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Moyen Orient et Monde - Nucléaire iranien

A Lausanne, l’Iran et les 5+1 jouent les prolongations

Selon des sources diplomatiques occidentales, les « Six » ont fait savoir à la délégation iranienne qu'elle devait prendre une décision avant l'aube.

Les négociations devaient se poursuivre dans la nuit à Lausanne. Fabrice Coffrini/AFP

L'Iran et les grandes puissances impliquées dans les discussions sur son programme nucléaire continueront à négocier après la limite qu'ils s'étaient fixée hier à minuit, ont fait savoir les États-Unis.
Plusieurs diplomates présents à Lausanne, où se déroulent les pourparlers, avaient estimé dans la journée que l'accord-cadre qui devait donc être conclu avant minuit serait probablement fragile ou incomplet, tandis que Téhéran revendiquait le droit à exploiter l'énergie nucléaire. Mais dans la soirée, le département d'État a finalement jugé que les progrès accomplis ces derniers jours en Suisse justifiaient la poursuite des discussions au-delà de la date butoir du 31 mars. « Nous avons fait suffisamment de progrès ces derniers jours pour que cela vaille la peine de rester mercredi », a déclaré Marie Harf, porte-parole du département d'État, dans un communiqué, soulignant toutefois que « plusieurs points posent encore problème ».
La délégation iranienne se dit elle aussi prête à poursuivre les négociations tant que des divergences persistent. « L'Iran ne veut pas un accord pour un accord et un règlement définitif doit garantir son droit à l'énergie nucléaire », a déclaré Hamid Baidinejad, s'adressant à la presse. « Nous allons poursuivre les discussions jusqu'à la conclusion d'un accord sur les points controversés », a-t-il ajouté. À Washington, la Maison-Blanche a toutefois averti que les États-Unis n'attendraient pas le 30 juin pour rompre le dialogue s'il n'aboutit pas avant.

 

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En outre, selon des sources diplomatiques occidentales, les « Six » ont fait savoir à la délégation iranienne qu'elle devait prendre une décision avant l'aube. « Nous leur avons dit de se décider maintenant. Ça ne peut pas durer six jours de plus », a-t-on déclaré. « On avance, mais c'est compliqué, c'est long, c'est difficile, et je crains qu'on y passe la nuit », a déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. « L'ambiance est changeante. C'est une lutte difficile pour une solution réaliste qui soit acceptable par les deux parties. Rien ne dit que nous allons réussir », a par ailleurs estimé un membre de la délégation allemande. Des délégués, qui font la navette entre séances plénières et rencontres bilatérales, ont prévenu que les négociations pouvaient encore échouer. « Nous nous préparons aux deux scénarios », reconnaît un diplomate occidental. Parallèlement, en visite à Berlin pour un sommet franco-allemand, François Hollande a jugé qu'un échec des discussions serait préférable à un mauvais accord. « Il n'y aura pas d'accord si la question des sanctions ne peut pas être réglée », a pour sa part prévenu Majid Takhteravanchi, négociateur iranien cité par l'agence Fars.
À noter que le cours du pétrole brut est tombé dans la soirée à moins de 56 dollars le baril. Si un accord est conclu, l'allègement des sanctions permettra à l'Iran de mettre davantage d'hydrocarbures sur un marché déjà excédentaire.

 

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Les négociateurs du P5+1 veulent assurer en cas d'accord un « break-out time » minimal d'une année, un délai qui laisserait aux Occidentaux le temps de préparer une riposte s'il s'avérait que l'Iran a décidé de se doter de l'arme atomique. En contrepartie de cette concession, Téhéran souhaite une levée immédiate des sanctions économiques qui ont été graduellement imposées depuis 2006. Outre le calendrier de levée des sanctions, les discussions coincent aussi sur leur rétablissement en cas de non-respect de l'accord par Téhéran et sur sa durée d'application. Dans tous les cas, un échec dans les prochaines heures ne signifierait pas automatiquement la rupture et la fin de toutes les négociations, soulignent les protagonistes de part et d'autre. Mais tous s'accordent à dire que la situation serait beaucoup plus compliquée et difficile, un échec des discussions de Lausanne ne pouvant que conforter les opposants à un accord, de Washington à Téhéran, en passant par Jérusalem ou Riyad.
Auparavant, avant de quitter Moscou pour regagner à nouveau la Suisse, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait jugé hier que « la situation était "jouable" à condition qu'aucune partie ne renchérisse à la dernière minute ».
La tension est également montée d'un cran en Israël, qui observe les tractations de Lausanne en spectateur et affirme que l'accord en gestation laissera la possibilité à l'Iran de fabriquer une bombe atomique dans un délai inférieur à un an. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déploré devant le Parlement « que l'accord en voie de formulation à Lausanne laissera à l'Iran ses installations souterraines, son réacteur nucléaire à Arak et des centrifugeuses sophistiquées ». « Le "break-out time" pour que l'Iran se procure suffisamment de matière fissile pour une bombe nucléaire ne sera pas de plusieurs années, comme il l'était dit au début, mais, selon notre estimation, sera réduit à moins d'un an, et peut-être même moins », a-t-il ajouté.

 

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