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Liban - Social

Les enseignants en grève menacent d’interrompre l’année scolaire

À l'issue d'une journée d'arrêt largement suivie et d'un sit-in quelque peu timide, les protestataires appellent à une grande manifestation le 6 mai, avec en ligne de mire les épreuves officielles si la grille des salaires n'est pas adoptée.

À Tripoli, les enseignants et les fonctionnaires manifestent devant le Sérail. Photo Ani

Les enseignants étaient de nouveau en grève hier, à l'appel du Comité de coordination syndical (CCS), pour pousser les autorités à adopter la grille des salaires. Si le mouvement de grève a été largement suivi dans les écoles publiques, privées et techniques, la mobilisation était timide sur le terrain, place Riad el-Solh, où s'est déroulé le sit-in. Les discours eux, étaient virulents. Ils annonçaient une crise à venir et mettaient en garde contre l'interruption de l'année scolaire si la grille des salaires n'était pas adoptée. C'est dans cette optique que le président du syndicat des enseignants des écoles privées, Nehmé Mahfouz, a promis que « l'année scolaire ne prendra pas fin avant l'approbation de la grille ».

À peine quelque 200 manifestants s'étaient déplacés, devant le Sérail, pour mettre en garde les autorités contre une escalade en cette fin d'année scolaire et pour lancer un appel à une vaste mobilisation le 6 mai prochain. « Trouvez une solution ou démissionnez », disaient les slogans arborés par les manifestants, ou encore « Assez d'atermoiements ».
Le mauvais temps était-il en cause ou le mouvement n'a-t-il pas repris assez d'élan, après 7 mois de calme et une année scolaire normale, sans parler de l'absence du dynamique Hanna Gharib à la tête du CCS ? « Nous nous mobilisons lorsque nous sommes sollicités, mais l'organisation des sit-in laisse parfois à désirer », explique une enseignante syndiquée. « Je ne suis pas allée manifester, mais j'ai voté pour, car il est inconcevable qu'après 15 ans d'expérience, un enseignant ne touche même pas deux millions de LL », avoue une enseignante de terminale du secteur privé. Ses collègues se sont rendus au sit-in alors qu'elle n'a eu d'autre choix que de faire travailler ses élèves qui préparent le bac.

(Lire aussi: Hanna Gharib à « L'OLJ »  Les droits des enseignants sont « avalés par les requins de la finance »)

Un million de Libanais concernés
Les jours prochains répondront aux interrogations, alors qu'à Nabatiyé, Saïda, Zahlé, Tripoli, dans le Akkar ou ailleurs, les manifestants n'ont pas hésité à braver les intempéries pour faire entendre leurs revendications, devant les sérails ou les bâtiments publics. Nombreuses étaient les promesses d'escalade, mais à Nabatiyé, les manifestants ont même appelé « à boycotter les examens officiels, depuis la préparation jusqu'à la correction ».
« Je suis surpris par le manque d'enthousiasme des enseignants et des fonctionnaires », regrette le nouveau président du CCS, Abdo Khater, répondant aux questions de L'Orient-Le Jour. « Moins de 200 personnes à Beyrouth et dans le Mont-Liban ont répondu à notre appel à manifester place Riad el-Solh. Et pourtant, ces revendications touchent près d'un million de Libanais. »
M. Khater soutient qu'une journée de grève n'est pas un jour de congé. « C'est une journée pour exprimer notre refus du pouvoir qui décide nos droits mais ne nous les donne pas et nous fait des promesses vaines », dit-il, invitant les enseignants et les fonctionnaires à ne pas désespérer, mais à poursuivre la mobilisation en masse, pour leur intérêt.
« Cela fait trois ans et demi que nous sommes dans la rue. Nous faisons l'impossible pour obtenir les droits des enseignants et des fonctionnaires. Ce serait dommage que le mouvement s'essouffle après toute cette fatigue », souligne cet enseignant du secondaire. Il invite les membres de la profession à la solidarité, à l'unité et à l'engagement, et ce malgré les imperfections de la grille des salaires. « Elle est injuste envers les enseignants du secondaire qui réclament une augmentation de 121 %, à l'instar de tous les secteurs. C'est la raison pour laquelle nous réclamons un amendement avant son adoption », précise-t-il.

Mises en garde
Cette journée a pourtant été qualifiée de « positive » par le président du syndicat des enseignants du privé, Nehmé Mahfouz, car elle a adressé « un message au gouvernement ». « Notre mouvement vient après sept mois de calme. Nous avions promis aux autorités que l'année scolaire se déroulerait normalement, explique-t-il à L'Orient-Le Jour. Alors qu'elle tire à sa fin, nous réalisons que ces autorités se moquent de nous, car l'échelle des salaires n'a toujours pas été adoptée. »
M. Mahfouz promet l'escalade et dénonce l'exploitation politique du dossier : « Si la grille n'est pas adoptée ces quelques jours, nous descendrons une nouvelle fois dans la rue le 6 mai prochain, dans le cadre d'une importante manifestation. » Mais entre-temps, le syndicaliste annonce une mobilisation du CCS auprès d'un certain nombre de hautes personnalités religieuses, notamment auprès du patriarche Béchara Raï et du métropolite Élias Audeh. Il assure que « l'État n'a d'autre choix que d'adopter la grille des salaires : il paie déjà la majoration au titre de la vie chère depuis 2012, mais n'a toujours pas trouvé le financement pour le faire », note-t-il à ce propos.
Durant le sit-in, M. Mahfouz a invité le chef du législatif, Nabih Berry, à placer la grille des salaires à l'ordre du jour de la séance plénière de la Chambre. Il n'a pas hésité à tancer les dirigeants politiques et à les tenir responsables du gel du dossier. « Ne nous obligez pas à manifester dans la capitale en mai », leur a-t-il dit, avant de leur faire assumer la responsabilité « de ce qui va se passer jusqu'à la fin de l'année scolaire ».
La mise en garde est claire. Les syndicats préparent déjà la manifestation du 6 mai. Les élèves paieront-ils, une fois de plus, le prix du bras de fer entre les enseignants et les autorités ?

 

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