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Culture - Interview express

Elle sait faire danser les révolutions sur plexiglas...

« On A Wire », allégorie d’un printemps arabe sur le fil du rasoir.

Trois questions à Nour Ballouk, qui signe à la Black Gallery une quinzaine de photomontages: une perspective singulière, à la fois poétique et politique, sur le printemps arabe*.

Qui est Nour Ballouk ?
J'ai décroché mon diplôme des Beaux-Arts de l'UL en 2006, la veille jour pour jour du déclenchement de la guerre de juillet. Au cours de ces bombardements, plusieurs des toiles que j'avais peintes en vue d'une exposition à l'Institut français ont été endommagées par des éclats d'obus tombés sur notre appartement. Je les ai exposées quand même avec leurs trous et leurs déchirures. On peut dire que mes débuts artistiques ont été marqués du sceau de la guerre. Par ailleurs, en tant que femme, j'ai une sensibilité naturelle à l'univers féminin oriental qui s'exprime beaucoup dans mes toiles. Et voilà que la guerre et la féminité se rejoignent dans « La danse du Printemps arabe », ma toute première série de photomontages...

À votre avis, danse et révolution font-elles bon ménage?
La danse est synonyme de beauté, de grâce et d'allégresse. La révolution est faite de combats et de violence. C'est justement parce que ces deux notions sont antinomiques que j'ai choisi de les assembler dans mes compositions. En intégrant des figures et tableaux de danse dans des images de villes en ruine, de rues jonchées de gravats, de décombres de bâtiments, j'ai voulu évoquer le temps du bonheur et de l'insouciance à jamais perdu. D'autant que pour souligner la dualité des périodes, j'ai délibérément choisi d'anciens clichés de danse classique, le Shéhérazade des ballets russes notamment, qui dégagent une note surannée, quasi fantomatique... Et puis j'y confronte deux visions «orientalistes» aussi stéréotypées l'une que l'autre: celle du début du siècle dernier, qui voyait dans le monde arabe un univers exotique, lascif et indolent, et celle d'aujourd'hui, qui réduit ce monde à un terreau de violence et de
terrorisme.

Pourquoi le collage photographique ?
Jusqu'à présent, j'ai essentiellement expérimenté la peinture à l'huile, à l'acrylique, en techniques mixtes... Mais là, c'est le thème qui m'a imposé son médium. Tout est parti d'un cliché qui a provoqué en moi un vrai choc : un quartier entièrement démoli en Syrie. Cette image m'a interpellée. Il fallait que je traite ce sujet. Mais comme je ne pouvais exprimer pleinement la réalité de cette dévastation au moyen de la peinture, je me suis tournée vers le collage-montage numérique. Belle expérience que je compte renouveler d'ailleurs en video art.

* Jusqu'au 5 avril, Souks de Beyrouth, quartier des joailliers. Tél. : 03/160340.

Trois questions à Nour Ballouk, qui signe à la Black Gallery une quinzaine de photomontages: une perspective singulière, à la fois poétique et politique, sur le printemps arabe*.
Qui est Nour Ballouk ?J'ai décroché mon diplôme des Beaux-Arts de l'UL en 2006, la veille jour pour jour du déclenchement de la guerre de juillet. Au cours de ces bombardements, plusieurs des toiles...

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