« Sous prétexte de guerre préventive, le Hezbollah se fait complice des crimes de Bachar el-Assad », avertit Saad Hariri

Dans une longue déclaration, l'ancien chef du gouvernement, Saad Hariri, a dénoncé hier l'obstination du Hezbollah à faire la sourde oreille aux avertissements qui lui sont lancés et à vouloir livrer bataille dans le Qalamoun. Sous prétexte de guerre préventive, le Hezbollah se fait complice des crimes de Bachar el-Assad, avertit l'ancien chef du gouvernement, qui invite le Liban officiel à « se désolidariser publiquement » du parti pro-iranien.
Voici de larges extraits de cette déclaration :
« Certains médias et leaders au Liban ne cessent de claironner que la bataille du Qalamoun est imminente, tandis que le régime syrien reste silencieux, comme si l'on cherchait à dire que la bataille à venir est une bataille libanaise en territoire syrien, et toujours sous le prétexte d'une guerre préventive contre les organisations terroristes.
« Le Hezbollah, nous le lisons et l'entendons tous les jours, se mobilise pour la bataille, utilisant la frontière libanaise sans rendre compte à quiconque de ses mouvements. Ce faisant, il s'embourbe dans un nouvel épisode de la guerre syrienne, dont la seule fonction est de protéger le flanc occidental de Bachar el-Assad, alors que l'armée du régime essuie défaite sur défaite dans de nombreuses régions de Syrie.
« Comme d'habitude, le Hezbollah n'écoutera pas les conseils de ses partenaires libanais. Il ignorera une fois de plus les avertissements que lui adressent d'autres Libanais contre l'importation du brasier syrien au Liban (...)
« À tous ceux qui pavoisent en prévision de la bataille de Qalamoun, à tous ceux qui s'apprêtent à lui assurer une couverture (politique), nous posons les questions suivantes : est-ce que cette bataille attendue se déroulera à l'intérieur du territoire syrien ou du territoire libanais ? Si c'est à l'intérieur du territoire syrien, quel intérêt avons-nous à impliquer des parties libanaises ? Mais si c'est à l'intérieur du territoire libanais, nous sommes en droit de nous demander s'il existe une décision libanaise de remettre le commandement des frontières à des groupes armés non légaux.
« Et qui, dans ce cas, est en mesure de garantir la sécurité des soldats libanais enlevés par le Front al-Nosra et Daech (le groupe État islamique) ? Quelles seront les répercussions de cette participation sur les villages frontaliers libanais, et comment l'État libanais et ses forces devront-ils réagir si des régions libanaises sont exposées à des attaques et à des bombardements de représailles ? (...)
« Si un groupe politico-militaire libanais se permet de s'ingérer militairement en Syrie et d'y semer mort et destruction, cela ne donne-t-il pas à l'autre partie (à savoir les organisations syriennes) un prétexte pour combattre au Liban, et y semer à leur tour mort et destruction ?
« En posant ces questions (...), notre but est de souligner que le gouvernement libanais, l'armée et la majorité de la population ne sont pas concernés par les appels au combat dans le Qalamoun et que le Hezbollah seul assume les conséquences d'une implication au service de l'agenda militaire de Bachar el-Assad. (...)
« Aucune puissance au monde, ni le Hezbollah, ni les gardiens de la révolution iraniennne, ni les milliers de tonnes de barils explosifs, ni ce qu'on appelle les forces d'élite (...) ne seront en mesure d'empêcher l'effondrement de Bachar el-Assad (...).
« À cet égard, le Hezbollah est directement complice du crime pour lequel il se mobilise dans le Qalamoun, qu'il drainera vers le Liban en y impliquant les villages frontaliers de la Békaa. Nous mettons en garde contre cette opération et invitons toutes les parties concernées par la sécurité des Libanais et des militaires à s'en désolidariser publiquement et à refuser de la couvrir. »

Le chef du Futur reçu par Hollande