Le comité de préparation et de coordination aouniste-FL, formé d'Ibrahim Kanaan et de Melhem Riachi, attend le retour au Liban cette semaine du chef des Forces libanaises Samir Geagea et de son épouse Sethrida, pour noter ses dernières remarques sur la déclaration d'intentions que le chef du CPL a approuvée. On attend donc l'imprimatur de M. Geagea pour commencer à discuter de la date de la rencontre entre les deux hommes, prévue à Rabieh et prélude au lancement d'un chantier de dialogue entre eux, destiné à s'élargir à d'autres factions chrétiennes en fonction des circonstances et des besoins.
Des sources bien informées insistent sur la syntaxe. C'est donc une « déclaration d'intentions » et non pas un « document d'entente », à l'image de celui signé entre les aounistes et le Hezbollah, que CPL et FL souhaitent. Cette déclaration d'intentions est globale et évoque tous les sujets. Dans une deuxième étape, les deux parties plancheront sur les droits des chrétiens, la récupération de leur rôle, de leur place sur l'échiquier, avant que dans une troisième étape les deux partis ne passent à l'élection présidentielle. Une quatrième étape sera consacrée à l'ensemble des autres sujets, sans aucun tabou, contrairement au dialogue Futur-Hezbollah. Là, le parti chiite a mis ses conditions et imposé des lignes rouges : la participation du Hezb à la guerre en Syrie, les armes du Hezbollah, le TSL, etc. Ce qui fait, selon des sources politiques du 14 Mars, que ces discussions sunnito-chiites ne sont finalement qu'un analgésique : on ne résorbe pas la haine de l'autre uniquement en enlevant des portraits et des banderoles, mais en s'attaquant aux causes du mal : l'arsenal du parti chiite et sa logique milicienne, notamment dans sa façon de traiter (avec) l'État.
Voilà pourquoi les maronites entendent fermement parler de tout en profondeur, s'attaquer au fond et pas uniquement à la forme, convaincus qu'ils sont, du moins ce sont eux qui le disent, que si l'on veut aboutir à des résultats efficaces, il faut éviter à tout prix les superficialités. Du coup, cette volonté de reprendre langue a peu de risques de se voir avortée : les responsables aounistes et FL sont déterminés à assurer un véritable succès à leur entreprise. À la sanctuariser.
C'est d'ailleurs à la veille de cette rencontre que le chef du PSP, Walid Joumblatt, a adopté une position très remarquée qui a vite pris une dimension politique et qui a été diversement commentée. M. Joumblatt avait demandé de retirer à l'échéance présidentielle son cachet monochrome christiano-chrétien et de lui donner une dimension nationale, partant du principe que c'est le président de tous les Libanais. M. Joumblatt avait également insisté sur le fait qu'on ne pouvait échapper à un consensus libanais et qu'il ne fallait pas attendre que les grandes puissances se mettent d'accord. Le président de la Chambre, Nabih Berry, lui a immédiatement emboîté le pas. Du coup, certains ont vite vu dans la position du leader druze une volonté de couper l'herbe sous le pied d'une éventuelle résurrection de l'axe chrétien. Sauf que d'autres ont assuré que la position de M. Joumblatt est arrivée après ce qu'il a entendu et écouté de l'émissaire français Jean-François Girault, qui avait pressé les différentes factions libanaises à, justement, libaniser cette échéance et à assumer leurs responsabilités. Et au chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, qui avait rappelé au Premier ministre Tammam Salam à Munich que Téhéran appuie tout accord libano-libanais, et surtout christiano-chrétien. Les propos de M. Joumblatt visaient donc tout autant les musulmans du Liban, invités à eux aussi participer à ce rendez-vous national et à ne pas adopter la position iranienne.
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commentaires (4)
Je préfère une "déclaration d'entente" entre les FL et le CPL, plutôt qu'un "document d'entente" à l'image de la soumission totale du CPL au Hezbollah. J'ajoute qu'il s'est avéré clairement depuis que Michel Aoun avait changé son fusil d'épaule pour adhérer à l'axe syro-iranien, que des chrétiens et les sunnites ne veulent plus de Michel Aoun comme président de la république et d'autres parts d'autres chrétiens et les chiites le souhaitent. Alors pour dénouer ce noeud gordien, je suis pour l'idée de choisir un maronite neutre parmi des dizaines d'hommes d'état que renferme la communauté maronite. Ainsi, le problème serait résolu en 24 heures.
Un Libanais
15 h 29, le 11 février 2015