Accusé par ses opposants de bloquer la présidence depuis presque six mois déjà, le chef du Courant patriotique libre (CPL) Michel Aoun, candidat non déclaré à la magistrature suprême, a affirmé mercredi soir être prêt à se rendre au Parlement, sous condition, afin d'aboutir à l'élection d'un président.
"S'il n'y a pas de troisième candidat, je n'ai pas d'objection à me rendre au Parlement afin de participer à la séance électorale et faire face à M. Geagea. Mais il faut qu'une telle séance aboutisse à l'élection d'un président", a affirmé M. Aoun, lors d'une interview télévisée sur la chaîne MTV. Il a précisé dans ce contexte que les blocs parlementaires devront voter en sa faveur ou celle de son rival et candidat à la présidence, le chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea. Prié de confirmer ses propos, M. Aoun a martelé : "Oui je m'y rendrai (au Parlement, ndlr), je m'y rendrai, je m'y rendrai".
La présidence est vacante depuis le 25 mai, date de la fin du mandat de Michel Sleiman. Le président de la Chambre Nabih Berry avait convoqué les députés à une première séance plénière le mercredi 23 avril. Celle-ci n'a pas débouché sur l'élection d'un nouveau président, aucun des candidats n'ayant obtenu le nombre de voix nécessaires. Tous les tours suivants ont tourné court, faute de quorum. La quinzième séance parlementaire consacrée à l'élection d'un nouveau président de la République libanaise n'a pu se tenir mercredi, le quorum des deux tiers (86 députés sur 128) n'ayant pas été atteint. Une seizième séance a été fixée au 10 décembre.
"Nous avons voté lors de la première séance et nous avons découvert le jeu en place : la candidature de M. Geagea aboutirait naturellement à écarter et sa candidature et la mienne, afin d'ouvrir la voie à d'autres candidats. Le même jeu est toujours de mise, a ajouté M. Aoun. Personne ne m'a défié autre que M. Geagea. Soit, j'accepte le défi". Il a dans ce contexte affirmé ne pas vouloir aboutir à un candidat de consensus : "Le président doit être un président fort représentatif de sa communauté".
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Pas de Constituante
Interrogé sur la révision du système libanais, le leader chrétien a affirmé qu'il "n'appelle pas à une Constituante, mais à l'application de l'accord de Taëf". Ses opposants l'accusent de vouloir réviser, avec la complicité du Hezbollah, le système libanais en tenant une Assemblée constituante afin de modifier la parité islamo-chrétienne en une répartition par tiers entre chrétiens, sunnites et chiites.
Alors que le pays ne célèbrera pas la fête de l'indépendance, le 22 novembre, en raison de la situation actuelle qui secoue l’État et ses institutions, M. Aoun a estimé que le Liban n'était toujours pas indépendant. "Si nous vivions dans un État indépendant, oui, nous admettrons qu'il existe une vacance au sein de la présidence. Mais aujourd'hui, il n'y a pas d'indépendance, à la lumière des ingérences étrangères. L'indépendance doit être vécue, et ce n'est pas le cas pour les Libanais qui sentent qu'ils dépendent de forces extérieures".
Commentant le dossier du terrorisme au Liban et dans la région, le leader chrétien a appelé "les Forces libanaises et le Courant du Futur à nous rejoindre contre le terrorisme et Israël".
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LA LIBRE EXPRESSION
11 h 46, le 20 novembre 2014