Le passé a ceci de bon qu'il ne sombre jamais dans l'oubli, qu'il n'est jamais définitivement effacé de nos mémoires. Et quand il ressurgit, quand il frappe aux fenêtres de notre conscience, il titille en quelque sorte nos méninges pour rappeler que rien n'est définitivement joué et que le temps, dans toute sa complexité, peut aussi bien sanctionner que rendre justice...
Tout au long de la semaine écoulée, c'est un message multiple, porteur d'espoir pour certains, de fortes inquiétudes pour d'autres, qui nous est parvenu de La Haye, siège du Tribunal spécial pour le Liban. Un message qui entre dans le vif du sujet, qui énonce des vérités implacables que les mensonges des uns, les vociférations des autres n'ont pas réussi à gommer ou à altérer.
Tout au long de son témoignage, par la chronologie d'événements tragiques ou humiliants, de faits majeurs ou significatifs, Marwan Hamadé a jeté une lumière crue sur tout le processus pernicieux mis en place par les divers services de l'occupant syrien, un processus qui ne pouvait conduire, dans l'optique du régime assadiste, qu'à la finalité tragique, celle de l'assassinat de Rafic Hariri.
Ce rappel des années sombres de notre histoire, celles qui ont été jalonnées d'attentats terroristes et d'assassinats, d'enlèvements et de destructions massives, des « hauts faits » perpétrés de père en fils, de Hafez à Bachar, intervient alors même que le peuple syrien subit lui-même, depuis trois longues années, les foudres criminelles de la même famille au pouvoir, des exactions et autres
effroyables massacres qui ont mené à l'émergence des terroristes de l'État islamique, ceux-là mêmes qui menacent aujourd'hui toute la région et le Liban en particulier du fait de l'implication du Hezbollah dans le carnage en cours sur les rives du Barada.
Au vu de ce qui se passe en Syrie, peut-on encore s'étonner, nier l'évidence des crimes assadistes commis au Liban ? Un tyran qui massacre son propre peuple à coups de barils d'explosifs, qui a déjà des dizaines de milliers de victimes innocentes sur la conscience, aurait-il pu avoir des états d'âme s'agissant de « leçons musclées » à administrer à un « pays frère » mais néanmoins rebelle ?
Que le Hezbollah s'obstine à réfuter les faits, à se dire non concerné par les « divagations » du TSL, cela, à la limite, pourrait être compréhensible : si le régime syrien est le commanditaire du crime ce sont, en effet, des éléments du Hezb qui sont accusés d'en avoir été les exécutants, chose que ne peut admettre le parti chiite s'il veut préserver ce qui reste de son aura de mouvement de résistance. Une aura largement sinon totalement écornée sur les champs de bataille en Syrie.
Mais que penser du Courant patriotique libre, celui du général Michel Aoun autrefois pourfendeur et victime de l'occupation syrienne, aujourd'hui rallié à la stratégie assadiste, associé avec l'exécutant des basses œuvres syriennes ? Comment expliquer qu'un ancien commandant en chef de l'armée, garant de la pérennité de l'institution militaire, ait pu soutenir et défendre une milice qui est la négation même de cette institution ? Faut-il croire que les stratégies et autres tactiques politiques, que la seule ambition présidentielle, puissent justifier les mésalliances et les compromissions ?
Si le passé a rattrapé Bachar... et les autres, il ne semble pas, pour autant, avoir secoué beaucoup de consciences !
Ce passé qui rattrape Bachar... et les autres
OLJ / Par Nagib AOUN, le 24 novembre 2014 à 00h00
commentaires (5)
LE TEMPS DES COMPTES ARRIVE ! LA ROUE TOURNE ET NE S'ARRÊTE PAS ! LES PREMIERS SERONT LES DERNIERS ! ET LES DERNIERS SERONT LES PREMIERS ! C'EST TOUJOURS LA LOI DU TALION !!!
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 38, le 24 novembre 2014