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Liban - Polémique

Le Hezbollah accuse la logique saoudienne d’être « la source de la maladie au sein de l’islam »

Ministres et députés du parti chiite plaident en faveur d'une commission d'enquête sur le drame de La Mecque et accusent l'Arabie de bloquer les institutions au Liban.

Le ministre Hussein Hajj Hassan, au cours de son allocution à Younine. Photo Ani

Par la voix de plusieurs de ses principales figures, le Hezbollah a tiré à boulets rouges, ce week-end, sur l'Arabie saoudite, l'accusant de tous les maux au plan régional et local. Sur les thèmes récurrents dans la rhétorique des cadres politiques du parti chiite ce week-end – le drame des pèlerins à La Mecque et le blocage des institutions et des nominations au Liban –, Riyad ou, par procuration, le courant du Futur, a systématiquement été pointé du doigt comme étant le grand coupable.
La charge la plus importante du Hezbollah contre l'Arabie a porté sur l'événement tragique survenu à Mina, qui avait coûté la vie à 769 morts, dont 464 Iraniens selon Riyad. Un bilan contesté par l'Iran, qui avance le chiffre de 2 000 à 4 000 morts.
S'alignant sur la position de Téhéran, le Hezbollah a demandé des comptes aux autorités saoudiennes, en raison notamment de sa gestion du drame. Dans une allocution à Younine (Baalbeck), le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, a appelé à des sanctions contre les responsables saoudiens, tandis que d'Ansariyé (Liban-Sud), le ministre Mohammad Fneich a dénoncé « la négligence » et « l'absence de considération de l'Arabie pour la dignité de l'homme », plaidant en faveur d'« une enquête transparente et juste ». En contrepartie, le député Hassan Fadlallah a rendu hommage à Téhéran et aux dirigeants iraniens, et plus particulièrement à l'ayatollah Khamenei, au cours d'une cérémonie de remise de diplômes à Qana (Liban-Sud). Car, sans leurs positions, ce « drame aurait été occulté », a-t-il ajouté. Et la réaction iranienne face à l'attitude de l'Arabie prouve qu' « en Iran, il y a un État qui respecte son peuple et ses citoyens », a souligné M. Fadlallah, non sans attirer l'attention des autorités libanaises sur le fait qu'un Libanais, Haïdar el-Husseini, fait partie des personnes portées disparues depuis la bousculade.

« Chute terrible »
Le député Ali Fayad est monté, pour sa part, d'un cran supplémentaire dans son attaque contre Riyad. Dans une allocution à Nabatiyé, il a estimé que « cette affaire révèle l'autre face de ce royaume, dont la politique, l'idéologie et la pensée sont fondées sur la haine ». « Le pire, le plus douloureux a été la manière avec laquelle l'Arabie a géré l'affaire, sans se soucier des blessés, les abandonnant des heures durant, en empilant les corps, en dissimulant le nombre réel de martyrs et de blessés, et en fuyant ses responsabilités. Les médias saoudiens ont créé des histoires et lancé des accusations sans fondements », a-t-il noté. « Cette logique sous-développée représente les sources de la maladie et du dysfonctionnement au sein de notre réalité islamique. Ce qui s'est produit représente une chute terrible du point de vue de la civilisation, de la religion, de la morale et de l'humanité », a-t-il ajouté.
Interpellant les dirigeants saoudiens lors d'une cérémonie de remise de diplômes à Tyr, le député Nawaf Moussaoui a dit, sur le même ton : « Nous voulons savoir : veillez-vous sur les Lieux saints ou non ? Si vous en êtes responsables, vous devez assumer la responsabilité de ce qui s'y est produit. Il y a plus que des erreurs, et cela nécessite la formation d'une commission d'enquête regroupant les représentants des pays auxquels appartiennent les pèlerins-martyrs. Que cette commission assume ses responsabilités, établisse les faits et livre ses résultats. Cependant, la détermination des autorités saoudiennes à refuser d'assumer leurs responsabilités, ainsi que leur rejet de la formation d'une commission d'enquête, ou de livrer les corps à un médecin-légiste, cela est de nature à les condamner et incite les musulmans à douter que ce qui s'est produit était vraiment une bousculade. »
Et M. Moussaoui d'ajouter : « Cela était plus qu'une bousculade : près de 4 000 pèlerins ont péri dans ce drame. Il est étonnant que certains membres du chœur au service des sultans nous demandent de remercier les autorités saoudiennes pour leur bonté (...). Comment pourrions-nous accepter un tel traitement ? Lorsque nous demandons des éclaircissements, les autorités saoudiennes donnent à leur machine médiatico-politique des directives de lancer une guerre contre nous. »

