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Moyen Orient et Monde - Décryptage

De Mistura, du forcing à l’impasse

Quelle est désormais la marge de manœuvre pour l'envoyé spécial de l'Onu en Syrie ?

Des rebelles de la brigade Sultan Mourad paradant avec leurs armes dans les rues d’Alep. Hosam Katan/Reuters

Pour la seconde fois en moins d'un mois, l'envoyé spécial de l'Onu en Syrie, Staffan de Mistura, est au cœur de l'actualité syrienne. Alors qu'il avait provoqué l'ire des membres de l'opposition en déclarant que Bachar el-Assad faisait « partie de la solution », le diplomate onusien a dû faire face, pas plus tard que dimanche, au rejet de sa proposition de gel des combats à Alep. M. de Mistura s'attendait-il à ce retour de bâton ? Et surtout, quelle peut-être désormais sa marge de manœuvre alors que la réussite de son idée phare, peut-être même la seule sur laquelle il se soit réellement investi, apparaît aujourd'hui fortement compromise ?
Interrogé par L'Orient-Le Jour, Mounhil Barich, militant et opposant, membre du Conseil national syrien, exilé à Gaziantep en Turquie, revient sur les raisons du rejet du plan de gel des combats à Alep. Selon lui, « les rebelles ne pouvaient pas accepter de négocier un cessez-le-feu à Alep alors que dans les autres régions, les populations sont victimes d'une situation alimentaire catastrophique et des bombardements du régime, comme dans la Ghouta orientale ». S'il ne considère pas pour autant la rupture du dialogue avec de Mistura comme définitive, il explique que l'opposition ne reviendra pas sur les acquis de Genève qui prévoyaient de donner les pleins pouvoirs à un gouvernement de transition.


Une impression qu'est venu confirmer Ziad Majed, politologue libanais et professeur des études du Moyen-Orient à l'Université américaine de Paris, estimant, quant à lui, que le camouflet de l'opposition « n'est pas du tout une surprise ». Selon lui, les rebelles avaient trois raisons de ne pas accepter ce plan. « Premièrement, de Mistura est dans une logique de normalisation avec Assad au pouvoir, ce qui est en contradiction avec les accords de Genève 1 et 2. Ensuite, il donne l'impression de vouloir faire d'Alep un laboratoire, un symbole d'espace urbain qui respecte le cessez-le-feu. Or, dès le début, l'opposition a expliqué qu'elle ne voulait pas que la trêve s'applique seulement à la ville d'Alep. D'autant plus qu'il n'y a plus beaucoup de combats dans la ville alors que dans les zones autour de la ville, le régime tente d'encercler les rebelles et continue de larguer des barils d'explosifs. Enfin, le régime n'est plus en position de force, au moins temporairement, dans la région. L'opposition n'avait donc pas un besoin vital de trouver un accord de cessez-le-feu », explique M. Majed.

 

(Lire aussi : L'opposition syrienne inflige un camouflet à de Mistura en refusant son plan)


Interrogé sur les conséquences du refus de l'opposition, un ancien diplomate à la retraite admet quant à lui qu'il est « regrettable qu'un médiateur, un envoyé spécial des Nations unies, perde la confiance d'une fraction importante dans le pays ». Cela dit, il estime que « rien d'irréversible n'est arrivé ». « Il doit reprendre le dialogue avec l'opposition, apprendre à l'écouter. Mais le problème, c'est que de Mistura est tellement focalisé sur le combat contre Daech qu'il ne tient pas compte des aspirations et des demandes de l'opposition ». S'appuyant sur son expérience personnelle, le diplomate qui a requis l'anonymat ajoute qu' « il n'y a ni déshonneur ni embarras à revoir sa copie », et considère que cet échec ne sera pas fatal à M. de Mistura. « Je ne crois pas qu'il sera remplacé, mais dans tous les cas, il devra continuer de faire ce que le Conseil de sécurité lui demande, même si l'accord n'a aucune chance d'aboutir », affirme-t-il. « M. de Mistura a perdu beaucoup de légitimité du fait de son inaction sur les dossiers importants », explique pour sa part M. Majed. « Aujourd'hui, le régime n'est pas concentré sur Alep. La priorité est donnée à l'axe Kuneitra-Deraa-Damas. Et sur ce terrain-là, ce sont désormais les troupes iraniennes qui sont aux commandes », précise M. Majed. « La grande question maintenant pour les rebelles, c'est de savoir comment résister à l'offensive iranienne, venue se substituer à un État en faillite », explique pour sa part M. Barich.


