Beyrouth accueille la Commission du Fonds d’appui à la presse francophone

La cérémonie d'ouverture de la 27e Commission du Fonds d'appui à la presse francophone, relevant de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), s'est tenue hier à l'hôtel Rotana-Gefinor, à Beyrouth, insufflant une brise bienfaisante aux entreprises de presse qui misent sur la langue française pour véhiculer culture et valeurs universelles.

L'Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui se réunit tous les ans dans un pays francophone, a choisi cette année le Liban comme lieu de rencontre de la Commission du Fonds d'appui à la presse francophone dans le monde. Illustrant la diversité de la francophonie, cette commission est composée de 6 experts, français, béninois, camerounais, sénégalais, vietnamien et moldave. Ils sont chargés d'examiner les demandes d'aide aux entreprises de presse francophones qui veulent améliorer leurs performances au plan éditorial, ainsi qu'au niveau de leur développement technologique et de l'organisation de leur gestion. Le Fonds d'appui consacre chaque année 150 000 euros à cette fin, chaque entreprise ne pouvant profiter d'une subvention annuelle supérieure à 30 000 euros.

L'événement organisé à l'hôtel Rotana en partenariat avec L'Orient-Le Jour, sous le parrainage du ministre de l'Information, Ramzi Jreige, et en présence des représentants des ambassades d'États membres de l'OIF, a débuté mardi et prend fin aujourd'hui. Lors de la cérémonie d'ouverture des travaux, Nayla de Freige, directrice exécutive de L'Orient-Le Jour, a pris la parole pour souhaiter la bienvenue aux membres de la Commission du Fonds de soutien dont elle a fait d'ailleurs partie durant plusieurs années. Rappelant qu'en 2005, la commission internationale s'était déjà réunie au Liban, « ce pays qui va tant bien que mal et où les Libanais trouvent toujours la force d'affronter les difficultés », Mme de Freige a relevé « l'importance du rôle du français, langue de culture, de démocratie et de valeurs universelles, à l'heure du questionnement sur sa décroissance ou au contraire sur son développement ».

Le directeur de la paix, de la démocratie et des droits de l'homme de l'OIF, Christophe Guilhou, a pour sa part remercié le Liban pour son accueil de la Commission du Fonds d'appui, indiquant que la décision de l'OIF de choisir ce coin du Moyen-Orient pour la tenue de ses travaux est due à l'importance que représente pour la francophonie le pays du Cèdre. Le responsable français de l'institution internationale a également évoqué une autre raison de ce choix, à savoir le sentiment d'inquiétude de l'OIF concernant les médias francophones dans le monde arabe. « Dans cette région où la presse d'expression française est menacée, nous avons éprouvé la nécessité d'observer plus attentivement et de plus près les entreprises de presse afin de mieux percevoir leurs difficultés », a indiqué M. Guilhou.

Accompagner le développement des publications francophones
M. Guilhou a par ailleurs indiqué que le Fonds d'appui à la presse francophone est « né d'une forte volonté des États membres de l'OIF de se doter d'un mécanisme efficace pour encourager l'émergence des publications francophones et accompagner leur développement », soulignant que « ces 80 États ont en commun la défense des valeurs de paix, de démocratie et des droits de l'homme, consignées dans la Déclaration de Bamako » (texte de référence de la francophonie, adopté en 2000, NDLR). Il a ajouté que « le Fonds, ouvert en 2008 et spécialement dédié à la presse imprimée, a soutenu jusqu'à ce jour près de 170 organismes de presse francophones pour un montant total de 4,5 millions d'euros ».
Christophe Guilhou a, en outre, fait part d'une vision optimiste de l'OIF à l'égard de la francophonie, indiquant que celle-ci se porte bien dans les pays d'Afrique et qu'un très fort potentiel de croissance de la langue française est perceptible en Chine.

Sur un autre plan, mais toujours dans le but d'encourager le développement de la francophonie, le responsable de l'OIF a annoncé « le lancement d'un appel à projets qui s'intéresse à des presses francophones émergentes sur Internet, sachant que nombre de journaux imprimés ont aussi leur site sur le web ». Des prix seront, dans ce cadre, octroyés aux auteurs d'innovations relatives aux contenus éditoriaux, aux supports numériques et aux modèles économiques.

Dans son intervention, le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, a de son côté rappelé « les nombreux problèmes auxquels se heurte la presse éditée en français, notamment le manque de ressources financières ». M. Jreige a relevé à cet égard « l'importance du soutien d'organisations internationales aux organismes de presse francophones, à l'heure où les journaux de langue arabe sont financés par des partis politiques et des États avoisinants », espérant, dans ce cadre, « une diversification prochaine des aides financières, grâce notamment aux budgets publicitaires des sociétés françaises installées au Liban ».
Rendant hommage à L'Orient-Le Jour, à Magazine et au Commerce du Levant, « qui continuent contre vents et marées de paraître », le ministre de l'Information a salué les journalistes de la presse francophone qui « respectent, plus que leurs confrères de la presse arabe, les règles de la déontologie, leurs articles ne versant jamais dans l'invective et l'injure ».
En conclusion, M. Jreige a souhaité que « la presse d'expression française poursuive son œuvre en toute indépendance, et contribue davantage à développer l'usage de la langue française et à propager les valeurs de démocratie et de liberté, bases de la francophonie ».

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