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Quand l’Alba réfléchit sur un Liban nouveau

Un symposium intitulé « Liban, image et identité » s'est tenu à l'Alba, du 16 au 20 février, à l'occasion des 40 ans de la création de la section publicité et arts graphiques de l'École des arts décoratifs. Le but ? Lancer un projet académique sur l'image de marque du Liban.

Les experts débattant de la notion de mise en marque du Liban en présence de M. André Bekhazi, doyen de l’Alba (au centre).

À une époque où notre pays, marqué par une guerre civile de 15 ans qui n'a pas fini de laisser des traces, peine à se refaire une véritable image de marque, et face à la somme de frustrations que peut ressentir toute personne baignant dans le milieu de la communication visuelle, il était devenu impératif d'agir. Partant de ce constat, Alain Brenas, directeur de la section publicité et arts graphiques à l'Alba, a voulu avec ce séminaire entamer une réflexion sur la labellisation et la mise en marque du territoire. Un travail de recherche conceptuelle, une source d'inspiration qui guiderait les étudiants dans leur travail de création d'une nouvelle identité multiforme du Liban.

Une vision objective
Invités par l'Académie libanaise des beaux-arts, cinq experts en image, typographie et graphisme sont venus de France, d'Afrique du Sud, d'Inde et de Grèce pour apporter pendant cinq jours leur regard neuf et dénué de toute subjectivité. Ils étaient orientés par des spécialistes libanais en communication et des professeurs de l'Alba tels que Daniel Georr, Aurore Beaino, Antoine Abi Aad et Lena Bonja pour qui «la présence des experts étrangers est très importante» car, dit-elle, «leur perception et les questions qu'ils posent nous amènent à repenser et à voir les choses sous un autre angle.»
Afin de pouvoir se faire une idée plus complète du panorama libanais, des intervenants du Liban, experts dans leurs domaines respectifs, ont présenté au fil des jours le Liban à travers le secteur qui les concerne.
Ainsi, Ziyad Makhoul, rédacteur en chef à L'Orient-Le Jour a évoqué la situation politique; Nadine Panayot, archéologue, a mis en exergue la richesse historique et archéologique du pays et les difficultés immenses auxquelles elle et ses confrères doivent faire face. Les invités ont pu également se prêter à l'exercice de la cuisine faite maison et les secrets de la gastronomie libanaise avec Kamal Mouzawak au restaurant Tawlet, tandis que le journaliste et écrivain Antoine Salameh leur a présenté le Liban multiconfessionnel. Quant à la journaliste et écrivaine, May Menassa, elle leur a fait découvrir la littérature, la culture et le côté artistique, alors qu'Antoine Abi Aad, professeur de calligraphie et typographie à l'Alba leur a expliqué à quoi ressemble la typographie arabe et la langue libanaise avec le mélange des trois langues d'usage. Et pour clore, Joe Ayache, directeur du groupe Impact/BBDO, a fait un tour d'horizon des secteurs d'excellence au Liban.

Le Liban vu de l'extérieur
Les cinq experts ont débattu, chacun avec sa propre vision, de la notion de mise en marque du pays.
Robin Turner, graphiste et designer multimédia, vient de Johannesburg. L'image qu'il avait du Liban était influencée par ce qu'il en avait vu dans les médias, mais sa perception a changé en arrivant. Il a découvert une diversité, une culture et une histoire «extraordinaires » qui forment une base solide pour fabriquer une image nouvelle du Liban. « Il existe beaucoup de points communs entre l'Afrique du Sud et le Liban, notamment une guerre civile, le multiculturalisme, les différentes langues parlées, ce qui facilite la réflexion», souligne-t-il.
Santosh Kshirsagar, graphiste et typographe indien, retrouve également des points communs avec son pays. Il
explique que là où il y a diversité, il y a des différences qu'on doit apprendre à accepter et apprécier. «Je suis très fier de faire partie de cet exercice, surtout qu'il s'inscrit dans un cadre pédagogique qui habilite les jeunes à prendre leur responsabilité envers leur pays», insiste-t-il.
Angelos Bakas, conférencier en communication visuelle, qui vient de Grèce, estime que le Liban a une identité qui ne lui appartient pas, créée par les médias et non par les Libanais eux-mêmes. «Il y a beaucoup à faire, mais la perception qu'on a du Liban peut être changée. Pour cela, il faut travailler de l'intérieur d'abord, rappeler aux Libanais qu'ils sont libanais avant toute autre chose.» Un message-clé, très fort, une fierté dont aucun ne douterait qui pourrait rallier tous les Libanais. Et surtout les jeunes. «Notre travail ici est un travail de groupe, pour préparer le terrain à celui qui sera mené par les étudiants de l'Alba», dit-il.
Franck Jalleau et Michel Derre, tous les deux spécialistes en typographie, connaissent bien le Liban. Pour Michel Derre, «le Liban, c'est la notion de paradis perdu. Quand on y arrive, on est surpris par le choc esthétique». Franck Jallau explique: «Quand on arrive au Liban, on note une absence totale d'identité visuelle, de cohérence comme on peut la concevoir en France. On note une certaine pollution visuelle à Beyrouth et en dehors. Cette pollution nuit à l'identité qui existe déjà. Si on veut qu'une identité existe il faut qu'elle soit cohérente.» Les deux typographes français disent avoir vécu avec ce symposium une expérience passionnante, extrêmement complexe. «On essaie de tout faire pour engager les réflexions et les productions futures des étudiants vers du positif.»
Cette initiative de l'Alba, qui n'est peut-être pas la première en son genre, marque pourtant la volonté de croire et de vouloir une seule et même image fédératrice du Liban pour tous les Libanais dans la richesse de leur diversité.

À une époque où notre pays, marqué par une guerre civile de 15 ans qui n'a pas fini de laisser des traces, peine à se refaire une véritable image de marque, et face à la somme de frustrations que peut ressentir toute personne baignant dans le milieu de la communication visuelle, il était devenu impératif d'agir. Partant de ce constat, Alain Brenas, directeur de la section publicité et...

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