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À La Une - Terrorisme

Meurtrie par les attentats, la France annonce une série de mesures antiterroristes

"En tout, ce sont près de 3 000 personnes à surveiller" dans le pays, en raison de leurs liens avec des jihadistes ou "des filières terroristes en Syrie et en Irak", indique Valls.

Le Premier ministre Manuel Valls a souligné mercredi devant la presse le "défi redoutable" auquel était confrontée la France et "qui impose de prendre des mesures exceptionnelles". AFP PHOTO / POOL / PHILIPPE WOJAZER

Deux semaines après les attentats de Paris au retentissement international, la France, soutenue par l'Union européenne, a dévoilé mercredi une série de mesures pour renforcer la lutte antiterroriste, combattre la radicalisation et mieux surveiller les jihadistes.

Le Premier ministre Manuel Valls a souligné devant la presse le "défi redoutable" auquel était confrontée la France et "qui impose de prendre des mesures exceptionnelles". "En tout, ce sont près de 3 000 personnes à surveiller" dans le pays, en raison de leurs liens avec des jihadistes ou "des filières terroristes en Syrie et en Irak", a-t-il poursuivi, évoquant une envolée du nombre des personnes à suivre, notamment via "la sphère cyberjihadiste francophone". Toutes les mesures s'inscriront "dans le respect de l'Etat de droit", a assuré le gouvernement socialiste.

Dans la foulée des annonces françaises, la Commission européenne s'est dite prête à modifier sa proposition de création d'un registre européen des passagers aériens (PNR), paralysée depuis quatre ans.
Le principe de ce fichier avait été approuvé en 2011 par les Etats membres de l'UE, qui y voient un outil de lutte contre le ralliement de jeunes Européens au jihad en Syrie et en Irak. Mais la directive sur le PNR est bloquée depuis 2011 au Parlement européen: les eurodéputés réclament au préalable une législation commune sur la protection des données, dont les Etats membres ne veulent pas entendre parler. "Le ballet est compliqué", a résumé le vice-président de la Commission, Frans Timmermans.

Il a aussi évoqué la "possibilité de renforcer" les règles de Schengen, l'espace de libre circulation européen, "particulièrement pour les frontières extérieures". Les prérogatives de l'Europe en matière de sécurité sont limitées, la "responsabilité" de ces questions incombant aux Etats, a souligné M. Timmermans. L'UE fait face à "l'immense défi" de rassurer les Juifs sur leur "avenir en Europe", a par ailleurs souligné le vice-président de la Commission.

 

(Lire aussi : Le nombre de jihadistes français en hausse spectaculaire (Infographie))

 

Moyens financiers et humains accrus
En France, le plan de renforcement de la "lutte contre le terrorisme" prévoit 425 millions d'euros d'investissements en moyens et en effectifs sur trois ans, a précisé Manuel Valls. Avec les frais de personnels, le fardeau s'élève à plus de 700 millions d'euros au total. Il sera "compensé" par des économies sur la dépense publique.

Toujours sur trois ans, 2 680 emplois spécifiquement alloués à la lutte contre le terrorisme seront créés, notamment au bénéfice des ministères de l'Intérieur, de la Défense et de la Justice. "Soixante aumôniers musulmans supplémentaires" seront recrutés pour les prisons, s'ajoutant aux 182 existants. Deux des trois jihadistes auteurs des attaques de Paris s'étaient radicalisés en détention. Le Premier ministre a indiqué que des quartiers spécifiques pour les détenus extrémistes allaient être définis. Un site Internet visant à informer le grand public sur les moyens de lutter "contre l'embrigadement jihadiste" sera créé.
Un projet de loi sur le renseignement sera débattu par le Parlement "début mars", a ajouté M. Valls.

Alors que 122 000 policiers, gendarmes et militaires ont été mobilisés pour protéger les sites sensibles du pays, le président François Hollande a décidé de supprimer 7 500 postes de moins que prévu dans l'armée française pendant la période 2015-2019. Les dégraissages seront ainsi inférieurs de 30% aux 26.000 réductions d'effectifs initialement prévues.

Dans l'après-midi, M. Hollande, déterminé à renforcer le respect de la laïcité en France et à mieux former les jeunes à la diversité et à l'esprit civique, a assuré qu'"aucun incident ne serait laissé sans suite" dans les écoles. L'image d'unité du pays, après les attentats de Paris, a été écornée par la perturbation dans plusieurs établissements scolaires, notamment de quartiers sensibles, des hommages aux victimes, voire le soutien affiché par des élèves aux jihadistes.

 

(Lire aussi : « Je crains que l'islamophobie ne se banalise en France »)

 

Apartheid en France ?
L'enquête sur les attentats se poursuit parallèlement. La justice française a annoncé l'inculpation et l'emprisonnement de quatre hommes âgé de 22 à 28 ans, tous habitant dans la banlieue parisienne. Ils sont soupçonnés d'avoir fourni du matériel à Amédy Coulibaly, meurtrier de quatre otages juifs dans un supermarché casher à Paris et d'une policière.

Un Français de 28 ans, Fritz Joly-Joachin, soupçonné de liens avec les frères Kouachi, auteurs de l'attaque contre le journal Charlie Hebdo, pourrait être extradé par ailleurs de Bulgarie, où il a été arrêté le 1er janvier alors qu'il s'apprêtait à entrer en Turquie.

Selon plusieurs sources au sein de l'exécutif, le gouvernement pourrait se rallier à une proposition de l'opposition de droite, d'une "peine d'indignité nationale" privant de leurs droits civiques, civils et politiques, les condamnés pour des faits de terrorisme. 

L'unité nationale qui prévalait depuis les attentats commis par des jihadistes français issus de l'immigration s'effrite. M. Valls s'est attiré de vives critiques à droite en dénonçant un "apartheid territorial, social, ethnique" rongeant la France, dans une évocation des émeutes qui avaient secoué les banlieues à forte population étrangère en 2005.

 

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