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Liban

Les barreaux de Beyrouth et du Nord dénoncent le vide présidentiel et la corruption, et invitent à une réforme de la justice

C'est sur le thème « Non au vide présidentiel, non à la corruption » que les ordres des avocats de Beyrouth et de Tripoli se sont réunis hier, à la Maison de l'avocat, à Beyrouth. Ils n'ont pas manqué de reconnaître la légitimité des mouvements de protestation populaire, tout en appelant les manifestants à ne pas se tromper d'adresse.

Refus du vide présidentiel et de la corruption, mais également appel à la réforme du système judiciaire : telles sont les grandes lignes de la réunion générale regroupant les deux ordres des avocats de Beyrouth et de Tripoli, qui s'est déroulée à la Maison de l'avocat, à Beyrouth, sur le thème « Non au vide présidentiel, non à la corruption ».

Pour une élection purement libanaise
Face à la gravité de la crise que traverse le pays, « aux bombes lacrymogènes, aux cas de torture collective pratiquée sur les citoyens, au génocide collectif et social, au meurtre de la démocratie, au massacre des ambitions de la jeunesse »... le bâtonnier de Beyrouth, Georges Jreige, a dénoncé le 28e report de l'élection d'un président de la République et appelé à l'élection « purement libanaise » d'un président, comme solution à la crise. « Ce report est un mépris à l'intelligence de chaque Libanais, quelle que soit son appartenance », a-t-il martelé, invitant la classe politique à s'excuser auprès des citoyens pour leur avoir porté préjudice.
Saluant l'appel au dialogue du président du Parlement, Nabih Berry, M. Jreige a estimé que ce dialogue pourrait être utile, à première vue. Il pourrait aussi réactiver la libanisation de l'échéance présidentielle, par le biais d'un compromis. « Un compromis libanisé est mieux qu'une décision étrangère », a-t-il noté à ce propos. « Toutefois, l'élection d'un président de la République n'a pas besoin de dialogue, mais d'action et d'engagement, d'acceptation de la Constitution, de la seule Constitution et de rien d'autre que la Constitution », a affirmé M. Jreige. « Et si le dialogue échouait, s'est demandé le bâtonnier, la dernière cartouche pour libaniser l'élection présidentielle aura été gaspillée. »
Commentant les revendications du mouvement populaire, Georges Jreige a souligné que l'appel à la chute du régime « n'a pas sa place dans la rue ». « Au lieu de faire chuter le système, la revendication devrait plutôt être la réforme du système, mais après l'élection d'un président de la République, la formation d'un nouveau gouvernement, l'adoption d'une loi électorale moderne, la démission du Parlement et l'appel à de nouvelles élections législatives... », a-t-il souligné. C'est dans cette optique qu'il a invité les protestataires à protéger les institutions. « Ne vous trompez pas d'adresse. Protégeons le système et lançons une campagne pour le moderniser. »Le bâtonnier de Beyrouth a enfin appelé à la réforme du système judiciaire . « Certes, la justice est malade », a-t-il reconnu. « Mais il est possible de la guérir », a-t-il affirmé, indiquant que la réforme doit rendre la justice « indépendante du pouvoir politique. »

La pénurie d'eau et d'électricité
L'appel du bâtonnier de Tripoli, Fahd Mokaddam, a également insisté sur la nécessité de mettre fin au vide présidentiel. Un vide concomittant avec les revendications populaires pacifiques et légitimes, a-t-il noté, invitant par la même occasion au respect de la Constitution et à faciliter l'action du gouvernement. Constatant les souffrances quotidiennes du peuple libanais, il n'a pas manqué de dénoncer « la négligence » dont font montre les dirigeants politiques. « La pénurie d'eau et d'électricité, de même que la crise des ordures sont une réalité que nous refusons et qui ne doit pas se prolonger » , a-t-il martelé. « La solution à cette crise est que ce mouvement de protestation se dirige vers le Parlement pour l'élection d'un président de la République. Une élection qui sera suivie par la formation d'un gouvernement », a-t-il espéré. Me Mokaddam n'a pas manqué de faire part de ses craintes quant à une éventuelle détérioration de la situation au Liban, et plus particulièrement à l'ombre des guerres confessionnelles qui se déroulent dans la région.
Après avoir souhaité au président du Parlement plein succès dans son initiative visant à relancer l'appel au dialogue, le bâtonnier a insisté sur la nécessité de réformer l'appareil judiciaire. « Un pouvoir judiciaire sain est susceptible de rendre justice, de faire appliquer la loi et de traiter à égalité avec tous les citoyens sans distinction », a-t-il affirmé. Et de préciser que ceci nécessite « l'indépendance de la justice et l'interdiction absolue pour le pouvoir politique d'intervenir dans la justice, sous n'importe quelle forme ».
Dans cette optique, Me Mokaddam a émis le souhait que les gardes du corps des magistrats n'interviennent pas dans le travail de la justice. Il a également appelé à définir les prérogatives de la justice militaire. Il a enfin invité la justice à finaliser l'ensemble des dossiers en suspens et plus particulièrement les dossiers liés aux explosions qui ont touché les deux mosquées al-Taqwa et al-Salam à Tripoli. « Ce dossier est une blessure ouverte pour Tripoli », a-t-il regretté, précisant qu'il s'agit à la fois d'une revendication juridique et populaire de la première ville du Nord.

Refus du vide présidentiel et de la corruption, mais également appel à la réforme du système judiciaire : telles sont les grandes lignes de la réunion générale regroupant les deux ordres des avocats de Beyrouth et de Tripoli, qui s'est déroulée à la Maison de l'avocat, à Beyrouth, sur le thème « Non au vide présidentiel, non à la corruption ».
Pour une élection purement...

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