Blocage institutionnel ? Cherchez Riyad...
Mais l'attaque sur Riyad ne s'est pas cantonnée au drame de Mina. « Le régime saoudien assume la responsabilité du blocage de la présidence de la République au Liban. Ce régime veut imposer un président qui soit à la mesure de ses intérêts et de ses désirs », a ainsi indiqué sayyed Safieddine, faisant assumer à l'Arabie la responsabilité du blocage institutionnel.
« Nous appelons le courant du Futur à tenter de se libérer autant que possible de cette pression saoudienne. Le Futur est capable de comprendre que la stabilité et l'entente au Liban ne supportent pas la politique de la guerre en bonne et due forme que l'Arabie mène dans chaque pays arabe, tantôt avec les fusils et les tueries, et tantôt par des moyens financiers », a lancé de son côté Nawaf Moussaoui.
« Le Liban ne peut supporter la politique guerrière de l'Arabie, il a besoin d'entente entre ses fils. Cela nécessite que le Futur dispose d'un minimum d'indépendance, alors que nous savons qu'il n'en a pas les moyens. Le Futur doit au moins dire à ses alliés et ses maîtres que le Liban a une spécificité qu'il convient de préserver. Le pays ne doit pas rester paralysé comme il l'est actuellement », a poursuivi M. Moussaoui.
« Nous savons que la clef pour redynamiser les institutions commence par l'élection d'un président. Le problème à ce niveau, c'est que l'Arabie veut décider qui doit occuper ce poste. Or les bases de l'entente et du pacte national donnent à nos partenaires nationaux, les chrétiens, le droit de choisir leur représentant, et ils l'ont fait à travers les législatives, et lors de leur rassemblement hier sous l'étendard du général Aoun. Celui qui bloque l'élection aujourd'hui, c'est le régime saoudien, qui refuse le général Aoun, uniquement parce que ce dernier est indépendant dans sa prise de décision », a noté Nawaf Moussaoui.
Par-delà Riyad, c'est donc le 14 Mars, et plus particulièrement le Futur et son chef de bloc parlementaire, le député Fouad Siniora, qui ont concentré sur eux les foudres du parti chiite. Mohammad Fneich a ainsi accusé directement le 14 Mars et le Futur de bloquer les institutions, de même que le cheikh Nabil Kaouk, au cours d'une cérémonie funèbre à Salaa (Liban-Sud). Hussein Hajj Hassan, lui, s'en est pris à Fouad Siniora, qui « a brisé l'enthousiasme général de toutes les parties à trouver un règlement » au nœud gordien des nominations militaires, a-t-il dit. « L'ancien Premier ministre Fouad Siniora a fait avorter cette tentative, fidèle à l'habitude du Futur de faire avorter toutes les initiatives et de ne pas tenir parole », a-t-il dit, estimant que le Futur et le 14 Mars prétendent œuvrer pour une dynamisation de l'exécutif, mais agissent aux antipodes de ce principe, en bloquant les tentatives de compromis qui mettraient fin à la paralysie.
« Si vous pensez que vous pouvez briser le Courant patriotique libre (CPL) ou vous retourner contre tous les dialogues et toutes les initiatives qui ont tenté de trouver cette solution de compromis, et que le CPL va accepter, et nous avec lui, d'être brisé pour vos projets, vos intérêts et les diktats que vous recevez de l'étranger, vous vous faites des illusions. Nous ne permettrons pas que le CPL soit brisé et nous n'accepterons pas davantage de duperie et de retournement contre les ententes et les initiatives dont certaines venaient de vous », a souligné M. Hajj Hassan.
Quant à Hassan Fadlallah, il a choisi M. Siniora comme cible privilégiée : « Certains au sein du bloc du Futur ne veulent pas que ce gouvernement fonctionne, parce qu'ils ne veulent pas que le Premier ministre (Tammam Salam) réussisse et puisse bénéficier d'une situation propre au plan politique et populaire. Certains ne dorment pas la nuit parce qu'ils ne sont pas au Sérail. Nous savons de qui nous parlons, qui est celui qui bloque et qui rêve de retourner au Sérail. Mais il peut continuer à rêver car il n'y retournera pas. »

Par la voix de plusieurs de ses principales figures, le Hezbollah a tiré à boulets rouges, ce week-end, sur l'Arabie saoudite, l'accusant de tous les maux au plan régional et local. Sur les thèmes récurrents dans la rhétorique des cadres politiques du parti chiite ce week-end – le drame des pèlerins à La Mecque et le blocage des institutions et des nominations au Liban –, Riyad ou,...

commentaires (5)

C,EST OUBLIER A DESSEIN LA SECONDE FACE DE LA MEME MONNAIE !!!

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 27, le 05 octobre 2015

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Commentaires (5)

  • C,EST OUBLIER A DESSEIN LA SECONDE FACE DE LA MEME MONNAIE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 27, le 05 octobre 2015

  • Et pour chaque maladie , sa medecine . Celles des bensaoudos wahabites salafistes est prete en labo , il ne reste plus qu'a l'injecter pour l'eradiquer .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 54, le 05 octobre 2015

  • "Dans une allocution à Younine (Baalbick), H'ssééénélhajjhassne a appelé à des sanctions contre les responsables saoudiens, tandis que d'Ansariyé (Liban-Sud), fnaïch a dénoncé la négligence et l'absence de considération de l'Arabie pour la dignité de l'homme, tandis que l'hassine fadlallah le député Hassan Fadlallah a rendu hommage à Téhéran à Qana (Liban-Sud)." ! Au fond, qu'adviendra-t-il d'eux ces chïïtes, yâ harâm, cantonnés dans ces Cazas du Nord-Est et du Sud-Liban le jour où Damas tombera aux mains des "takfiristes, yîîî, sunnites n'est-ce pas ? !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 23, le 05 octobre 2015

  • "Ce Fadlallah a attirer l'attention des autorités libanaises sur le fait qu'un Libanais, Haïdar el-Husseini, faisait partie des personnes portées disparues depuis la bousculade.". Oui, mais que foutait ce Libanais(chïïte aussi?) au milieu de tous ces "pèlerins" Per(s)cés ? !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 16, le 05 octobre 2015

  • Consigne du week-end aux perroquets iraniens du Hezbollah : répéter à l'épuisement les violentes attaques et les termes de condamnation entendus à Téhéran contre l'Arabie saoudite pour l'épisode de Mina. Par ricochet, impliquer le Futur dans le violent bavardage. Hezbollah et Futur, le peuple en marre, marre, de vos polémiques stériles.

    Halim Abou Chacra

    05 h 57, le 05 octobre 2015

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