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Liban - Décryptage

Beyrouth observe Le Caire qui... regarde Riyad

Le Liban a reçu officiellement une invitation pour participer au sommet arabe annuel qui doit se tenir au Caire le 27 mars. En principe, le Premier ministre devrait présider la délégation libanaise à ce sommet, mais d'ores et déjà les milieux politiques et diplomatiques cherchent à évaluer la situation en Égypte à la lumière des développements des derniers mois. Ce sont surtout les tentatives de rapprochement entre le nouveau pouvoir égyptien d'une part, le Qatar et la Turquie de l'autre, menées par l'Arabie saoudite, qui suscitent le plus d'intérêt, tant elles pourraient modifier le rapport des forces dans la région.
Selon une source diplomatique arabe en poste à Beyrouth, le nouveau pouvoir en Arabie saoudite est différent du précédent. Le défunt roi Abdallah, qui était en quelque sorte un Bédouin, avec des principes et des idées arrêtés, était un nationaliste arabe convaincu. Sa position à l'égard du président syrien Bachar el-Assad, qui s'est transformée en animosité personnelle, n'était pas due aux pressions américaines ou autres, mais au fait qu'il estimait qu'Assad n'avait pas tenu parole à son égard, notamment au sujet de l'appui à la candidature d'Iyad Allaoui pour le poste de Premier ministre d'Irak à la place de Nouri al-Maliki. Par contre, le roi Abdallah avait été le seul à appuyer le renversement du président égyptien Mohammad Morsi, défiant ainsi les Américains qui ne voyaient pas d'un bon œil le renversement d'un président « démocratiquement élu ».


Le nouveau pouvoir en Arabie dirigé par le roi Salmane semble beaucoup moins clair dans ses options. Au contraire, il tente de se rapprocher des Frères musulmans et des pressions sont exercées sur le président Abdel Fattah al-Sissi pour qu'il allège les dispositions prises contre les Frères musulmans et leurs dirigeants en Égypte. Selon le diplomate arabe en poste à Beyrouth, les fuites diffusées par la chaîne Mkammleen (appartenant à « l'opposition égyptienne ») concernant des propos tenus par le président Sissi sur les dirigeants du Golfe s'inscriraient dans le cadre des tentatives de pression sur le dirigeant égyptien pour qu'il accepte de se réconcilier avec le Qatar et la Turquie. Ces fuites consisteraient en 70 minutes d'enregistrements, dont seulement la moitié a été divulguée, et elles auraient été captées par un micro installé dans le bureau du général Abbas Kamel qui était le chef de cabinet de Sissi alors qu'il était ministre de la Défense, et qui l'a suivi au palais présidentiel. Les milieux du pouvoir en Égypte pensent que ce micro a dû être installé sous la présidence de Mohammad Morsi, donc par les Frères musulmans, mais le dispositif est très sophistiqué. Ce qui pousse les experts à croire que des services de renseignements étatiques pourraient être derrière cette opération.


Pour le diplomate arabe en poste à Beyrouth, il est clair que ces fuites ont été diffusées dans le but d'embarrasser le président égyptien et d'entraver ses relations avec les pays du Golfe et en particulier l'Arabie saoudite, d'autant que dans ces enregistrements, le président Sissi qualifie les émirats du Golfe « de semi-États » et ajoute qu'ils « ont de l'argent comme d'autres ont du riz ». Ces fuites ont d'ailleurs été divulguées après la demande de Sissi au Conseil de coopération du Golfe d'une condamnation claire du Qatar accusé de soutenir le terrorisme. Non seulement cette demande égyptienne n'a pas été retenue, mais de plus, c'est l'Égypte qui a été mise en cause dans un communiqué officiel. Certes, par la suite, les dirigeants saoudiens ont tenté d'atténuer les critiques adressées à l'Égypte et ils ont effectué une ouverture en direction du président Sissi, mais entre les deux pays, les relations ne sont plus au beau fixe, comme elles l'étaient du temps du roi Abdallah.


Pour les dirigeants égyptiens, il n'est pas question de creuser le fossé avec les dirigeants saoudiens, d'autant qu'ils ont énormément besoin des fonds saoudiens en cette période particulièrement critique. C'est pourquoi le président Sissi a répondu à l'invitation du roi Salmane dimanche et il a tenté de trouver des points d'entente avec lui, sans avoir à faire de grandes concessions au sujet des relations avec les Frères musulmans. Il a ainsi refusé de rencontrer le président turc qui se trouvait à Riyad au même moment, mais il a lancé l'idée d'une force arabe commune pour lutter contre le terrorisme, qui est en réalité celle du roi Salmane et qui pourrait par la suite se transformer en force arabe commune face à l'Iran.


