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Lifestyle - Tous les chats sont gris

Le magazine « Gala » et un déodorant à 3h du matin ? Quelle idée !

Qui n'est pas parti en expédition, dans la nuit, à la recherche d'un épicier ouvert, d'une station-service ou d'une pharmacie de garde, sans succès ? Pourtant, Beyrouth recèle quelques « dépanneurs de nuit », des roues de secours utiles et nécessaires. Sortons donc les carnets d'adresses.

Il existe, en plus de la légendaire «Le Liban, c'est mer et montagne la même journée», une autre expression qu'on a dans les oreilles depuis toujours: «Beyrouth est une ville de services.» Une pseudo déclaration avec laquelle on tanne les manuels scolaires, les investisseurs pour les rassurer ou les étrangers lorsqu'on vante fièrement les vertus du pays.

Ville de services; mais quels services? C'est vrai qu'a priori, la vie dans la capitale libanaise est un long fleuve tranquille. Où l'on se la coule douce et quasiment tout parvient jusqu'au rebord de notre sofa paresseux. L'argent agit aussi comme accélérateur pour se faufiler dans les files d'attente interminables et les longues procédures inspirées des travaux d'Hercule. Sauf que toutes ces facilités, la journée aux petits soins de la loi du moindre effort, disparaissent une fois la nuit tombée. Et là, l'idée de se procurer une bouteille d'eau ou un paquet de cigarettes devient à elle seule un parcours du combattant. « Allô, est-ce que tu pourrais vérifier si l'épicier sous chez toi est encore ouvert?», «À quelle heure est-ce que le Monop' du coin ferme?», «Le petit a 40 de fièvre, je suis à cours de sirop et, à cette heure-ci, impossible de trouver une pharmacie fonctionnelle!», ou encore «Mon stock de Belvédère est épuisé et je reçois les potes pour une after, comment m'en procurer à minuit passé?» Bref une multitude de questions banales qui deviennent quasi existentielles à ces heures indues.

Alors la nuit beyrouthine est condamnée? Pas forcément, car il existe quelques adresses ingénieuses, ce qu'on devrait appeler les dépanneurs de nuit. Ils sont là, éparpillés dans la capitale, et souvent méconnus, un peu comme des gardiens de nuit qui résistent aux paupières qui se ferment pour nous dépanner justement, une fois que le noir s'est emparé de la ville...

D'une part, en cas d'urgence ou de panique, il serait bon de savoir qu'à Beyrouth, cinq pharmacies sont fonctionnelles de jour comme de nuit. D'abord, la sacro-sainte Hachache à deux pas de l'hôpital Saint-Georges dans le secteur de Geitaoui; le seul établissement de l'est de la capitale à ne s'être octroyé aucune nuit de sommeil depuis son ouverture. Sous les ampoules néon qui semblent n'avoir pas été remplacées depuis la guerre de 1990, on est reçu par un pharmacien au teint zombiesque mais qui reste extrêmement efficace et rassurant malgré son somnambulisme avéré. Pas de fantaisies médicamenteuses, juste l'essentiel en cas de besoin pressant pour une course express en pyjama, les cheveux en pétard. Plus de modernisme et une gamme de produits plus variés à la pharmacie Wardieh dans le quartier qui porte le même nom, quoiqu'on n'ait pas forcément la tête à se procurer une crème antirides à l'algue rouge à 4h du matin. À noter également, les pharmacies City sur la rue Hamra, Sami à Manara et Soubra à Verdun qui reçoivent leurs clients 24/7.

D'autre part, pour les besoins un peu moins urgents, pour les fêtes improvisées en très fin de soirée, les pénuries d'eau, d'alcool, les envies de sucre en pleine nuit, l'idée futée d'Hibou a été instaurée à Beyrouth il y a quelques années. Hibou, c'est une petite supérette de la rue Chéhadé, ouverte 24/7 et achalandée comme un véritable
supermarché. C'est aussi et surtout le descendant de la «sallé» légendaire, version nocturne. Soit un service de livraison, une sorte d'acheteur-coursier qui fait les courses à votre place, en pleine nuit et en un temps record, avec tous les avantages d'un service plus humain et personnalisé. On commande à cet oiseau de nuit un paquet de Marlboro quand la partie de poker traîne et qu'on se retrouve à fumer deux cigarettes simultanément, sous l'emprise de l'adrénaline. On peut aussi se faire livrer du whisky parce qu'il pleut à torrents et qu'on se sent vachement bien sous cette couette douillette. Du papier toilette, des chips, du Nutella, des chewing-gums, une sauce de pâtes.

Il y a aussi sa version moins paresseuse, l'une des seules stations-service du pays avec son petit marché : Medco, à Saïfi. Chez Medco, on ne chôme jamais. On s'y arrête pour un plein d'essence, histoire d'arriver chez soi, lorsque la voiture est à sec parce que le «valet parking» s'est amusé à jouer avec à l'auto-tamponneuse. On s'y rend aussi pour se procurer un énorme sac à glaçons et on y rencontre des noctambules aux besoins plus ou moins douteux. Le magazine Gala et un déodorant à 3h du matin, quelle idée. Du papier à rouler et un stock de chocolat, ça va de paire; ou des préservatifs et une bouteille de vin; pour aller jusqu'au bout de la nuit.

 

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Ville de services; mais quels...

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