Libéré par Amman, al-Maqdessi, idéologue du jihadisme, aurait été impliqué dans des négociations avec l'EI

Un des principaux idéologues du jihadisme détenu depuis octobre en Jordanie, a été libéré jeudi, selon une source judiciaire. Issam Barqawi, alias Abou Mohammed al-Maqdessi, était détenu depuis le 27 octobre pour avoir "propagé sur internet les idées d'un groupe terroriste, le Front al-Nosra", branche d'el-Qaëda en Syrie.

Le procureur général auprès de la cour de sûreté de l'Etat a décidé jeudi de le libérer, d'annuler les accusations de "propagation d'idées terroristes" pesant contre lui et par conséquent de ne pas le poursuivre devant la justice. La source précitée n'était pas en mesure d'expliquer les raisons de la décision de justice. Mais lors d'une interview télévisée accordée à sa sortie de prison, Abou Mohammed al-Maqdessi affirme avoir joué les médiateurs entre Amman et les jihadistes de l'EI qui avaient capturé Maaz al-Kassasbeh.

La libération de Maqdessi intervient au lendemain de la pendaison en Jordanie de deux jihadistes liés à el-Qaëda, en représailles à l'exécution par le groupe Etat islamique (EI) du pilote jordanien Maaz al-Kassasbeh, capturé en décembre en Syrie.

Abou Mohammed al-Maqdessi, un Jordanien d'origine palestinienne, avait été libéré une première fois en juin 2014 alors qu'il purgeait depuis 2011 une peine de prison pour avoir recruté en Jordanie des combattants devant rejoindre les talibans en Afghanistan. Considéré comme l'un des principaux idéologues du jihadisme, il a été l'un des mentors d'Abou Moussab Zarqaoui, qui était le chef d'el-Qaëda en Irak à sa mort en 2006 dans un raid aérien près de Bagdad. Après leur rencontre en 1992, ils avaient rejoint le groupe sunnite "Jaich Mohammed" (L'armée de Mahomet) puis avaient été condamnés à cinq ans de prison en Jordanie pour appartenance à un groupe islamiste illégal. Ils avaient été libérés en 1999 à la faveur d'une amnistie générale puis s'étaient séparés à la suite de divergences idéologiques.

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"Ils m'ont menti en m'affirmant qu'ils étaient sérieux dans les négociations"

"Depuis que j'ai entendu que le pilote avait été fait prisonnier par l'Etat (islamique), j'ai essayé d'entrer en contact avec eux (...) J'ai essayé de convaincre certains d'entre eux d'accepter l'échange entre le pilote et la détenue Sajida al-Rishawi", a expliqué l'idéologue du jihadisme à la chaîne al-Roya après sa sortie de prison. "Donc oui, j'ai effectué une médiation à ce niveau-là. J'ai d'abord contacté des frères moujahidines au Maghreb, au Yémen, en Syrie, au Koweït et au Bahreïn. Ils ont contacté à leur tour l'EI, en leur rappelant que l'échange est une opportunité en or. Ces frères m'ont ensuite donné des contacts au sein de l'EI. (...) j'ai cru qu'ils se sentaient concernés par le sort de leur sœur Sajida. Mais ils avaient déjà tué le pilote. Ils m'ont menti en m'affirmant qu'ils étaient sérieux dans leurs négociations", a-t-il déploré.

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Tenter de sauver l'otage Kassig

Ce n'est pas la première fois qu'Abou Mohammed al-Maqdessi se trouve au centre de négociations avec des jihadistes. En décembre dernier, le Guardian affirmait que celui-ci avait tenté d'obtenir la libération de l'otage américain Peter Kassig, qui lui aussi a finalement été assassiné par les jihadistes du groupe Etat islamique le 16 novembre.

Ce processus de négociations tournait autour de Stanley Cohen, un avocat new-yorkais qui a défendu plusieurs islamistes devant des tribunaux américains, dont le gendre d'Oussama Ben Laden, des cadres du Hamas et des membres du Hezbollah. Stanley Cohen avait été contacté par des Palestiniens de Sabra et Chatila qui connaissaient M. Kassig. Ils souhaitaient libérer l'otage américain qui avait œuvré sur le plan humanitaire dans le camp de réfugiés au Liban. Pour cela, l'avocat américain avait dû passer par al-Maqdessi.

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Pensant que le plan pour sauver Kassig aurait pu permettre de contrer l'EI, que l'homme exècre, Al-Maqdessi avait élaboré une stratégie globale pour la libération de Peter Kassig, qui incluait notamment une forme de réconciliation entre el-Qaëda et l'EI et un engagement de l'EI à ne plus prendre d'otages. Maqdessi avait toutefois été arrêté par les services de renseignements jordaniens pendant l'opération de négociations. (Voir les détails ici)

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