Rechercher
Rechercher

Économie - Commerce

Le Liban veut intensifier ses échanges avec la Chine

À l'occasion de la tenue à Beyrouth de la sixième édition de la « Arab Chinese Businessmen Conference », « L'Orient-Le Jour » fait le point sur les principaux enjeux qui ont marqué 60 ans de relations commerciales avec l'empire du Milieu.

Les importations en provenance de Chine totalisaient 2,5 milliards de dollars en 2014, contre 63 millions de dollars de marchandises exportées.

Une délégation chinoise de plus de 200 personnes a été conviée à la sixième édition de la Arab Chinese Businessmen Conference organisée depuis hier à l'hôtel Phoenicia par la Ligue des États arabes et le ministère chinois des Affaires étrangères pour promouvoir le développement des relations commerciales et d'affaires entre la Chine et les pays de la région. « Notre plaisir à vous recevoir est double dans la mesure où ça coïncide avec le 60e anniversaire de la signature du premier accord commercial entre le Liban et la Chine », leur a déclaré le Premier Ministre, Tammam Salam, lors de son discours inaugural.

Le Liban fait en effet figure de pionnier régional en la matière, les relations commerciales avec la République populaire de Chine (RPC) remontant au milieu des années 1950, à une époque où elle était encore sous embargo international à cause de la guerre de Corée. « La première délégation chinoise est venue au Liban en 1955 suite à une initiative que mon frère et moi avons menée avec d'autres hommes d'affaires libanais pour convaincre le gouvernement de lui adresser une invitation officielle et de signer le premier accord commercial entre les deux pays », se souvient Adnane Kassar, président de la Fransabank. Ce fut le premier accord commercial conclu entre la Chine communiste et un pays arabe entretenant toujours encore des relations diplomatiques avec Taïwan : « Cela représentait un défi de taille. L'Égypte et la Syrie avaient certes jumelé des accords commerciaux avec leurs accords de reconnaissance de la Chine, mais l'essentiel des produits chinois importés dans le monde arabe ont transité par le Liban », rappelle M. Kassar. Depuis, les relations commerciales entre les deux pays se sont progressivement intensifiées, au rythme des évolutions de leur diplomatie économique : après une reconnaissance officielle de la RPC en novembre 1971, c'est au tour de la première délégation arabe, emmenée par des Libanais, de faire le voyage à Pékin en 1981. Enfin, en 1995, Pékin inaugure la Chambre de commerce arabo-chinoise et signe, dans les deux années qui suivent, plusieurs accords renforçant la coopération avec le Liban dans les domaines du textile, du transport maritime, de la technologie, de l'aviation civile et des investissements.

(Lire aussi : « La diaspora est au cœur de notre diplomatie économique »)

 

Premier fournisseur en 2014
Il a pourtant fallu attendre près de soixante ans pour que l'« usine du monde » devienne le premier fournisseur du Liban avec 2,5 milliards de dollars de marchandises exportées en 2014 contre seulement 415 millions de dollars en 2001. « Le Liban importe de Chine surtout de l'électronique, des machines, du métal et du textile », expliquait Ge Hua, conseillère économique et commerciale de l'ambassade de la République de Chine au Liban, dans un entretien paru en 2013 dans Le Commerce du Levant. « Comme pour le reste du Moyen-Orient et de l'Afrique, la Chine investit surtout dans les industries lourdes et les secteurs de base de l'économie, notamment les télécommunications, la construction, le secteur hydroélectrique, le secteur pétrolier, l'infrastructure », ajoute Adnane Kassar.

Si ces échanges représentent une paille face aux 300 milliards de dollars atteints la même année entre les pays arabes et la Chine, ils pourraient néanmoins bénéficier de l'essor attendu de ces derniers. « Le Liban est le point d'entrée ainsi que le centre de commerce et de finances au Moyen-Orient. À plus grande échelle, nous voulons avoir accès à la diaspora libanaise d'affaires qui nous ouvrira des portes dans d'autres pays », déclarait Ge Hua au Commerce du Levant. Une position stratégique désormais à repenser dans le cadre du projet « One Belt, One Road », lancé, l'année dernière, par le président chinois Xi Jinping afin de rouvrir la route de la soie reliant la Chine à l'Europe et au Moyen-Orient, en passant par Beyrouth. « Le plan, financé par la Banque asiatique pour les investissements et l'infrastructure (AIIB) à hauteur de 16 milliards de dollars, créerait un corridor économique dont bénéficieraient 63 % de la population mondiale », affirme M. Kassar. Un premier volet terrestre (Silk Road Economic Belt) consistera à développer les routes, les liaisons ferroviaires, les pipelines d'énergie et un réseau d'infrastructures télécoms, entre la Chine, l'Asie centrale, le Moyen-Orient, l'Europe et la Russie. Un autre pilier (Maritime Silk Road) vise, lui, à créer des liaisons entre la mer de Chine, l'océan Indien, la mer Rouge, le canal de Suez, avec des arrêts en Afrique. Une perspective d'autant plus alléchante pour le Liban qu'il devrait adhérer à l'AIIB, selon les déclarations de M. Salam lors de la conférence.

Prospecter les niches
Reste à repenser également des relations commerciales à la mesure des déséquilibres existant à tous égards entre les deux pays. En dépit d'une augmentation annuelle de 90 %, le volume des exportations libanaises atteignait seulement 63 millions en 2014. Les produits libanais les plus exportés sont l'huile d'olive, les boîtes de conserve, le miel, les cacahuètes, le vin et l'artisanat et les savons. « L'importation des produits chinois se faisant par le biais de Libanais, il serait opportun que ces derniers deviennent également les promoteurs des produits libanais dans cet immense marché. Il appartient aussi aux hommes d'affaires libanais d'aller prospecter sur place d'éventuelles possibilités de niches à valeur ajoutée », observe M. Adnane Kassar.

Plus de 10 000 Libanais se rendent en Chine chaque année pour affaires, selon les chiffres de l'ambassade chinoise. Mais ils doivent aussi composer avec certains obstacles. Si l'accès aux entreprises étrangères sur le marché chinois a été facilité depuis 2000, à travers la création des WFOE (« Wholly Foreign Owned Enterprise »), qui leur permettent de ne plus nécessairement recourir à un partenaire local, leurs statuts restent soumis à une importante réglementation qui exige des licences parfois difficiles à obtenir. L'obstacle lié aux moyens de paiement ne devrait, lui, bientôt plus en être un. Jusqu'à présent, soumis au monopole du groupe China UnionPay, le marché chinois des cartes de paiement va désormais être ouvert, à partir du 1er juin, aux groupes étrangers comme Visa ou MasterCard.

 

Lire aussi
L'inertie politique est une menace pour l'économie libanaise, avertit le FMI

En quoi consiste exactement le partenariat UE-Liban ?

Une délégation chinoise de plus de 200 personnes a été conviée à la sixième édition de la Arab Chinese Businessmen Conference organisée depuis hier à l'hôtel Phoenicia par la Ligue des États arabes et le ministère chinois des Affaires étrangères pour promouvoir le développement des relations commerciales et d'affaires entre la Chine et les pays de la région. « Notre plaisir à...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut