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Liban - Décryptage

En dépit de l’escalade verbale, le dialogue reste une priorité

Depuis que le ton est monté entre le courant du Futur et le Hezbollah, beaucoup de questions sont posées sur la possibilité d'un scénario de déstabilisation du Liban. Le discours du ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, au cours de la cérémonie de commémoration du souvenir du général Wissam el-Hassan, dans lequel il a menacé de se retirer de la conférence de dialogue, et la réponse presque immédiate du secrétaire général du Hezbollah ont été considérés comme le prélude à une période de vide politique annonciateur de troubles sécuritaires.

Cette soudaine escalade verbale était d'autant plus inquiétante que le ministre de l'Intérieur est généralement considéré comme « la colombe » du courant du Futur et le responsable de ce parti le plus ouvert en direction du Hezbollah. Le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, ne s'est d'ailleurs pas privé de rappeler que le ministre Machnouk tient un tout autre langage dans le cadre des réunions de dialogue entre le Hezbollah et le courant du Futur. Mais la réponse la plus virulente est venue de Hassan Nasrallah lui-même, qui a clairement déclaré dans son dernier discours : « Que personne ne nous fasse l'aumône de participer au dialogue national ou au gouvernement. Que celui qui veut se retirer le fasse. Bon vent. »
Le secrétaire général du Hezbollah, qui n'a cessé, même pendant les périodes de tensions extrêmes entre sunnites et chiites, de prôner le dialogue et l'ouverture, a pratiquement dit à ses interlocuteurs du courant du Futur qu'il n'accepte pas un chantage au sujet du dialogue ou même de la survie du gouvernement. Selon lui, le plus grand perdant si le gouvernement démissionne ou si le dialogue est interrompu, c'est bien sûr le Liban, mais surtout le courant du Futur lui-même. Il répondait ainsi à la thèse courante chez le courant du Futur selon laquelle le Hezbollah a dramatiquement besoin du fonctionnement des institutions au Liban et de la stabilité qui en découle parce qu'il est trop impliqué dans la guerre en Syrie pour pouvoir s'occuper de la scène interne. Le secrétaire général a donc choisi la commémoration de la mort d'un de ses cadres militaires les plus importants, tué en Syrie, pour répondre au courant du Futur et préciser ainsi que la menace du vide institutionnel ne lui faisait pas peur et qu'elle pouvait se retourner contre celui qui la brandit.
En parallèle à cette riposte politique, les informations sur des arrestations par les différents services de sécurité libanais de membres de cellules jihadistes se sont multipliées ces derniers jours pour bien montrer que la situation sécuritaire reste sous contrôle et qu'il n'est donc pas question de mettre en cause la stabilité du Liban. Même la mort de plusieurs membres du Front al-Nosra à Wadi Hmayed, dans le jurd d'Ersal, dans un de leurs lieux de rassemblement, loin des camps de réfugiés, s'inscrit dans ce cadre. Même si les circonstances de cette opération restent confuses, certains parlant d'un obus tiré de Syrie, d'autres évoquant une opération de l'armée par l'envoi d'un missile lancé par un drone.
Quelle que soit la version retenue, cette opération montre une nouvelle fois que la situation sécuritaire du pays doit rester sous contrôle et que ce n'est pas parce qu'il y a un blocage politique que le Liban doit se transformer en champ de bataille. L'inquiétude commençait pourtant à se faire sentir, après la riposte des ulémas sunnites à l'intervention militaire russe en Syrie, qui laissait croire qu'en lançant ses bombes au-dessus de la Syrie, le président russe Vladimir Poutine était en train de provoquer une nouvelle guerre entre les chrétiens orthodoxes et les sunnites dans l'ensemble du monde arabe. Ce sentiment est venu s'ajouter aux rumeurs sur une éventuelle volonté des combattants du groupe État islamique et d'al-Nosra de se réfugier au Liban pour fuir les bombardements russes sur la Syrie et parce que les frontières avec la Turquie et l'Irak sont devenues difficiles d'accès.
C'est donc dans ce contexte que le ministre de l'Intérieur a prononcé son discours qui a été considéré comme le début d'une nouvelle phase de confrontation entre le Hezbollah et le courant du Futur avec la rupture de tout dialogue. Les sources proches de Aïn el-Tiné se veulent malgré tout rassurantes. À peine rentré d'un voyage qui l'a mené de Roumanie à Genève, le président de la Chambre, Nabih Berry, a repris ses initiatives pour rétablir les ponts entre les différents protagonistes. Il a profité d'un coup de fil du chef du courant du Futur, Saad Hariri, qui le félicitait d'avoir été élu à la tête de l'Union parlementaire arabe, pour insister sur l'importance de maintenir les deux dialogues, celui avec le Hezbollah et celui qui regroupe les composantes politiques nationales. Selon les mêmes sources, M. Hariri aurait été coopératif, assurant que sa formation ne comptait pas se retirer du dialogue.
De même, des sources diplomatiques affirment que les Égyptiens, qui ont de bonnes relations avec les deux camps, seraient aussi intervenus pour les inciter à ne pas rompre le dialogue, même superficiel, entre eux. La première concrétisation de cette volonté de revenir au dialogue a eu lieu hier place de l'Étoile avec l'ouverture de la session parlementaire ordinaire avec l'élection des commissions et des membres du bureau de la Chambre. Il faudra attendre les prochains jours pour voir si cette tendance se confirme, sachant que la reprise du dialogue ne signifie nullement la solution des problèmes, mais uniquement la volonté d'éviter les débordements sécuritaires.

