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Liban - Colloque

Jean Fahed : Le modèle libanais, source d’inspiration pour les sociétés pluralistes

Sur le thème « Dialogue et identité », un colloque vient de se tenir à Budapest pour marquer le 4e anniversaire de l'adoption de la nouvelle Constitution hongroise.

Jean Fahed, président du Conseil supérieur de la magistrature, à la conférence de Budapest (2e rang, à dr.).

Le président du Conseil supérieur de la magistrature, Jean Fahed, vient de rentrer de Budapest, où il a participé à un congrès sur le thème « Dialogue et identité » qui s'y est tenu à l'initiative du ministère hongrois de la Justice, qui voulait ainsi marquer le 4e anniversaire de l'adoption de la nouvelle Constitution hongroise qui, selon les propos du Premier ministre hongrois présent au congrès, était « une nécessité pour afficher l'identité constitutionnelle de la nation hongroise ».
L'adoption de la Loi fondamentale a engagé la Hongrie dans un bras de fer avec l'Union européenne, son texte ayant intégré la foi, l'Église, la nation et la famille non pas comme héritages du passé mais comme valeurs d'avenir.
Le texte fait référence, dans son préambule, au christianisme comme facteur de rassemblement de la nation hongroise dont il s'engage à sauvegarder « l'unité spirituelle et intellectuelle » ; ce que critiquent ses détracteurs, qui estiment que cela est discriminatoire envers les athées et les fidèles d'autres religions. En outre, il fait l'amalgame entre la nation politique et la nation ethnique, et assimile à la nation hongroise les minorités de souche hongroise vivant en dehors des frontières de la Hongrie. Ainsi, il rend possible l'élargissement du droit de vote aux Hongrois de souche des pays voisins, ce qui risque de créer des conflits avec les pays limitrophes à forte minorité hongroise comme la Slovaquie ou la Roumanie. Le texte ouvre aussi la porte à une possible interdiction de l'avortement en affirmant que « la vie du fœtus doit être protégée à partir du moment de sa conception ».

Les minorités comme entités publiques
Dans son intervention, Jean Fahed, seul conférencier non européen, a rapidement brossé l'histoire des empires qui, en 1 300 ans, se sont succédés dans le monde arabe, depuis les Lakhmides et les Ghassanides chrétiens au IIIe siècle de notre ère, jusqu'à l'Empire ottoman en passant par les empires arabes. Il a cherché à démontrer que la reconnaissance officielle, comme entités publiques dans cette partie du monde, des différentes communautés ethniques, linguistiques, culturelles et religieuses, a sauvegardé le pluralisme dans ces sociétés jusqu'à la fin du XIXe siècle.
En revanche, a-t-il ajouté, l'apparence d'une arabité homogène qui n'a cessé d'être défendue, durant le XXe siècle, a éclipsé de la scène publique les communautés minoritaires comme entités publiques. C'est ainsi qu'une laïcité constitutionnelle imposée dans des pays comme l'Irak et la Syrie a fini par ranger les minorités arabes aux oubliettes. En revanche, les communautés libanaises ont pu échapper à ce sort tragique, du moins en partie, grâce à l'ancrage des valeurs du pluralisme communautaire dans la Constitution libanaise dès 1926. C'est à ce titre que Jean Fahed a souligné la nouveauté de la Constitution libanaise et son caractère de modèle, et qu'il a rappelé que l'État libanais est le seul au monde que chrétiens et musulmans ont fondé en commun.

