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Liban - Environnement

Quelles solutions pour le plastique en Méditerranée ?

Une conférence qui vient de se tenir à Monaco est revenue sur le constat accablant de la pollution de plastique en Méditerranée, explorant les solutions innovantes et débouchant sur la création d'une « task force » dont les contours restent à préciser.

L’un des débats animés par le journaliste Stéphane Paoli au cours de la conférence.

Dans la galerie des pêcheurs de Monaco, des personnes de différents âges posent pour l'objectif avec l'équivalent de sept jours de production de déchets. D'autres personnes dévoilent, sous une peau transparente, un corps composé autant de produits du quotidien (en plastique, évidemment...) que de chair. Plus loin, ce qu'on prend pour un magnifique spectacle d'oiseaux migrateurs traversant le ciel s'avère être, vu de près, une concentration de sacs en plastique emportés par le vent. Ces photos sont exposées par des artistes engagés, Gregg Segal, Tess Felix et Alain Delorme, dans l'objectif de lancer un message fort, celui de l'invasion du plastique dans nos vies et dans nos mers. Un plastique qui va même jusqu'à envahir nos corps par son introduction dans la chaîne alimentaire (un objet en plastique se dégrade dans l'eau, produit des microdéchets qui sont avalés par un poisson que nous consommons à notre tour, etc.).

Comment s'en étonner ? Quelque 800 mille tonnes de sacs en plastique vont polluer les océans chaque année. De 60 à 90 % des déchets aquatiques sont composés de plastique, sachant qu'un sac utilisé une fois pour une durée moyenne de vingt minutes pollue le milieu marin pendant plus de 450 ans. Parmi tous ces océans, la Méditerranée est la mer la plus polluée, avec, selon les chiffres résultant de l'expédition de la goélette Tara, quelque 250 milliards de microparticules de plastique (déchets qui se sont fragmentés). Les effets sur les animaux marins ne sont plus à démontrer.
De tels chiffres, et de nombreux faits, sont venus étayer un constat accablant dressé lors d'une conférence qui s'est tenue cette semaine au siège du Yacht Club de Monaco, donnée par des experts des rives nord et sud. « Plastique en Méditerranée : au-delà du constat, quelles solutions ? » était organisée par les fondations du prince Albert II de Monaco, Tara, Surfrider Europe et Mava. Le Liban, concerné de près par le sujet de la pollution marine, était représenté par des acteurs de la société civile.

 

(Lire aussi : Le plastique qui pollue la mer, un témoin invisible de notre mode de vie)


Les débats, animés par le journaliste Stéphane Paoli de France Inter, ont permis de dresser un bilan grave de ce que Gaby Gorsky, directeur scientifique de l'Observatoire océanograghique de Villefranche-sur-Mer (UPMC-CNRS), a qualifié de développement extraordinaire de l'utilisation du plastique durant les soixante dernières années. La pollution qui en résulte, a constaté François Galgani, responsable de projet à l'Ifremer, est d'autant plus sérieuse que la dégradation du plastique est lente au fond de l'océan, où la lumière et l'oxygène n'entrent pas. Le danger d'étranglement menace de nombreuses espèces, et la pollution est constatée très loin, au-delà du cercle polaire arctique, a-t-il ajouté. Gaby Gorsky, qui a participé aux expéditions de Tara, a souligné que le plastique se fragmente tellement qu'une seule bouteille a le potentiel de polluer l'intégralité des côtes. Une pollution qui se constate autant au fond de la mer que sur la surface, où elle perturbe l'écosystème marin.
Comme les scientifiques, les associations sur le terrain découvrent l'ampleur du problème. Autant Cristina Barreau, de Surfrider Europe, que Iffat Idriss Chatila, présidente de l'association libanaise Operation Big Blue, ont soulevé l'importance de la sensibilisation populaire pour interrompre le flux de déchets plastiques vers la mer.

Un « coup de gueule » du sud
Les débats ne se sont pas arrêtés au simple constat. Ils se sont attardés sur la complexité d'une question qui implique toute la sphère économique, allant de l'exploitation des ressources, à la production, à la commercialisation, à la consommation, et jusqu'à la production de déchets plastiques. Le plastique est un matériau qui a pris tant d'ampleur dans nos vies qu'il n'est pas simple de gérer son utilisation et sa production de manière à limiter la pollution qu'il cause dans la mer.

 

(Lire aussi: Traitement des déchets solides au Liban : « Un pas de géant »)


Pour concevoir des solutions, mieux vaut donc comprendre le problème en profondeur, éviter les fausses bonnes idées, choisir des solutions adaptées à tel ou tel aspect, comme l'a souligné Thomais Vlachogianni, chargée de programme à MIO-ECSDE, une plate-forme d'ONG basée à Athènes. Il est impossible, selon elle, de nettoyer dorénavant nos océans des microplastiques qui le polluent, mais il faut arriver à un stade où le flux de déchets est interrompu. En cela, elle a été relayée par Habib el-Habr, qui représentait le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue), particulièrement impliqué dans l'application de la Convention de Barcelone sur la protection de la Méditerranée. Celui-ci a insisté, comme d'autres intervenants, sur le nécessaire changement de mentalités.