Depuis que le ton est monté entre le courant du Futur et le Hezbollah, beaucoup de questions sont posées sur la possibilité d'un scénario de déstabilisation du Liban. Le discours du ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, au cours de la cérémonie de commémoration du souvenir du général Wissam el-Hassan, dans lequel il a menacé de se retirer de la conférence de dialogue,...

commentaires (7)

S'IL Y AVAIT DIALOGUE ON L'AURAIT COMPRIS... MAIS QUE PEUVENT DIRE LES MUETS-SOURDS ET QUE PEUVENT RÉPONDRE LES SOURDS-MUETS... TRÈS CHÈRE MADAME SCARLETT HADDAD ?

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 52, le 21 octobre 2015

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Commentaires (7)

  • S'IL Y AVAIT DIALOGUE ON L'AURAIT COMPRIS... MAIS QUE PEUVENT DIRE LES MUETS-SOURDS ET QUE PEUVENT RÉPONDRE LES SOURDS-MUETS... TRÈS CHÈRE MADAME SCARLETT HADDAD ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 52, le 21 octobre 2015

  • Grosso modo on est tjrs dans les memes shemas de la resistance qui bosse et des opposants imcompetents et inutiles qui tek hannak ! Et dans le meme topo d'eclairages incandescents de notre lumiere Scarlett a qui on dit un grand Merci Madame . Et chacun retournera a ses occupations s'ils en ont une .

    FRIK-A-FRAK

    16 h 04, le 21 octobre 2015

  • L'escalade verbale... Ce n'est pas avec des accusations et des contre-accusations que l'on bâtisse un Etat. Il est plus facile de détruire que de bâtir. Regarder le Professeur Nimbus de Rabié, depuis 1990 ses accusations et ses vociférations contre la Syrie de Assad, puis contre le Moustaqbal et le 14-Mars, puis contre ses ex-frères d'armes... cela a abouti à l'anéantissement de toutes ses prétentions et de tous ses rêves revanchards. Un dicton libanais : Le jaloux ne règne pas... (Al-hassoud, la yassoud...)

    Un Libanais

    13 h 45, le 21 octobre 2015

  • Ahhh.. le retour de la Lumière (... pas de doute, je suis amoureux!). Merci Madame Scarlett... comment vous faites pour comprendre et les autres pas? bon, j'ai quand meme ma petite idée. Scar-lett-4-prési-dainte! Scar-lett-4-prési-dainte!

    Ali Farhat

    13 h 33, le 21 octobre 2015

  • L'inefficacité du "dialogue" ne cesse pas d'affaiblir le politique et relancer les manifestations de rue....pauvre Liban!

    Beauchard Jacques

    09 h 39, le 21 octobre 2015

  • Ça ? Un "décryptage" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 50, le 21 octobre 2015

  • Pays sans tête, pays mensonge. Un gouvernement mensonge qui ne gouverne pas. Un Parlement mensonge qui ne légifère pas. Des partis politiques mensonges réduits chacun au nombril d'un zaim. Une "résistance" mensonge. Un dialogue mensonge. Tout est devenu mensonge sur ces rivages. A quand l'éclatement de la vérité ?

    Halim Abou Chacra

    04 h 07, le 21 octobre 2015

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