Par manque de compréhension ou d'empathie à l'égard des revendications de l'opposition, M. de Mistura se trouve désormais confronté à un dilemme qui ressemble comme deux gouttes d'eau à une impasse : soit il accepte d'être plus concilliant avec les rebelles mais prend ainsi le risque d'être sans cesse critiqué par un régime qui mettra tout en œuvre pour paralyser son action ; soit il garde le même cap et perd toute sa crédibilité auprès de l'opposition tout en donnant du crédit à la rhétorique du régime qui était censé quitter le pouvoir. Mais comme bien d'autres avant lui, M. de Mistura le sait, c'est dans ce genre de situation que les grands diplomates se démarquent et orientent, quelque part, le cours de l'histoire...

 

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Pour la seconde fois en moins d'un mois, l'envoyé spécial de l'Onu en Syrie, Staffan de Mistura, est au cœur de l'actualité syrienne. Alors qu'il avait provoqué l'ire des membres de l'opposition en déclarant que Bachar el-Assad faisait « partie de la solution », le diplomate onusien a dû faire face, pas plus tard que dimanche, au rejet de sa proposition de gel des combats à Alep. M....

commentaires (4)

Pathétique vraiment, ce type de Dalmatie !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

01 h 16, le 04 mars 2015

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Commentaires (4)

  • Pathétique vraiment, ce type de Dalmatie !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    01 h 16, le 04 mars 2015

  • PLUTÔT : D'UNE IMPASSE... À L'AUTRE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 15, le 03 mars 2015

  • Il n'y a et n'y aura jamais un moyen de composer avec le régime honni de Damas. L'envoyé de l'ONU, Staffan de Mistura, finira par renoncer à sa "mission". Qui vivra verra.

    Halim Abou Chacra

    06 h 29, le 03 mars 2015

  • Pour passer son temps…. restant ; comme diplomate dalmate et/ou suédois ; Staffan résume l’ensemble de ses banalyses diplomatiques en usant de l’expression spécifiquement dalmatienne qui plonge toujours ses "innombrables" amis indigènes étrangers étranges et bääSSàrienisés dans un abîme de perplexité : "Non, peut-être !". Comme un seul "humanoïde", ses few affidés sudistes slaves mâchonnent les mêmes éléments de langage fournis par sa direction molle plutôt snobe que noble : Comme quoi, ils ne sont informés par ces "satanés" rebelles Sains ni de ce qui se passe, ni même de ce qui ne se passe pas. Et que c’est tout à fait indécent, puisque le "grand" marquis représente lui, n’est-ce pas, la plus grande diplomatie snobe dalmatienne auprès de cette bâdïyâh bääSSyrienne sœur- syrienne. Mais que cela, évidemment, ne les étonne pas de la part de ces rebelles qui prétendent monopoliser le monde Sain Syrien. Mais lui, de M(a)istura dans tout ça ? L’indicible épigone, si irrésistible et indépassable diplomate niais, qui fait de plus en plus penser à un somnambule déambulant avec sa mer de Dalmatie pour dernier terrain vague, se croit tout beau, tout nouveau le béjaune si snob. Mais tel qui rit vendredi, dimanche pleurera, car à sa place en tout cas, on se méfierait d’éventuels sales snipers bääSSyriens embusqués dans les escarpes dalmatiennes ou, juste en face, dans les récifs ; yâââï ; de Hvâr ou de Vukovâr !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 32, le 03 mars 2015

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