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Culture - Beirut Chants

Violoncelle et piano en un duo complice

Hier soir, deux virtuoses russes ont fait vibrer le public de l'église Saint-Louis des capucins. Rencontre.

Applaudissements nourris pour deux virtuoses russes.

Ils passent leur existence dans les aéroports et dans les airs. Enregistrement des bagages, portiques de sécurité, décollage, atterrissage, visa : le même rituel se produit plusieurs fois par mois pour les deux musiciens. Toutes ces phases entrecoupées d'attentes, le pianiste Alexander Ghindin et le violoncelliste Boris Andrianov ne les connaissent que trop bien. « Voyager fait partie de nos vies, nous sommes habitués, désormais. De toute manière, c'est toujours un plaisir de découvrir un pays, de rencontrer de nouvelles personnes, tout en jouant », explique le pianiste quelques heures avant la représentation dans le cadre de Beirut Chants. « Cela dépend de la compagnie aérienne », rétorque Boris en riant.
Étant donné que les deux musiciens ont déjà joué à plusieurs reprises à Beyrouth, la capitale libanaise leur devient peu à peu familière. Alexander Ghindin est ravi d'avoir été invité à s'y produire une nouvelle fois grâce à la mobilisation du festival Beirut Chants. « Tant de communautés et de religions vivent ici. Parfois pacifiquement, parfois malheureusement dans la confrontation. Mais la musique apporte une harmonie dont nous avons tous besoin », assure-t-il avant de s'occuper des derniers réglages...


Sobre, vêtu de noir, le pianiste s'installe dans un silence religieux à 20 heures précises. L'église Saint-Louis des capucins est pleine à craquer. Après la véloce barcarolle de Schubert, Auf dem Wasser zu singen (À chanter sur l'eau), l'émouvante sérénade de Liszt apaise les esprits. Le public retient son souffle jusqu'à l'ultime son, la dernière note issue du piano. Le violoncelliste apparaît alors et entame en duo la Sonate numéro 2 de Beethoven. Boris Andrianov et Alexander Ghindin se connaissent depuis 26 ans, les deux Russes sont vite devenus amis à force de se côtoyer. Les deux hommes ne se croisent que très rarement. Pourtant, le respect et la bienveillance mutuelle qu'ils se portent apparaît autant en coulisses que sur scène. Les musiciens sont plus qu'à l'écoute l'un de l'autre. Ils ne se font pas face, mais vivent chaque note ensemble. Rapidité d'exécution, clarté des sons, justesse des notes, rien ne fait défaut. Le violoncelliste quitte la scène au milieu de la représentation, le temps d'un solo de piano qui coupe malheureusement la dynamique du duo auparavant enclenchée. Alexander Ghindin impressionne pourtant par son agilité et sa délicatesse.

 

Apprentissage et abnégation
Le violoncelliste trentenaire – récompensé par le prix Rostropovitch – refait son apparition pour interpréter une sonate de Debussy. La facilité apparente avec laquelle les deux musiciens manient leurs instruments laisserait presque oublier les milliers d'heures d'apprentissage, d'abnégation et de répétitions qu'il leur a fallu pour atteindre ces sommets. Tous deux ont été de jeunes surdoués, Alexander Ghindin a été distingué très tôt. En 1994, il a reçu le prestigieux prix Tchaïkovsky alors qu'il n'avait que 17 ans. Cela semblerait difficile de garder cette perfection durant toute une carrière mais lui en est certain, il s'est amélioré les années passant. « Être musicien est un métier fantastique car il est impossible de stagner. Soit tu progresses, soit tu perds le niveau que tu avais acquis », confiait-il quelques heures avant le concert. Hier soir, le duo a provoqué de longues salves d'applaudissements.
Après Saint-Pétersbourg la semaine dernière et cette représentation libanaise, Boris Andrianov s'envolera bientôt pour l'Espagne. Alexander Ghindin, lui, partira jouer en France. Les routes du violoncelliste et du pianiste se séparent une nouvelle fois pour plusieurs mois, mais leur complicité n'a pas fini de faire des étincelles musicales.

 

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enfin un peu de douceur dans un monde de brutes

kindarji joseph

08 h 57, le 09 décembre 2015

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Commentaires (1)

  • enfin un peu de douceur dans un monde de brutes

    kindarji joseph

    08 h 57, le 09 décembre 2015

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