Les appels à ne pas entraîner la troupe dans une guerre à la frontière se multiplient

À l'heure où le 8 Mars continue de faire pression sur le gouvernement pour inciter l'armée à intervenir à Ersal, afin de contrer une éventuelle entrée du Front al-Nosra dans la bourgade, imminente selon le 8 Mars, le ministre de la Défense, Samir Mokbel, a une nouvelle fois coupé court à cette démarche en mettant l'accent sur le « rôle défensif joué par l'armée ». À Ersal, également, des notables de la ville ont critiqué les appels à « attaquer » la localité.
Réuni hier avec le président de la Chambre, Nabih Berry, pour discuter d'affaires d'ordre politique et militaire, Samir Mokbel a indiqué depuis Aïn el-Tiné que « l'armée est totalement mobilisée et prête à faire face à toute attaque ». « La troupe est positionnée sur les collines stratégiques à Ersal et Ras Baalbeck. Elle prend les mesures nécessaires pour faire face à toute agression contre le territoire libanais. Des infiltrations incontrôlables sont constatées, mais elles ne sont pas importantes. La frontière est sous contrôle », a-t-il précisé.
Au sujet des nominations des chefs sécuritaires, M. Mokbel a souligné que celles qui le concernent et concernent l'armée ne sont pas imminentes et que l'important actuellement est de nommer un directeur général des Forces de sécurité intérieure, l'actuel titulaire arrivant au terme de son mandat en juin. Les nominations dans ce cadre relèvent de la responsabilité du ministère de l'Intérieur et sont indépendantes de celle de l'armée, a-t-il expliqué. La date du départ à la retraite du commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, ne tombe, en effet, qu'en septembre.

« Faire taire ceux qui incitent à attaquer la ville »
Hier, par ailleurs, une réunion se tenait à la municipalité de Ersal, en présence du président du conseil municipal Ali Houjeiri, du coordinateur du courant du Futur dans la localité, Bekr Houjeiri, ainsi que des représentants des réfugiés syriens dans la localité. Ali Houjeiri et Bekr Houjeiri ont affirmé durant la réunion que « Ersal est une ville libanaise soumise à l'autorité de l'armée ». « Toute provocation individuelle contre l'armée est une atteinte à Ersal d'abord et un complot qui vise à porter atteinte à la ville et la dresser contre la troupe », ont-ils dit, affirmant que « l'armée libanaise est la seule partie ayant le droit de contrôler la sécurité à Ersal ».
« Ersal est une ligne rouge à ne pas franchir et personne n'a le droit de la menacer d'invasion », ont-ils ajouté, appelant à « faire taire les voix qui incitent à attaquer la ville ».
De son côté, le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, a déclaré que « l'armée a déjà pris ses ordres depuis le début des événements de Ersal. Nous n'allons pas émettre de nouveaux ordres au quotidien ». S'adressant à la Voix du Liban 93,3, M. Derbas a estimé que la présentation de l'affaire sous l'angle de « la libération de Ersal » causerait des problèmes. Selon lui, les combats du mois d'août dernier opposant l'armée aux jihadistes à Ersal ne se répéteront pas.
Pour sa part, le ministre du Travail, Sejaan Azzi, a souligné que « le Hezbollah et le Courant patriotique libre ne sont pas les seuls à vouloir discuter du sujet de Ersal. Nous nous intéressons à toute région présentant un certain danger sécuritaire ou étant menacée, mais le dossier de Ersal doit être ouvert dans le cadre de la situation militaire et sécuritaire à la frontière libano-syrienne. D'autres veulent ouvrir le dossier de Ersal pour mettre sur le tapis celui de l'armée, et nous refusons cela », a-t-il dit, dans une claire allusion à l'attitude du 8 Mars.
Et de conclure : « Nous sommes prêts à débattre de la meilleure façon de contrôler la frontière orientale, mais nous devons également savoir ce que fait le Hezbollah dans le Qalamoun syrien. »