Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Hotte d’or

Je n’aime pas Hiba Tawaji

Cette scène, je l'ai vue. Je m'y suis vue. Spectatrice de mon propre assassinat. D'un coup, j'étais Anna Göldin. J'étais Marie Navart, Agnes Sampson, Betty Paris ou Ann Putnam. J'étais même Jeanne d'Arc. Toutes ces femmes brûlées pour sorcellerie sur le bûcher de leurs vertus. Sorcière. Au commencement, je n'ai strictement rien contre ce mot, bien au contraire : bon nombre de mes jeunes amants me l'ont souvent hurlé à l'exact moment où ils se perdaient en moi. Sorcière  : un mot tellement plus intéressant que Je t'aime. Mais là, c'était autre chose. La scène était dantesque. J'avais réussi à exiger, comme dernières volontés, que mon bûcher soit uniquement constitué de branches de cèdre du Liban et d'ébène du Mozambique, et qu'un immense seau à champagne Alessi y soit posé, avec un balthazar de Veuve Clicquot cuvée 1899 – oui, 1899, c'est une date qui m'est chère. Pour l'occasion, mon nouveau styliste Mak. B., pleurant toutes les larmes de son corps, m'a habillée avec un fourreau-pantalon virginal et sanguin JW Anderson, pas encore en boutique, et des bottes carmines Dior. Un jeune bourreau délicieusement barbu m'a aidée à monter sur mon échafaud. Vous êtes tellement ravissante, madame, m'a-t-il dit en regardant ses chaussures. Une fois debout, chaussée d'immenses lunettes de soleil Selima Optique, j'ai regardé devant moi. La foule était impressionnante. Ce n'était pas vraiment une foule, mais une meute. Bavant. Éructant. Trépidant. Et hurlant. Je ne distinguais que deux mots : Margot, et salope. J'ai frémi de dégoût au premier : qui sont-ils, ces gens, pour s'autoriser à me surnommer ainsi ? Pour eux, je suis Marguerite. Ou Madame K. Le second m'a fait sourire. Salope ? Parce que j'ai émis une opinion publique ? Analphabètes. J'ai avalé plusieurs lampées de mon champagne. Mak. B. m'avait donné un éventail Duvelleroy silver en plumes de paon blanc. Il faisait chaud, et j'avais comme l'impression qu'il allait faire de plus en plus caniculaire. Le bourreau hipster m'a demandé s'il pouvait y aller. Faites, mon ami, ai-je répondu. Pendant qu'il allumait sa torche (j'aurais bien voulu qu'elle soit customisée par les trop mignons David et Nicolas), j'ai remarqué quelques visages ravagés dans la foule. Meryl Streep avait fait le voyage pour un dernier adieu, elle avait les mains jointes sur un chapelet, Haïfa Wehbé sanglotait. George Clooney et Amal Alameddine s'enlaçaient, le visage noyé. Karl Lagerfeld beuglait contre la barbarie humaine et expliquait, en allemand, qu'on ne brûlait pas, qu'on ne pouvait pas brûler des monuments universels. Mon adorable Karlounet. Il me manquera. Et puis mes rétines ont glissé sur Ammar, sanglé dans le costume Lanvin que je lui avais offert. Ammar. Petit fils du soleil. Cela faisait une semaine que nous vivions ensemble, c'est un brillant électricien. Ammar hurlait comme chez Munch. Puis j'ai vu la torche, la flamme, j'ai entendu La Nihayi w la Bidayi résonner dans des baffles surpuissants, comme pour me narguer avant que je n'expire, et le rouge et le noir se sont épousés sur et en moi. Puis plus rien.

P.S. : tout avait commencé dix jours avant. Sur le corps nu et formidablement musclé de Ammar, j'écrivais ma chronique du mardi pour L'Orient-Le Jour. Tu es en retard, Margottine, me grondait chaque 11 minutes ma petite fille chérie, Carla Henoud. J'écrivais avec ma plume Waterman 1924, naturellement, en me lâchant quelque peu contre Hiba Tawaji. Contrairement à l'immense majorité de mes compatriotes, mon Ammar transi d'amour pour la jeune chanteuse inclus, la voix, techniquement impressionnante certes, de cette dame, ne me touche aucunement. Son interprétation de Mon amie la rose dans The Voice France, trop lisse, trop propre, trop orientalisante à mon goût, m'avait même laissée de givre. Non, je n'aime pas beaucoup Madame Tawaji. Les Libanais ne me l'ont pas pardonné. Ils m'ont brûlé vive. Pas littéralement, bien sûr, mais tout de même... Et cela n'est pas, n'est-ce pas, très miam-miam...

 

La précédente hotte d'or

Cette scène, je l'ai vue. Je m'y suis vue. Spectatrice de mon propre assassinat. D'un coup, j'étais Anna Göldin. J'étais Marie Navart, Agnes Sampson, Betty Paris ou Ann Putnam. J'étais même Jeanne d'Arc. Toutes ces femmes brûlées pour sorcellerie sur le bûcher de leurs vertus. Sorcière. Au commencement, je n'ai strictement rien contre ce mot, bien au contraire : bon nombre de mes...

commentaires (2)

Dans toute entreprise, Pour reussir, Il faut PENSER dans la langue d'origine de l'acte que l'on entreprend... Et c'est bien vrai qu'en entendant la version de Mon amie la rose, je me suis cru un instant a la Casbah! Esperons que notre jeune et quand meme talentueuse candidate corrigera la tir la prochaine fois.

Cadige William

09 h 13, le 12 mars 2015

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Dans toute entreprise, Pour reussir, Il faut PENSER dans la langue d'origine de l'acte que l'on entreprend... Et c'est bien vrai qu'en entendant la version de Mon amie la rose, je me suis cru un instant a la Casbah! Esperons que notre jeune et quand meme talentueuse candidate corrigera la tir la prochaine fois.

    Cadige William

    09 h 13, le 12 mars 2015

  • chere francoise hardy as tu ecoute hiba dans mon amie la rose

    Haddad May

    07 h 24, le 11 mars 2015

Retour en haut