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Liban - Interview

« Protéger la jeunesse à risque », la priorité de l’Onudc

Le cannabis entraîne une dépendance et peut provoquer des troubles mentaux similaires à la schizophrénie chez les adolescents. Gilberto Gerra, médecin chercheur à l'Onudc, à Vienne, explique pourquoi le débat sur la légalisation du haschisch est illusoire.

Gilberto Gerra, chef du département de la prévention des drogues et de la santé de l’Onudc. (Photo UNLP)

« Le cannabis est une substance illicite, comme toutes les autres drogues. » C'est ce qu'affirme à L'Orient-Le Jour, lors d'une interview téléphonique depuis Vienne, Gilberto Gerra, chef du département de la prévention des drogues et de la santé de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc). Il estime le débat politique « complètement hors de la réalité ». « Ces drogues sont problématiques et leur consommation est une infraction », dit-il.

Ne pas compromettre les possibilités des jeunes
D'innombrables « études scientifiques montrent que le cannabis crée une dépendance ». « Il provoque au niveau d'un sous-groupe vulnérable de la population des conséquences sérieuses sur la mémoire, les capacités cognitives, le développement émotionnel, plus précisément lorsque l'exposition à la substance se situe durant la période de développement, entre 13 et 19 ans. » Le spécialiste en médecine interne et en endocrinologie révèle que le haschisch provoque en particulier « des troubles mentaux psychiatriques très similaires à la schizophrénie ». Certes, « tous les fumeurs de cannabis ne développeront pas ces symptômes, juste un sous-groupe vulnérable génétiquement qui développera plus facilement une dépendance », observe-t-il. D'où la nécessité de protéger cette minorité vulnérable. « Il ne s'agit pas d'idéologie, martèle le Dr Gerra, mais de protéger la jeunesse à risque. » Car il est important de « ne pas compromettre les possibilités des adolescents et des jeunes adultes de préserver leur santé mentale et leur équilibre ».
Même la jeunesse qui ne fait pas partie du groupe vulnérable voit « ses capacités cognitives et sa mémoire diminuer au moment où elle fume », constate le chercheur. « Lors d'un test de maths, un fumeur de hachisch n'est plus compétitif », note-t-il, à titre d'exemple. « S'il conduit après avoir fumé un joint, les risques de provoquer un accident de voiture sont très élevés, au même titre que l'alcool. » Il dénonce à ce propos « les messages incohérents », « la propagande qui pousse les adolescents à essayer le haschisch ». « Certains finissent par essayer et sont piégés », déplore-t-il, précisant que les risques sont plus importants dans les familles éclatées. « Non seulement ils passent à d'autres drogues et à l'alcool, mais risquent d'être affiliés à des gangs criminels au sein desquels ils sont entraînés dans une spirale de violence. »

Sous supervision à des fins thérapeutiques
C'est dans ce cadre que la Commission des stupéfiants, organe directeur de l'Onudc, suit de près la légalisation du cannabis dans certains États américains, au Colorado et à Washington. Une légalisation qu'elle qualifie « d'expérimentation », mais aussi comme « une violation de la convention sur les drogues, composée de trois traités complémentaires approuvés par les 192 pays membres des Nations unies ». « Pourrait-on garantir qu'un chauffeur de bus scolaire ne fumera du cannabis que durant le week-end ? », demande à ce titre Gilberto Gerra.
Qu'en est-il donc de l'usage du cannabis à des fins thérapeutiques ? « Le cannabis est sous contrôle, sous supervision à des fins thérapeutiques », souligne le médecin. Il explique que la plante du cannabis est composée de 85 substances cannabinoïdes qui peuvent agir sur l'appétit, la douleur, l'anxiété, la dépression..., mis à part le THC qui modifie l'état de conscience du consommateur récréatif. « Tout autre usage n'est pas autorisé par la Convention des Nations unies sur les drogues », affirme-t-il. « Si un député encourage les agriculteurs à le cultiver pour des usages récréatifs, il les pousse à violer la loi. » Mais en même temps le chercheur montre du doigt « les campagnes qui vantent démesurément les facultés thérapeutiques » de la plante.

S'exprimant enfin sur la décriminalisation du cannabis, le spécialiste indique que la convention ne prône pas la prison pour les simples consommateurs de haschisch, car « la dépendance d'un toxicomane est aggravée en prison ». « Incarcérer un fumeur de cannabis n'est pas la solution. À sa sortie, il plonge facilement dans la criminalité », constate-t-il. La convention encourage plutôt les États à adopter une autre approche, « basée sur l'éducation, le suivi psychologique, la protection sociale, voire le paiement d'une amende ».
Cela ne veut pas dire pour autant que le cannabis est décriminalisé, car « c'est une infraction d'utiliser cette drogue pour un usage autre que thérapeutique, sans prescription médicale », conclut le chercheur.

« Le cannabis est une substance illicite, comme toutes les autres drogues. » C'est ce qu'affirme à L'Orient-Le Jour, lors d'une interview téléphonique depuis Vienne, Gilberto Gerra, chef du département de la prévention des drogues et de la santé de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc). Il estime le débat politique « complètement hors de la réalité »....

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