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Économie - Scandale

Casse du siècle en Moldavie ? Le mystère du milliard de dollars disparu toujours pas résolu

Procureurs anticorruption, parlementaires et même détectives financiers américains cherchent depuis des semaines la trace d'un milliard de dollars qui se sont évaporés en Moldavie, un scandale bancaire à même de déstabiliser ce pays, le plus pauvre d'Europe. L'affaire a éclaté au grand jour lorsque la Banque centrale de Moldavie (BNM) a découvert que trois établissements, représentant environ un tiers des actifs bancaires du pays, avaient accordé des crédits pour un montant total de 1 milliard, soit 15 % du produit intérieur brut (PIB). La transaction a été bouclée en l'espace de quelques jours, et juste avant les élections législatives de fin novembre, remportées de peu par les partis proeuropéens face à l'opposition prorusse.
Les destinataires de ces crédits ne sont pas identifiés, et il semble que l'argent se soit purement et simplement envolé. « Je ne peux pas expliquer comment on peut voler une somme aussi importante dans un pays aussi petit ! » a lancé récemment le représentant de l'Union européenne (UE) en Moldavie, Pirkka Tapiola. Selon un rapport d'une commission parlementaire discuté à huis clos, mais qui a filtré dans la presse, une partie de l'argent aurait été transférée dans quatre banques russes. Le leader de l'opposition socialiste, Igor Dodon, assure quant à lui que ces fonds auraient fini dans les comptes de plusieurs compagnies offshore, « où l'on a perdu leur trace ». « Des crédits ont été octroyés tout en sachant qu'ils ne seront jamais remboursés », affirme-t-il à l'AFP.
Pour éviter un vent de panique, la Banque centrale a placé sous sa gestion directe les trois établissements, la Banque d'économies (BEM), l'Unibank et la Banque sociale. Elles ont reçu parallèlement un crédit d'urgence de 9,4 milliards de lei (700 millions de dollars), qui devait être remboursé le 27 mars. Mais rien n'est pour le moment revenu dans les caisses de la BNM. « Je suis convaincu que la somme ne sera pas remboursée intégralement et que la différence sera transformée en dette publique », déclare le président de la Ligue des banquiers, Dumitru Ursu. La dette moldave s'élève actuellement à 1,7 milliard de dollars.
Un vice-gouverneur de la Banque centrale et le président de la CNPF, le gendarme des marchés financiers, ont été limogés pour l'exemple. Mais nombre d'analystes expliquent la passivité de ces institutions par des « ordres venus d'en haut », de la part d'hommes politiques influents qui auraient empoché une partie de l'argent. Le parquet général a ouvert une enquête, et, jusqu'ici, deux personnes, dont l'identité est gardée secrète, ont été placées en détention provisoire et les biens de plusieurs autres mis sous séquestre.
Dans un document rendu public début mars, les « partenaires de développement de la Moldavie », incluant la Banque mondiale, l'Union européenne et les États-Unis, ont exhorté le gouvernement à « rendre public le montant des pertes subies par l'État » suite à cette affaire. Devant le tollé général, le gouvernement a fait appel aux experts de la compagnie d'audit américaine Kroll pour démêler l'affaire.
« Cette ardoise risque de provoquer la faillite du Budget de l'État », estime M. Dodon. Pour lui, « étant donné le niveau de corruption au sein du système judiciaire et le statut des personnes impliquées, penser que l'argent sera récupéré semble relever de la naïveté ». Le leu avait perdu 42 % de sa valeur entre le 1er novembre et le 18 février, avant de regagner un peu de terrain ces dernières semaines.

Mihaela RODINA/AFP

Procureurs anticorruption, parlementaires et même détectives financiers américains cherchent depuis des semaines la trace d'un milliard de dollars qui se sont évaporés en Moldavie, un scandale bancaire à même de déstabiliser ce pays, le plus pauvre d'Europe. L'affaire a éclaté au grand jour lorsque la Banque centrale de Moldavie (BNM) a découvert que trois établissements,...

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