À ce stade des relations, chacun teste l'autre, mais l'Égypte a une marge de manœuvre assez étroite, parce qu'elle est d'une part embourbée dans sa situation interne complexe et la lutte contre les Frères musulmans, et, d'autre part, elle se cherche une place dans le monde arabe et dans les axes actuels régionaux et internationaux, sachant que ses ouvertures en direction de la Russie ne plaisent pas à tout le monde et qu'au final, elle reste tributaire des États-Unis et de l'Arabie sur le plan économique. C'est d'ailleurs pourquoi l'Égypte accueille le week-end prochain un forum économique à Charm el-Cheikh, avant le sommet arabe à la fin du mois. Le Liban a décidé d'être présent à ces deux réunions, mais lui aussi souhaite rester très prudent, car dans un monde arabe en pleine mutation, les petits pays fragilisés risquent plus gros que les autres...

Le Liban a reçu officiellement une invitation pour participer au sommet arabe annuel qui doit se tenir au Caire le 27 mars. En principe, le Premier ministre devrait présider la délégation libanaise à ce sommet, mais d'ores et déjà les milieux politiques et diplomatiques cherchent à évaluer la situation en Égypte à la lumière des développements des derniers mois. Ce sont surtout les...

commentaires (5)

Oui, bon OK ! Si le Liban "observe" et l’Égypte "regarde", la bääSSyrie, sourde et aveugle ; par contre elle ; a fini paralytique et muette !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

14 h 39, le 07 mars 2015

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Commentaires (5)

  • Oui, bon OK ! Si le Liban "observe" et l’Égypte "regarde", la bääSSyrie, sourde et aveugle ; par contre elle ; a fini paralytique et muette !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 39, le 07 mars 2015

  • Sur tous les plateaux de télé français, on entend plus que des personnalités faire appel pour une amélioration rapide des relations de la France, avec le régime du président élu Bashar , Dupont Aignant demande aux dirigeants français de reconnaître publiquement les erreurs de calculs qu'ils ont fait de jupé à Fabius qui comme le perroraient certains internautes , et pour certains ça continue , d' avoir déclarer que Bashar tomberai en 15 jours , il y a 4 ans de cela ! Christian Chesnaut ex otage des bactéries salafistes revenant de Damas raconte comment la vie continu dans cette ville et dans toute la partie utile de la Syrie sous le contrôle du régime , il faut le rappeler qui est fait de sunnites alaouites et chrétiens . Eric Zemmour est même allé jusqu'à dire merci à la Russie de Poutine et à l'Iran d'avoir tenu bon devant l'imbécilité des occicons aveuglés par les billets infectés des binsaouds qui leur retombent sur leur gueule de mendiants prostatiques . Et Le Liban dans tout ça , on voudrait nous faire croire qu'il aurait pu une seule seconde de son existence être en dehors de cette grosse machination ???? faut être félé quand même . Merci Scarlett de ne pas permettre cela par vos articles de grandes qualités , mais malheureusement pas à la portée des esprits faibles , loosers et défaitistes !

    FRIK-A-FRAK

    14 h 11, le 07 mars 2015

  • Mais, si c'est vrai, qu'est-ce que la Per(s)cée et ses mollâhs Perc(s)és doivent alors bien "jouir!".

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 44, le 07 mars 2015

  • DU BARATIN AUX QUATRE ÉPICES... TRÈS FORTES ET EN GRANDES DOSES ET INDIENNES... TRÈS CHÈRE MADAME SCARLETT HADDAD QUI CROYEZ QUE LA POLITIQUE DES ETATS SE DÉCIDE AUX GRÉS DES SENTIMENTS PERSONNELS... COMME AU CHEZ NOUS... ET NON DE CEUX DES INTÉRÊTS DE CHAQUE ETAT !!! DÉCRYPTAGE... ÉCLAIRAGE... OU LAVAGE ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 18, le 07 mars 2015

  • Et "la source diplomatique arabe", à la subtilité remarquée, ne dit-elle pas un mot sur la nécessité de DIS_TAN_CIA_TION du Liban de tous ces conflits, de toutes ces zizanies arabo-musulmanes, comme le recommande le minimum de bon sens et de sagesse ?

    Halim Abou Chacra

    06 h 22, le 07 mars 2015

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