencontre musicale entre Francesco et Claire ! »

 

(Pour mémoire : Violoncelle et piano en un duo complice)

 

Mélodies levantines inventées
À côté de lui, de l'autre côté de la table, Claire Foison écoute en souriant. Et souscrit à ses dires. Cheveux châtains lisses, regard clair comme son prénom, sage jaquette en laine bleu marine, la pianiste, voisine de classe de Naji Hakim, pour son premier voyage au Liban vient en toute amitié, « curieuse de comprendre l'histoire d'un pays dont elle a tant entendu et lu... ». Et où tout prend pour elle sa véritable signification.
Avant de fouler le sol libanais, elle a parcouru les partitions d'un large éventail de compositeurs de notre mosaïque de communautés. Et de citer, dans toutes leurs différentes inspirations, Georges Baz, Toufic el-Bacha, Violaine Prince, Karim Haddad et Boghos Gélalian.


À son actif déjà, c'est-à-dire sous ses doigts sur les touches d'ivoire, les œuvres de Sevag Dergougassian, Abdel Rahman el-Bacha et... Naji Hakim. Naji Hakim qu'elle rencontre suite « au bruit » que faisaient ses élèves au Conservatoire Boulogne-Billancourt où elle enseigne. Et que l'organiste, son voisin, tente d'endiguer... Alors, en guise de calumet de paix et d'entente, coup d'œil sur l'œuvre complète du compositeur de Phèdre (donnée au Bustan).
Et Claire Foison de souligner au maître : «Il manque à ce monumental album une œuvre pour piano et orchestre.» Aujourd'hui, c'est chose faite. Pour le compositeur et l'interprète.


Comment qualifier cette œuvre ? Le visage de la pianiste s'illumine. Cette admiratrice de Martha Argerich, fervente adepte de Debussy, mais aussi de Chopin, Brahms, Scarlatti (et qui prend les couleurs et l'esprit des partitions qu'elle interprète) commence par préciser qu'« il s'agit d'abord d'une œuvre de facture classique». Puis, elle ajoute : « C'est une part de la vie de Naji Hakim, une sorte d'autobiographie musicale incluant marche, valse et thème oriental. Avec des harmonies spécifiques, un mélange d'occidental et d'oriental, où les mélodies levantines sont inventées. Avec la présence de rythmique extraordinaire requérant agilité, car il y a une grande rapidité dans le changement de dynamique. Il y a là surtout une véritable quête pour les couleurs... C'est une joie immense, dans un esprit d'interaction et de réciprocité, que d'interpréter au Liban la musique d'un compositeur libanais. Recevoir d'un pays, c'est bien. Mais c'est encore mieux quand on peut exprimer aussi ses sentiments d'amitié, de partage, d'altérité, de reconnaissance, de gratitude et de don... »


Des pages de Beethoven, Rossini et une œuvre inédite de Naji Hakim (Concerto pour piano et orchestre) sont données ce soir (20 heures précises) à la cathédrale Saint-Georges des maronites (centre-ville) avec l'Orchestre philharmonique du Liban sous la direction de Francesco Lanzillotta et, en soliste, la pianiste Claire Foison.
Ce concert est en collaboration avec le CNSM, Beirut Chants et le Centre de patrimoine musical libanais.

 

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