Berry donne raison aux manifestants et lance une initiative de salut

Face à la rue qui gronde, les initiatives de déblocage se multiplient. Aujourd'hui à Bkerké, un sommet religieux islamo-chrétien doit s'ouvrir sous la présidence du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, dans une tentative de sortir de l'impasse politico-constitutionnelle qui bloque l'État. Hier à Nabatiyeh, devant une foule d'officiels de tous bords, le président de la Chambre, Nabih Berry, a annoncé qu'il compte convoquer « au plus tard le 10 septembre une conférence de dialogue qui se limitera au Premier ministre ainsi qu'aux chefs des blocs parlementaires ». M. Berry, qui s'exprimait dans le cadre d'une imposante cérémonie organisée pour le 37e anniversaire de l'enlèvement de l'imam Moussa Sadr et de ses deux compagnons, Mohammad Yaacoub et Abbas Badreddine, a expliqué que « dans la forme, le dialogue voulu ressemblera à celui convoqué en 2006, mais non dans le fond, parce qu'il portera sur les cinq dossiers suivants : la présidentielle, l'action du Parlement et du gouvernement, les lois électorales, ainsi que sur la nationalité, le projet de décentralisation administrative et le soutien à l'armée ».
Cette initiative est justifiée par le blocage politique, mais aussi par les craintes que la rue, qui commence à bouger, ne devienne incontrôlable. Comme tous les hommes politiques qui ont commenté la mégamanifestation de samedi, au cours de laquelle des dizaines de milliers de personnes ont laissé éclater leur ras-le-bol par rapport aux agissements des hommes politiques, il a donné raison aux protestataires, tout en critiquant leur insistance à généraliser. Nabih Berry a indiqué dans ce cadre que le mouvement Amal qu'il préside « avait été le premier à se soulever contre le laisser-aller des officiels ». « Aussi, leurs accusations leur sont rendues, avant même de discuter de leurs motivations ou de l'intoxication mesquine », a-t-il insisté. « Je dis à chaque manifestant en toute sincérité et bonne intention : la faute ne concerne pas tout le monde. Le problème, c'est le confessionnalisme et la privation, cette dernière étant le fruit du premier qui protège la corruption », a-t-il ajouté, en jugeant utopique d'envisager une réforme en présence du confessionnalisme.
Après avoir indiqué qu'il avait à trois reprises essayé, mais sans succès, de mettre en place la commission nationale pour l'abolition du confessionnalisme politique, il s'est adressé aux jeunes pour les encourager à « renoncer aux revendications que j'entends, et à demander un État civil et une loi électorale basée sur la proportionnelle ». « Au sein du mouvement Amal, nous restons attachés au gouvernement et jugeons important de le dynamiser pour satisfaire les revendications légitimes » des protestataires, a poursuivi M. Berry, en estimant que « le maintien en place de l'équipe Salam est « une nécessité nationale, ce que tout le monde doit réaliser ».
Il a en outre dénoncé la paralysie du Parlement, « un crime qui dépasse tout autre et qui représente une agression contre le peuple, à travers ses représentants ». « Vous, les intelligents, devez savoir que la Chambre est la porte d'accès au changement parce qu'elle appartient à tout le Liban », a-t-il conclu.

Lire aussi
La grogne populaire enfle, les politiques dans le déni