Ça y est, c'est bien parti pour la onzième édition du Bipod (Beyrouth International Platform of Dance), inaugurée le week-end dernier. Salle comble au Madina pour Tarab, un spectacle contre toute attente suisse, mais évidemment d'inspiration levantine, de la compagnie helvétique 7273 qui explore, sous la férule des chorégraphes Laurence Yadi et Nicolas Cantillon, la clef d'un concept détente de la culture arabe.
Sept danseurs (quatre femmes et trois hommes) en habits cool, jeans moulants et tee-shirts, sur une scène nue, dans un éclairage (trop) tamisé, pour un mélange de sensualité, de spiritualité (bonjour le rituel soufi de la transe et de l'extase) et des mouvements ondulatoires, libératoires.
Comme des derviches tourneurs dans une ronde giratoire, les corps s'exaltent, exultent et l'esprit s'envole. En groupe compact ou effiloché, en ligne droite ou incurvée, comme un essaim de lettres mobiles lâchées à bride abattue, les danseurs tracent une calligraphie arabe qui a toutes les virtuosités, tous les abandons, toutes les complexités et toutes les élégances. Une gestuelle et une expression corporelle vives et nonchalantes à la fois, fermes et languides, audacieuses et retenues.
Sur une musique lancinante et obsessionnelle, avec pointes aiguës parfois jusqu'à l'irritation, c'est l'essence d'une certaine jouissance du moment, de la vie. Images furtives, fluides, délibérément répétitives, saisies sur le vif d'un Orient libéré de tout folklore excessif et criard. En plus d'une cinquantaine de minutes, les courbes, la mesure et la démesure des corps et le besoin d'oubli et d'évasion dessinent un Tarab pour un keif évoquant incantation et envoûtement.
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