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Moyen Orient et Monde - Éclairage

L’Iran cédera-t-il son influence régionale contre un accord sur le nucléaire ?

Des experts confirment l'absence de lien entre les pourparlers et le rôle de Téhéran au Moyen-Orient.

Reza Najafi, le représentant iranien à l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique), s’adressant à la presse. Heinz-Peter Bader/Reuters

L'Iran, qui joue un rôle important dans plusieurs conflits au Moyen-Orient, n'entend pas céder son influence régionale dans le cadre des pourparlers en cours avec les grandes puissances sur le dossier du nucléaire, estiment des experts.
Pour rappel, le général Ghassem Souleimani, l'un des commandants des Gardiens de la révolution iraniens, s'est félicité en février de l'influence grandissante de son pays « de Bahreïn à l'Irak et de la Syrie au Yémen et à l'Afrique du Nord ». Téhéran affirme soutenir l'Irak face au groupe jihadiste État islamique (EI) en fournissant armes, matériel et conseillers militaires. Le rôle de l'Iran et des milices chiites dans l'offensive en cours pour reprendre la ville de Tikrit, aux mains de l'EI, pourrait être « positif », a d'ailleurs jugé mardi le général américain Martin Dempsey.
Mais les Occidentaux et les monarchies du Golfe s'inquiètent de son rôle nuisible, selon eux, sur d'autres terrains : Téhéran est le principal allié régional du régime syrien face à la rébellion armée ; il est par ailleurs accusé de soutenir la contestation animée par la majorité chiite face à la dynastie sunnite qui gouverne Bahreïn et d'avoir contribué, au Yémen, à la prise du pouvoir à Sanaa par les rebelles chiites.
L'Iran apporte également une aide financière et militaire aux groupes armés palestiniens, notamment le Hamas qui contrôle la bande de Gaza. Il est aussi le parrain du Hezbollah. Et alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a averti mardi que l'Iran était « en train d'avaler plusieurs nations », Washington a affirmé qu'il continuera à « s'opposer avec détermination » à toute tentative de l'Iran d'étendre son influence même en cas d'accord nucléaire. « L'influence de l'Iran est morale », a assuré hier la porte-parole de la diplomatie, Marzieh Afkham, ajoutant que l'Iran « est une puissance réelle et importante dans la région et veut utiliser son poids pour assurer la paix, la sécurité, la stabilité et le progrès ». Quant à l'impact de cette question sur les négociations nucléaires, « ce n'est pas un paramètre particulier mais en même temps c'est une réalité », a-t-elle dit. Elle a néanmoins souligné que les négociations portaient « uniquement sur les questions nucléaires. Aucun autre sujet n'est discuté ».

Pourquoi changer ?
Ali Vaez, spécialiste de l'Iran au centre de réflexion International Crisis Group (ICG), affirme l'absence de lien entre le dossier nucléaire et les questions régionales. Les grandes puissances et l'Iran « négocient sérieusement sur le premier point, mais ont seulement eu des échanges de vues sur le second », explique-t-il à l'AFP. Selon lui, une coopération entre l'Iran et les pays occidentaux sur les zones de conflit dans la région n'influencerait pas deux éléments essentiels du dossier nucléaire : le « breakout time » (le temps nécessaire à l'Iran pour fabriquer une bombe atomique) et la levée des sanctions. Tout au plus, une fois la crise nucléaire résolue, ils « seront en meilleure position pour tenter de régler leurs différends », admet-il.
L'analyste politique iranien Amir Mohebian renchérit en assurant « qu'en aucune façon, Téhéran n'acceptera de négocier sur sa puissance ». « La seule puissance qui combat aujourd'hui l'EI sur le terrain, ce n'est pas la coalition internationale dirigée par les États-Unis, c'est l'Iran », affirme-t-il à l'AFP, soulignant qu' « aucun responsable n'est autorisé et ne s'autorisera à négocier sur la puissance de l'Iran ». Il dénonce le manque de stratégie des États-Unis en Syrie, qui « voulaient le départ (du président Bachar el-Assad sans réfléchir à la suite » et ont « renforcé les groupes extrémistes comme al-Nosra (la branche syrienne d'el-Qaëda) et l'EI ». « Imaginez que la politique américaine l'ait emporté, on aurait eu ces extrémistes à Damas, affirme-t-il, reprenant le discours des officiels iraniens. Pourquoi voulez-vous que l'Iran change sa politique aujourd'hui, alors qu'il avait raison dès le début ? » Au Yémen, « l'Iran soutient un mouvement populaire alors que les États-Unis soutiennent un dictateur », lance-t-il encore. Dans ce pays, les rebelles chiites se sont emparés fin janvier du pouvoir à Sanaa, conduisant le chef d'État Abd Rabbo Mansour Hadi, élu en 2012 et soutenu par la communauté internationale, à fuir à Aden où il ne cesse de clamer son statut de président « légitime ». Il est également impensable que Téhéran recule sur l'aide aux groupes palestiniens luttant contre Israël, affirme Mohammad Sedghian, analyste du Centre arabe pour les études iraniennes, basé à Téhéran. « Le soutien iranien aux mouvements de résistance dans la région, en Palestine ou au Liban, est une question stratégique pour la politique de l'Iran et ne sera pas influencée par des circonstances politiques ou économiques », juge-t-il.
Cyril JULIEN/AFP

L'Iran, qui joue un rôle important dans plusieurs conflits au Moyen-Orient, n'entend pas céder son influence régionale dans le cadre des pourparlers en cours avec les grandes puissances sur le dossier du nucléaire, estiment des experts.Pour rappel, le général Ghassem Souleimani, l'un des commandants des Gardiens de la révolution iraniens, s'est félicité en février de l'influence...

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