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Culture - Festival Bipod

L’insoutenable légèreté du corps

Les danseurs chorégraphes Jefta Van Dinther et Thiago Granato ont accompli dans « This is concrete » (programme soutenu par le Goethe Institute) un voyage du corps où ils sont allés à l'exploration de l'incertain.

On croyait que seul le cinéma pouvait reproduire un effet de ralenti, ce slow motion délirant. Idée erronée. On croyait par ailleurs que le plus long baiser était à l'écran. On s'est encore trompé. Sur la scène du théâtre Béryte, dans une pénombre quasi totale, et sous les battements et pulsations d'une musique qui allait presque en circonvolutions, les chorégraphes, respectivement suédois et brésilien, Jefta Van Dinther et Thiago Granato ont renversé toutes les idées préconçues, les préjugés et les a priori. Pendant cinquante minutes, leurs deux corps vont s'entrelacer, s'entremêler incessamment l'un à l'autre, brisant ainsi leurs propres limites.


Dans une balade lente et sensuelle – une lenteur volontaire et accentuée –, ils vont peu à peu faire triompher le geste amoureux. L'élever. Tels des reptiles qui avancent l'un vers l'autre, s'attirent, se repoussent, puis se pénètrent et fusionnent, les deux danseurs d'abord vêtus de gris (presque empêtrés) se dénudent peu à peu, se débarrassant ainsi de tous les artifices pouvant masquer leurs corps.
Ce corps est leur matériau. Il est au centre du travail de Jefta Van Dinther qui vit et travaille entre Stockholm, Berlin et Amsterdam. Tout comme ce béton (« concrete ») qu'ils essayent de soulever, la masse corporelle devient peu à peu souple, étirée, élastique. Le long voyage langoureux, d'abord silencieux et interne va se muter en conversations distordues, en borborygmes. C'est encore la bouche en tant qu'organe qui devient le centre du travail. La lenteur se fait lascivité et la tension, détente. Enfin, dans le tableau avant-final qui achève cette course lente vers l'étreinte absolue et fusionnelle, les deux chorégraphes danseurs dans une métamorphose surprenante, à quatre pattes et par la suite à huit, tel des bêtes débridées, accomplissent une course folle et saccadée sur scène. Le rythme se ralentit à nouveau. La quête est terminée.
Un lâcher de ballons achève de donner à cette surprenante et époustouflante performance sa légèreté. Et sa douceur.

 

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