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Moyen Orient et Monde - Contre-terrorisme

La loi du fichage ADN pour tous, adoptée par le Koweït, n’est-elle qu’un leurre ?

Si la loi est appliquée, elle fera de l'émirat le premier pays au monde à imposer ce genre de test. Un spécialiste, Drewery Dyke, et l'ancien chef du service de renseignements de la DGSE, Alain Chouet, répondent aux questions de « L'Orient-Le Jour ».

Archives Reuters

Il aura fallu moins d'un mois pour que le gouvernement koweïtien lance des mesures drastiques dans sa lutte contre le terrorisme, suite à l'attentat perpétré contre la mosquée chiite al-Imam al-Sadeq, à Koweït City, le 26 juin dernier. Revendiquée par l'organisation État islamique (EI), l'explosion provoquée par un kamikaze avait fait 27 morts et plus de 220 blessés, et secoué le riche émirat à majorité sunnite. En réponse à ce sanglant attentat, le Parlement koweïtien a adopté début juillet une loi qui impose à ses habitants de se soumettre à un fichage ADN. Afin de financer ce dispositif, les députés koweïtiens ont créé un fonds d'urgence de 400 millions de dollars. La question qui se pose à l'heure actuelle est de savoir si les autorités koweïtiennes iront jusqu'au bout dans cette affaire ou s'il s'agit d'un pavé dans la mare.

« Si je pouvais dire à mes amis au sein du gouvernement koweïtien : avant de vous aventurer avec une telle mesure, réfléchissez bien à comment vous allez vous y prendre et pourquoi vous le faites », confie Drewery Dyke, spécialiste du Koweït, travaillant pour Amnesty International.
En prenant une telle mesure, le Koweït n'a pas tardé à recevoir une condamnation de l'ONG Human Right Watch, qui estime qu'elle viole le droit à la vie privée.
M. Dyke se dit extrêmement concerné par cette loi qui augmente davantage le taux de violation en termes de libertés. « La liberté d'expression est totalement bafouée, et certains Koweïtiens sont emprisonnés pour un tweet », déplore le chercheur. Amnesty a d'ores et déjà lancé ses avocats sur le dossier afin qu'ils étudient la loi de plus près, qui concernera les 1,3 million de Koweïtiens et près de 2,9 millions d'étrangers vivant dans le pays.

Les Koweïtiens qui refuseraient de se soumettre au prélèvement s'exposent à de sévères sanctions : un an de prison et jusqu'à 33 000 dollars d'amende. Le fichage ADN pour les visiteurs et les touristes n'a pas encore été décidé par le gouvernement, qui se donne un peu de temps pour y songer.

(Lire aussi : L'ère de stabilité des pays du Golfe a pris finle décryptage de Lina Kennouche)

 

Mesure inédite
Même si le fichage ADN existe déjà dans de très nombreux pays, procédure légale lorsqu'une personne est arrêtée ou suspectée de délit ou de crime, le Koweït devient en théorie le premier pays à instaurer un fichage obligatoire à l'ensemble de ses habitants. Selon l'ancien chef du service de renseignements de sécurité de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) française, Alain Chouet, contacté par L'Orient-Le Jour, cette mesure fait partie des procédures de dragage massif d'information, mises en œuvre depuis les attentats du 11 septembre 2001. Mais « encore faut-il avoir le personnel pour exploiter les bases de données ainsi qu'une politique derrière pour savoir ce qu'on en fait », estime-t-il.

Cette loi inédite, décriée par les ONG, aura-t-elle un effet boule de neige sur les autres monarchies du Golfe? Pour Alain Chouet, la mise en place d'une telle mesure requiert d'importants moyens humains et financiers. « Ce n'est quand même pas si facile que ça à mettre en œuvre et je ne suis pas sûr que, dans l'état actuel des choses, ce soit une mesure qui fasse école dans beaucoup de pays », dit-il.

Et si cette loi ne pourrait bien être que de la poudre aux yeux ? Une source très proche du gouvernement koweïtien, contactée par L'Orient-Le Jour, a laissé sous-entendre que, malgré l'adoption de la loi par le Parlement, le fichage ADN ne risque pas d'être appliqué, ni pour les Koweïtiens, et encore moins pour les résidents étrangers, car cela provoquerait un tollé général.

 

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commentaires (1)

Qu'est ce que les droits de l'homme ont encore a faire la dedans???? Une base de données sur l'ADN est le plus sûr moyen de pister les criminels à la trace, ce n'est pas plus comprometant qu'une photo sur un passeport pour un citoyen ordinaire.

Christine KHALIL

19 h 07, le 24 juillet 2015

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Commentaires (1)

  • Qu'est ce que les droits de l'homme ont encore a faire la dedans???? Une base de données sur l'ADN est le plus sûr moyen de pister les criminels à la trace, ce n'est pas plus comprometant qu'une photo sur un passeport pour un citoyen ordinaire.

    Christine KHALIL

    19 h 07, le 24 juillet 2015

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