Le procès de l'ancien ministre Michel Samaha devant le tribunal militaire a été une fois de plus reporté au 10 décembre prochain, à la demande de la défense. Celle-ci a sollicité un délai supplémentaire pour prendre connaissance, cette fois-ci, des données téléphoniques relatives aux appels qui avaient eu lieu – du 9 février au 9 août 2013 – entre M. Samaha et Milad Kfoury, l'informateur des services de renseignements des FSI. Selon la défense, l'informateur « avait tendu un piège à l'ancien ministre » menant à son arrestation, en août 2013.
« Ces données, a précisé l'avocat de défense de M. Samaha, Sakher el-Hachem, nous sont utiles pour montrer que c'est Milad Kfoury qui avait pris contact avec M. Samaha pour l'entraîner dans le piège. Nous voulons en outre nous assurer qu'aucun élément n'a été retiré de ces données », a-t-il dit au juge qui présidait l'audience, Tony Lattouf.
Le 3 juin dernier, la Cour de cassation militaire avait accepté le pourvoi en cassation présenté par le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Sakr Sakr, qui sollicitait notamment la présentation de bandes vidéo et d'enregistrements qui n'avaient pas été visionnés et entendus lors du premier procès, en mai dernier.
Dans ces enregistrements, on voit clairement M. Samaha converser avec l'informateur Milad Kfoury, lui livrant les plus infimes détails de l'opération terroriste planifiée, notamment des attentats qui devaient être commis dans le nord du pays, visant des personnalités politiques et la population civile. M. Samaha a également révélé dans les vidéos les noms des commanditaires, à savoir le président syrien Bachar el-Assad et le général Ali Mamlouk, son conseiller en matière sécuritaire.
Le juge Sakr avait déposé un recours en cassation le 18 mai dernier. Il avait notamment demandé que la décision prise en première instance soit considérée comme nulle et non avenue et que l'ancien ministre soit à nouveau jugé.
Lors de l'audience d'hier, au cours de laquelle la cour devait en principe entendre la version des faits de la bouche de l'accusé, la défense a fait valoir que son client « n'est pas prêt pour l'interrogatoire ». Le juge a fait remarquer à la défense que c'est la quatrième fois qu'elle avance le même argument, rappelant que l'audience a déjà été reportée à plusieurs reprises.
Me Hachem a insisté, une fois de plus, sur l'importance de vérifier, dans les moindres détails, les données téléphoniques dont certains éléments, « considérés comme fondamentaux, ont été sciemment retirés », a argué l'avocat, dénonçant une opération d'« altération » de la preuve. Ce à quoi le juge a répondu : « Il n'y a pas un seul tribunal, que ce soit en Suisse ou même en Suède, qui pourrait vous accorder ce que nous vous accordons. » Et de rappeler, en s'adressant à l'accusé, que la procédure normale à suivre avant même d'évoquer la question des données téléphoniques « est d'entendre le déroulement des événements ». Le juge a ajouté qu'il est « dans l'intérêt de l'accusé que le procès prenne son cours », avant de consentir au report de l'audience, la prochaine devant être consacrée au récit de l'accusé.
Liban - Affaire Samaha
La défense obtient encore une fois le report du procès
L'avocat de l'ancien ministre dénonce « une altération » de la preuve.
OLJ / le 27 novembre 2015 à 00h00
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LA LIBRE EXPRESSION
09 h 47, le 27 novembre 2015