La réglementation et les législations, c'est cela qui fait avancer les choses, a insisté Bernard Harambillet, directeur général de Veolia Propreté France. Il s'est dit convaincu qu'il faut arrêter de parler en matière de « déchets » plastiques, mais de les évoquer plutôt comme une valeur, et intégrer la dimension économique dans toute solution à venir.

Toutefois, les mesures, les législations s'appliquent-elles de la même manière sur les deux rives de la Méditerranée ? Le clivage nord-sud n'était pas absent de ce débat. L'écologiste libanais Paul Abi Rached, dans ce qu'il a lui-même qualifié comme un « coup de gueule », a noté que les produits et les technologies sont en majorité importées d'Europe vers le sud. Il a appelé les pays européens, les sociétés et les ONG à s'impliquer davantage dans une pression à caractère méditerranéen afin de lutter contre la pollution et les mesures non écologiques prises par certains gouvernements. Une autre intervenante libanaise, Rima Tarabay, coordinatrice du projet « Ecotown », insistera elle aussi sur l'indispensable coordination entre le nord et le sud pour sauver la Méditerranée.

Pas une solution, des solutions
Ce qui ressort de ces débats, c'est que les solutions existent, mais elles ne peuvent être que multiples, ciblant les différents aspects de la question, et agissant à tous les niveaux : production, consommation... Les législations (comme l'interdiction de sacs en plastique à usage unique qui entre en vigueur en 2016 en France et à Monaco), le recyclage, les bioplastiques (issus de sources renouvelables comme le maïs ou autre, ou de matières plastiques biodégradables), le nettoyage et la surveillance des côtes et des rivières qui charrient ces déchets vers la mer, les innovations pour des matières qui remplaceraient le plastique... ont été évoqués, avec leurs limites et leurs promesses.

Pour trouver des solutions à la surconsommation du plastique, Marie-Christine Huau, spécialiste en eau, mer et littoral, s'est interrogée sur les manières de faire de ce sujet une priorité, quand celui qui jette le déchet n'est pas celui qui en subit les conséquences (puisqu'on le retrouve plus tard à un autre endroit).
Consommer moins, recycler, consommer autrement. Les plastiques biodégradables seraient-ils la solution ? Stéphane Bruzaud, professeur spécialiste de la question, a souligné que ceux-ci doivent être conçus comme une solution à des problèmes précis et dans certaines conditions.

L'innovation ne peut qu'être au cœur de la recherche de solutions. Danièle Russo, présidente de la société américaine Think Beyond Plastic, insiste dans ce cadre sur l'importance de l'entrepreneuriat. Soutenant des initiatives de création de produits qui remplaceraient le plastique, elle note toutefois que l'objectif ultime n'est pas de remplacer la surconsommation d'un produit par celle d'un autre, mais de modifier les comportements de consommation.

 

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commentaires (2)

Ou est le ministre de l'environnement ??? Un dossier relativement simple a traiter, et qui ne demande pas d'engagement financier bien au contraire il peut faire faire des économies Tous les pays dit "cultivés" et pas du tiers monde ont pris la décision de supprimer les sacs plastiques dans les commerces vous venez avec vos propres sacs ou vous achetez dans le commerce un sac biodégradable !! quelle révolution il faut avoir fait au moins polytechnique pour prendre cette décision !! alors monsieur le ministre montrez au moins que vous avez votre brevet d'études ça suffira pour prendre cette décision

yves kerlidou

11 h 25, le 14 mars 2015

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Commentaires (2)

  • Ou est le ministre de l'environnement ??? Un dossier relativement simple a traiter, et qui ne demande pas d'engagement financier bien au contraire il peut faire faire des économies Tous les pays dit "cultivés" et pas du tiers monde ont pris la décision de supprimer les sacs plastiques dans les commerces vous venez avec vos propres sacs ou vous achetez dans le commerce un sac biodégradable !! quelle révolution il faut avoir fait au moins polytechnique pour prendre cette décision !! alors monsieur le ministre montrez au moins que vous avez votre brevet d'études ça suffira pour prendre cette décision

    yves kerlidou

    11 h 25, le 14 mars 2015

  • QUAND LES BOÎTES CRÂNIENNES SONT DE PLASTIQUE IL NE FAUT PAS S'ÉTONNER DE LE VOIR SUR LA TERRE... POLLUANT GRANDES ROUTES, ROUTES ET RUELLES, AU FOND ET À LA SURFACE DE LA MER ET MÊME VOLANT DANS LES AIRS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 34, le 14 mars 2015

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