L'unité, une réalité en devenir
La sauvegarde de l'unité de l'État « est un but permanent pour les Libanais et ils s'y emploient quotidiennement grâce à un dialogue quotidien entre toutes les composantes de la société », souligne encore Jean Fahed. C'est ce qui fait que le concept d'identité libanaise « naît et se renouvelle et évolue en permanence, fruit de l'histoire et de la liberté ».
Ainsi, pour le président du CSM, l'identité libanaise « n'est pas une réalité aléatoire, un but impossible à atteindre », mais s'enracine dans la pensée et le cœur de chaque Libanais, ce qui a fait dire au pape Jean-Paul II que le Liban est « plus qu'un pays, mais un message de vivre ensemble pour l'Orient et l'Occident ».
Partant, le président Fahed a estimé que le modèle politique libanais, en dépit de sa complexité apparente, peut être une source d'inspiration pour les sociétés religieusement, culturellement et ethniquement pluralistes qui se multiplient dans le monde, du fait de l'immense brassage démographique qui s'y produit.
Notons qu'une autre particularité de la nouvelle Loi fondamentale hongroise est qu'elle accorde au Conseil monétaire de la Banque centrale le droit de dissoudre le Parlement si le budget n'est pas adopté conformément aux normes du nouveau texte constitutionnel.
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Le président du Conseil supérieur de la magistrature, Jean Fahed, vient de rentrer de Budapest, où il a participé à un congrès sur le thème « Dialogue et identité » qui s'y est tenu à l'initiative du ministère hongrois de la Justice, qui voulait ainsi marquer le 4e anniversaire de l'adoption de la nouvelle Constitution hongroise qui, selon les propos du Premier ministre...

commentaires (2)

Ce qui aurait pu être 1 lieu poétique, un consolateur mythe, une arche au-delà du déluge et des naufrages devient la constitution libanaise à fariboles. Le retour aux sources à travers cette constitution pour fonder et nourrir l’action tant purificatrice de ce pays, elle voudrait bien nous faire croire que ce fut le mouvement irrésistible et naturel de sa teneur intrinsèque, sa légitimité de "Mère des constitutions, son sacre de new "Impératrice" des constitutions. Un signe "providentielle" la marquerait, la destinerait à régénérer le Monde. Sans elle, l’Univers ne serait Rien…. et se sentirait a b a n d o n n é. Ô baptême ! Ô noces ! Ô constitution éhhh libanaise immaculée et sublime ! Mais à peine avait-on prononcé la formule sacramentelle qui l’instituait dans sa fonction démiurgique en tant que "Messie" du premier royaume reconquis, qu’elle gâtait tout avec sa trajectoire infantile. Cette rédemptrice n’était en fait qu’une "sentencieuse" naïve. Sous ce visage se dissimulait son histoire tragique. Elle ne pouvait que passer aux aveux ! Pour une constitution pareille que le souci du bien public taraudait et que l’humanisme si romantique enflammait, il y avait deux façons de se préparer à cette haute magistrature. La première consistait, dans le labeur, à faire évoluer et civiliser méthodiquement ce pays. La seconde, malheureusement dans le chahut de la guerre sectaire, à être travestie par les "propres princes" de la guerre !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

14 h 35, le 12 mai 2015

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Commentaires (2)

  • Ce qui aurait pu être 1 lieu poétique, un consolateur mythe, une arche au-delà du déluge et des naufrages devient la constitution libanaise à fariboles. Le retour aux sources à travers cette constitution pour fonder et nourrir l’action tant purificatrice de ce pays, elle voudrait bien nous faire croire que ce fut le mouvement irrésistible et naturel de sa teneur intrinsèque, sa légitimité de "Mère des constitutions, son sacre de new "Impératrice" des constitutions. Un signe "providentielle" la marquerait, la destinerait à régénérer le Monde. Sans elle, l’Univers ne serait Rien…. et se sentirait a b a n d o n n é. Ô baptême ! Ô noces ! Ô constitution éhhh libanaise immaculée et sublime ! Mais à peine avait-on prononcé la formule sacramentelle qui l’instituait dans sa fonction démiurgique en tant que "Messie" du premier royaume reconquis, qu’elle gâtait tout avec sa trajectoire infantile. Cette rédemptrice n’était en fait qu’une "sentencieuse" naïve. Sous ce visage se dissimulait son histoire tragique. Elle ne pouvait que passer aux aveux ! Pour une constitution pareille que le souci du bien public taraudait et que l’humanisme si romantique enflammait, il y avait deux façons de se préparer à cette haute magistrature. La première consistait, dans le labeur, à faire évoluer et civiliser méthodiquement ce pays. La seconde, malheureusement dans le chahut de la guerre sectaire, à être travestie par les "propres princes" de la guerre !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 35, le 12 mai 2015

  • LE MODÈLE LIBANAIS EST CONSENSUEL... BASÉ SUR LA BONNE VOLONTÉ DE TOUT CHACUN... DONC PARALYTIQUE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 03, le 12 mai 2015

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