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Culture - Beirut Chants

Volcanique Vadim Kholodenko

Pour son quinzième concert, ce festival a choisi le feu, la tension et la passion. À la russe ! Avec ses assauts, ses embardées et son lyrisme décoiffant. Pour des partitions pointues, sortant du ronron habituel, un pianiste de 28 ans, volcanique et éblouissant : Vadim Kholodenko.

Une vue du concert.

L'église des capucins, illuminée et garnie d'une modeste crèche de Noël, était relativement bien remplie. Derrière les touches d'ivoire, tout habillé de noir, cheveux d'ébène en casque rongeant le front et barbe naissante de pope novice... Dès qu'il touche le clavier, Vadim Kholodenko est ailleurs. Et le public avec lui. Un tourbillon étourdissant qui fonce droit sur l'audience.
Au menu, résolument moderne, sans concession ni compromis de facilité ou de joliesse, des pages ardues et d'une grand virtuosité d'Alan Berg, Dimitri Chostakovitch et Serguei Prokofiev. À part l'élève de Schoenberg, un décapant duo profondément russe.
Ouverture avec l'une des premières œuvres pour piano, la Sonate op 1 du compositeur de Wozzeck et Lulu. Une écriture complexe, pas encore tonale ni dodécaphonique ou sérielle, mais se frayant un chemin audacieux de structure et de formulation. Dissonance harmonique et crescendo électrisé pour une narration grinçante, tendue et heurtée.
Pour prendre le relais, l'ampleur de l'exploration sonore (en tonalités majeures et mineures) des 24 préludes de Chostakovitch en hommage à Bach. Richesse d'un coffret de notes alliant violence et douceur, tendresse et brutalité, dynamisme et rêverie. Tous les contrastes de la nature humaine, avait déjà dit un éminent interprète, envoûté par les multiples nuances de ce chapelet de pièces brèves qui accordent intérêt et vie à tous les remous de toute intériorité humaine.
Petit entracte et retour de l'artiste pour exécuter avec un brio à couper le souffle deux œuvres de Prokofiev (les Sonates n°3 op 28 et n°9 op 103). Narrations puissantes aux
arpèges mordants, aux attaques fermement enlevées, au matraquage impressionnant, au délié tout en rondeur.
Des œuvres fougueuses, électrisées, électrisantes, entre feu, tonnerre, grondement et murmure à peine proféré... Déchaîné, dompté dans ses fureurs et ses élans, alternant coin d'enfer et de paradis, tempête et embellie, Prokofiev, détenteur du prix Rubinstein, au vécu tumultueux, digne d'un roman tolstoïen, est surtout ici sublime acrobate entre rythmes accélérés, cadences folles et tempo de velours. Formulation brillantissime, royalement servie par un artiste habité et possédé par tout ce qui est véhémence, révolte, incantation ou anathème.
Un concert hors pair, même si un peu au-dessus des exigences d'un auditoire habitué plus au répertoire romantique, sorte de «best of». Et à qui Vadim Kholodenko, jeune pianiste ukrainien né à Kiev et détenteur du prix Van Cliburn, donne une exceptionnelle teneur, par un jeu absolument éruptif et magnétique.
En bis, après le traditionnel bouquet de fleurs et la révérence, encore un moment de fascination. Comme pour clore en toute finesse la boucle, voilà la transcription, des propres mains de l'interprète, d'un extrait de Zu Nacht (la symphonie n°7 dite le Chant de la nuit) de Mahler, musicien idole de Berg...

L'église des capucins, illuminée et garnie d'une modeste crèche de Noël, était relativement bien remplie. Derrière les touches d'ivoire, tout habillé de noir, cheveux d'ébène en casque rongeant le front et barbe naissante de pope novice... Dès qu'il touche le clavier, Vadim Kholodenko est ailleurs. Et le public avec lui. Un tourbillon étourdissant qui fonce droit sur l'audience.Au...

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