« Beyrouth Métamorphoses » au 12 Drouot (Paris)

Sous le triple commissariat de Christophe Delavault, directeur du Cercle Drouot contemporain, Frédéric Ballon, directeur de Drouot Formation, et Sandy Saad, commissaire d'exposition d'art contemporain libanais, l'exposition dresse un portrait sensible et affectif mettant l'accent sur cinq artistes libanais sélectionnés par le doyen de l'Institut des beaux-arts de l'Université libanaise ainsi que 25 œuvres créées particulièrement pour l'événement (peintures, sculptures, vidéos, installations et photographies).
Balsam Abo Zour représente la ville de Beyrouth sous les traits d'une femme en perpétuelle métamorphose, enfermée dans le cercle vicieux de la destruction et de la reconstruction. Maxime Chami, lui, exploite un nouveau matériau caractéristique de Beyrouth : câbles électriques suspendus en l'air ou traînant dans la rue et faisant partie du quotidien visuel, qu'il détourne sous forme de sculptures. Quant à Imad el-Khechen, il reproduit les traces objectives et subjectives de sa présence-absence dans la ville. Présence dans son expérience et l'imprégnation de son corps dans cet espace pendant des années et absence par le déni et la fuite du réel.
Marwan Moujaes cherche à retracer un chemin à travers ses souvenirs dans Beyrouth par des objets peints en jaune (cailloux, lettres, moulages, figurines...), le menant jusqu'à Drouot et invitant le spectateur à effectuer sa propre recherche de mémoire. Enfin Maha Yammine accroche un collier de marguerites jaunes, souvenir d'une enfance innocente, aux monuments de Beyrouth, se confrontant ainsi à l'urbanisme et à l'histoire.

État des lieux
Méconnu encore en France, alors que New York lui avait consacré une exposition majeure en 2014, l'art contemporain libanais jouit d'une ascension remarquable avec de grands noms comme Ayman Baalbaki, Mona Hatoum ou encore Élie Bourgely, cofondateur et président du groupe Massart à Paris, membre de l'Association des peintres et sculpteurs et parrain de ce projet. D'autres artistes libanais ont eu les honneurs du Centre Pompidou comme Walid Raad, Akram Zaatari, Marwan Rechmaoui, Joanna Hadjithomas & Khalil Joreige ainsi que Lamia Joreige. Des manifestations artistiques ont eu lieu en 2011 comme « Paris et l'art contemporain arabe », en partenariat avec l'Institut du monde arabe. Au Liban même et malgré les difficultés et contraintes, les institutions culturelles se développent et plusieurs grands projets artistiques sont en cours comme le musée Saradar, la restauration du musée Sursock, ou le musée contemporain en front de mer. Les centres d'exposition, comme Beirut Exhibition Center, Beirut Art Center, ou Ashkal Alwan, côtoient de nombreuses galeries à l'activité frénétique. Beyrouth a même sa foire d'art contemporain : Beirut Art Fair. De quoi satisfaire les nombreux amateurs d'art au Liban et les grands collectionneurs.
Sous le patronage de Ghady el-Khoury, chargé d'affaires a.i. auprès de l'ambassade du Liban en France, « Métamorphoses » bénéficie entre autres du soutien de la délégation permanente du Liban auprès de l'Unesco, de l'Institut des beaux-arts de l'Université libanaise, de l'Office du tourisme du Liban en France, de l'Académie libanaise des beaux-arts – Université de Balamand...
Cet événement constitue une première étape pour un cycle d'expositions et d'échanges culturels franco-libanais.